BROSSARD - Une ligne de centre fragile; des trous béants à combler sur la glace et dans le vestiaire en raison de l’absence de Shea Weber; l’impact du retour de Jonathan Drouin; l’intégration des nouveaux venus : David Savard, Mathieu Perreault, Cédric Paquette, Chris Wideman sans oublier Mike Hoffman qui brillait par son absence lors du premier jour du camp d’entraînement qu’il ratera possiblement en entier en raison d’une blessure qui pourrait même compromettre son début de saison :
 

Les enjeux sont nombreux à l’aube de la saison 2021-2022 du Canadien.
 

Et ça, c’est sans compter les interrogations associées aux performances de Carey Price devant le filet. Des performances extraordinaires en séries éliminatoires qui lui ont permis de faire oublier d’autres performances plus ordinaires par moments en saison régulière.

 

Ajoutez à tout ça les spéculations associées aux compositions des trios de même qu’aux duos d’arrières et on se retrouve devant un gargantuesque buffet de questions qui prendra plusieurs jours à engouffrer. Et plusieurs semaines à digérer.

 

Comme tous les partisans et journalistes, Dominique Ducharme a lui aussi une liste de questions qu’il a dressée et qui doit être bien en vue dans son bureau.

 

Sur cette liste, c’est la progression des jeunes qui domine toutes celles qui jouent du coude dans la tête du coach du Canadien.

 

Cole Caufield sera-t-il en mesure de prouver que ses succès en fin de saison dernière et en séries éliminatoires – huit buts marqués et 17 points récoltés en 30 parties – n’avaient rien à voir avec la chance du débutant, mais qu’ils annoncent vraiment l’arrivée d’un marqueur de 30 buts chez le Tricolore?

 

Alexander Romanov affichera-t-il plus d’équilibre dans sa prise de décisions sur la patinoire pour éviter d’être sorti de la formation parce qu’il représente une plus grande menace à l’endroit de son équipe que des clubs adverses?

 

Nick Suzuki pourra-t-il composer avec le rôle de premier centre dont il pourrait hériter à sa première « vraie » saison dans la LNH?

 

Jake Evans a-t-il l’étoffe pour ancrer le quatrième trio sur une base régulière et prendre la relève de Phillip Danault dans les missions défensives?

 

J’admets que toutes ces questions sont importantes. Et peut-être que vous êtes nombreux à les avoir hissées tout en haut de vos listes respectives.

 

Suzuki, Dvorak et qui ensuite

 

De mon côté, c’est la ligne de centre qui domine mes nombreuses préoccupations. Plus particulièrement l’identité des trois premiers centres.

 

Nick Suzuki pilotera l’un des deux premiers trios. C’est acquis. Il était entouré de Tyler Toffoli et Cole Caufield jeudi lors du premier jour du camp. Les trois joueurs seront sans doute regroupés encore vendredi. C’est clair qu’ils disputeront des matchs préparatoires ensemble.

 

S’il n’en tient qu’à Suzuki, ces trois joueurs unis par la complicité qui s’est développée sur la glace et qui s’est propagée hors de la patinoire passeront la saison au grand complet ensemble.

 

Ce qui pourrait même arriver a d’ailleurs reconnu Dominique Ducharme en rappelant que les décisions finales – lire ici les réponses offertes à toutes les questions qui se multiplient à l’aube du camp – seront dictées d’abord et avant tout par les joueurs eux-mêmes.

 

Suzuki flanqué de Toffoli et Caufield, ça sonne bien. Convaincu que les amis et collègues Pierre Houde et Marc Denis auront grand plaisir à décrire leurs envolées offensives et à analyser les buts qu’ils devraient multiplier.

 

Christian Dvorak pilotera lui aussi un trio. C’est clair.

 

Lequel? C’est moins clair. Centre le plus complet et le plus expérimenté du groupe, il aura plusieurs rôles à remplir.

 

C’est pour cette raison que je le placerais entre Brendan Gallagher – il rejoindra l’équipe en fin de semaine après avoir réglé les ennuis personnels qui le retiennent à la maison – et Joel Armia. Deux bourreaux de travail, bons avec et sans la rondelle, donc capables de marquer des buts lorsque les occasions se présentent et surtout d’éviter de trop en accorder.

 

Maximiser la complicité Drouin-Anderson

 

Qui je vois comme troisième centre? Ou deuxième puisque son trio serait devant celui de Dvorak dans mon livre à moi et peut-être même devant celui de Suzuki si le jeune centre, son très jeune ailier droit et le « vétéran » Toffoli qui n’est pas un marchand de vitesse peinent à se libérer des griffes acérées des meilleurs joueurs défensifs des autres équipes?

 

Je vois Jonathan Drouin.

 

Drouin peut jouer au centre. Il est surtout prêt à retourner au centre. C’est important. C’est essentiel.

 

Flanqué de Josh Anderson qui a de la fougue, de la vitesse, des mains et qui peut lui servir de motivateur – les deux ont passé l’été à s’entraîner ensemble et à passer du temps ensemble hors du Gym sur les allées de golf et à la maison de Drouin où Anderson a été hébergé en attente que sa maison soit construite – Drouin aurait un allier de premier plan à qui offrir des occasions de marquer.

 

Jonathan Drouin et Josh Anderson évoluaient au sein d’un même trio jeudi. Ils encadraient Christian Dvorak.

 

Mais comme l’a admis candidement Dominique Ducharme, ce n’est pas parce que Jonathan Drouin patine sur le flanc gauche en ce moment qu’il est hors de question qu’il soit muté au centre un moment donné.

 

« J’ai déjà fait jouer Jonathan au centre dans les rangs juniors et il avait connu beaucoup de succès. Jonathan a bien paru aujourd’hui lors du premier entraînement. Il est bien physiquement. Il est bien mentalement. Il paraît bien quand il est actif sur la patinoire. C’est là qu’il peut le mieux mettre son talent à profit. Je veux maximiser les chances de voir Jonathan jouer à son plein potentiel. Peu importe que ce soit au centre ou à l’aile », que Dominique Ducharme a lancé après le premier entraînement de son équipe.

 

Je m’accroche donc à ce scénario.

 

Va donc pour Anderson à droite de Drouin. Qui je lui offrirais sur l’autre côté : je prendrais une chance avec Mike Hoffman. Atroce défensivement, Hoffman peut marquer des buts. Il faudrait que Dominique Ducharme gère avec brio leur utilisation – pas question d’avoir ce trio sur la glace lors des mises en jeu délicates en zone défensive, ou le moins souvent possible – mais ces trois joueurs pourraient faire reculer leurs adversaires et mettre les meilleurs gardiens de la ligue sur les talons un brin ou deux.

 

Ça laisserait Jake Evans, Cédric Paquette, Mathieu Perreault et Artturi Lehkonen au sein d’un quatrième trio. Les trois premiers peuvent jouer au centre. Vrai que Paquette l’a fait moins souvent au fil des dernières saisons. Vrai que Perreault ne jouait pratiquement plus à cette position lors des dernières années à Winnipeg en raison d’un trop plein de centre chez les Jets. Mais à Washington en début de carrière, il disputait plus que sa part de mise en jeu.

 

Parce que Mike Hoffman est blessé, qu’il ratera le camp et peut-être le début de saison, mon plan bat de l’aile dès le premier jour.

 

J’en conviens.

 

Mais ne vous en faites pas trop avec l’absence de Hoffman. Il ne connaît tellement rien de rien aux systèmes de jeu que son absence du camp ne sera pas trop coûteuse en matière de stratégies. Quand il retrouvera ses coéquipiers, il fera ce qu’il sait faire de mieux. Peut-être même la seule chose qu’il sache vraiment faire : il attendra la rondelle et décochera des tirs précis vers les cages adverses.

 

Poehling revenu sur terre

 

Suzuki, Dvorak, Drouin, Evans, Paquette ou Perreault, ça donne six centres disponibles pour quatre places seulement. Et il ne faudrait pas oublier qu’un septième frappe à la porte.

 

Son nom : Ryan Poehling!

 

Je ne suis pas un grand fan de Poehling. Mais à la lumière des réponses qu’il a offertes lors de son premier point de presse de la saison, le jeune homme est retombé du nuage sur lequel il s’est installé trop confortablement après son premier match dans la LNH.

 

Vous vous rappelez? Un tour du chapeau et un quatrième but, décisif celui-là, en tir de barrage dans le dernier match de la saison qui ne voulait absolument rien dire pour le CH et leurs adversaires venus de Toronto.

 

Une première vraie saison difficile. Un purgatoire dans la Ligue américaine l’an dernier ont eu pour effet de mettre du plomb dans l’esprit de Poehling.

 

Grand bien lui fasse.

 

Est-ce que Poehling, qui patinait jeudi entre Laurent Dauphin et Artturi Lehkonen, pourrait forcer la main de la direction et éviter de sauter dans le métro pour faire le trajet entre les stations Lucien-Lallier et Montmorency?

 

On verra.

 

À mes yeux, il serait toutefois bien plus important pour le CH de miser sur Jonathan Drouin que de miser sur Poehling. Surtout que c’est au sein des deux ou trois premiers trios que le Tricolore a besoin de renforcer sa ligne de centre.

 

Il y a déjà une abondance de centre au sein du quatrième trio. Pas besoin de rajouter Poehling à la liste.

 

À moins qu’il soit en mesure de vraiment brouiller les cartes et de devenir un atout offensif et pas seulement un danger en défense.

 

Comme l’a convenu Dominique Ducharme, les réponses viendront au fil des entraînements, des matchs préparatoires et peut-être même des premiers matchs de la saison régulière. Sans oublier que les blessures forceront l’état-major à concocter des plans D, E, F et G…

 

Mais dans le meilleur des mondes, le renforcement de la ligne de centre du CH passe, du moins à mes yeux, par Jonathan Drouin.