Le piège des deux matchs en deux soirs
Canadiens dimanche, 27 oct. 2019. 00:32 lundi, 25 nov. 2024. 01:54MONTRÉAL - La parité qui prévaut dans la LNH d’aujourd’hui permet aux pires équipes de pouvoir surprendre les meilleures. Ou à tout le moins d’avoir une chance de les surprendre.
Dans ce contexte, les clubs qui croisent un adversaire qui dispute un deuxième match en deux soirs doivent impérativement profiter de cet avantage qui est, aux yeux de plusieurs, bien plus importants que l’avantage de la patinoire.
Quand tu profites des deux avantages, comme le Canadien le faisait samedi en accueillant des Maple Leafs qui avaient reçu les Sharks de San Jose vendredi, la victoire devient non seulement à portée de mains. Elle devient pratiquement obligatoire tant les avantages sont rares dans le hockey d’aujourd’hui.
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« Tu dois profiter de tous les avantages à ta disposition, surtout contre les clubs de ta division », a d’ailleurs convenu Claude Julien après la victoire de 5-2 de son équipe face aux Maple Leafs.
Claude Julien avait d’ailleurs préparé ses joueurs en fonction de cette réalité dans les heures qui ont précédé le duel face aux Leafs.
« J’avais averti les gars que Toronto était dans une situation de deux matchs en deux soirs, mais qu’il ne fallait pas non plus tomber dans le piège. Ils n’avaient pas de douanes à franchir vendredi soir. L’envolée entre Toronto et Montréal est courte. Ils n’ont donc pas eu à se coucher très tard. Je m’attendais donc à un match serré. J’ai même dit aux gars qu’on pourrait se retrouver avec une égalité de 2-2 après deux périodes. Je m’en veux un peu d’avoir dit ça parce qu’ils m’ont écouté. Mais j’avais aussi ajouté qu’une fois en troisième la fatigue allait jouer en notre faveur et qu’il fallait être prêt à en profiter », a ajouté l’entraîneur-chef du Canadien.
Sa projection s’est concrétisée.
Le Canadien a pris le contrôle du match en première alors qu’il a marqué deux buts sur un barrage de 19 tirs.
Un vilain but accordé en fin d’engagement – eh oui! Le Canadien s’est encore fait poivrer un but en fin de période – a ouvert la porte à une remontée des Leafs. Les Torontois ont d’ailleurs pris le contrôle du match en période médiane. Ils ont nivelé les chances avant de s’effondrer en troisième permettant au Canadien de patiner vers un gain facile.
Toujours en quête d’une première victoire
Pas question ici de brandir le drapeau blanc chaque fois qu’un club se retrouve dans une situation de deux matchs en deux soirs. Pas question non plus de tout excuser.
Mais quand même.
Après avoir perdu en prolongation à Buffalo le 9 octobre, le Canadien a disputé un match atroce le lendemain dans le cadre de ses retrouvailles avec ses partisans. Les Red Wings de Detroit en avaient profité pour gagner 4-2.
Samedi dernier, le Canadien est allé battre les Blues à St Louis. Qu’est-ce qui est arrivé le lendemain au Minnesota? Un autre mauvais match. Une autre défaite.
Loin de moi l’intention d’être prophète de malheur, mais j’ai bien l’impression que la tendance se maintiendra jeudi prochain, à Las Vegas, où le Tricolore rendra visite aux Golden Knights moins de 24 heures après avoir affronté les Coyotes en Arizona.
J’ai bien hâte de voir quel sera le bilan des 14 séquences de deux matchs en deux soirs que le Canadien traversera cette saison.
La logique veut qu’il présentera plus de gain lors du premier match que lors du deuxième. Surtout si Claude Julien offre les 14 premiers matchs à Carey Price et qu’il envoie Keith Kinkaid aux fauves dans le cadre des 14 deuxièmes rencontres.
Ce qui est vrai pour le Canadien l’est aussi pour les Leafs et pour les autres équipes de la LNH. Du moins depuis le début de la saison.
Vendredi soir, les Leafs ont battu des Sharks qui avaient disposé du Canadien jeudi au Centre Bell. Les Sharks ont tenu le coup pendant les deux premières périodes à Toronto, avant de s’écraser en troisième.
Samedi, c’était au tour des Leafs d’être à plat en troisième période.
C’était leur quatrième séquence de deux matchs en deux soirs déjà cette saison. Les Leafs ont gagné trois des quatre premières rencontres – ils ont battu Columbus, Minnesota et San Jose – et perdu la quatrième en prolongation aux mains des Blues Jackets.
Ils ont encaissé quatre revers dans les deuxièmes matchs. Deux fois contre Montréal, une fois contre Boston, une autre contre Washington.
« Nous sommes dans la LNH et les calendriers sont difficiles pour tout le monde. On ne doit pas s’en servir comme excuse. On a perdu ce soir parce que nous avons accordé deux échappées et parce que nous avons accordé deux descentes à deux contre un. On a offert bien trop d’occasions de qualité au Canadien qui a su en profiter », a indiqué Auston Matthews après la rencontre.
Je comprends Matthews de refuser de se cacher derrière des excuses. Mais en dépit de la passe qu’il a récoltée, il est passé en coup de vent au Centre Bell samedi. Tout comme Mitch Marner. Et ces deux joueurs font partie de l’élite de la LNH.
Que dire de Jake Muzzin? Je veux bien croire que le défenseur a marqué le but qui a ravivé les espoirs des Leafs en fin de première, mais il a été lamentable défensivement. Il est directement responsable de deux buts du Tricolore et il était sur la glace pour quatre des cinq filets.
Non seulement semblait-il patiner dans la vase, mais il a multiplié les mauvaises décisions et les mauvaises exécutions.
Ce qui m’a incité à demander à Matthews et à son coach Mike Babcock si les deux matchs en deux soirs étaient plus difficiles pour les jambes ou pour la concentration.
Ils n’ont pas vraiment répondu.
« Fatigué ou non, tu dois garder le focus sur le match, même quand tu as les jambes lourdes », a esquivé Matthews.
« Nous avons 13 séquences de ce genre cette année. Ce n’est pas la fin du monde. Nous sommes seulement malchanceux puisqu’on en avait quatre dans le premier mois. Quand tu regardes ces quatre séquences, on a toujours été dans le coup dans les deuxièmes matchs. Ce soir, notre gardien – Michael Hutchinson – nous a gardés dans la partie en première. Nous avons trouvé une façon de revenir dans le match en deuxième et nous avons simplement été incapables de maintenir le rythme en troisième. Nous avons commis trop d’erreurs, peu importe qu’elles soient attribuables à la fatigue physique ou mentale », a ensuite ajouté Babcock.
Gardiens en pâture
Parlant des gardiens, Keith Kinkaid n’a rien à envier à l’auxiliaire des Leafs qui a non seulement disputé les quatre deuxièmes matchs des séquences de deux en deux, mais qui s’est aussi retrouvé devant Boston et Washington en plus d’affronter deux fois le Canadien.
Pas surprenant qu’il soit toujours en quête d’une première victoire cette saison, que sa moyenne soit largement au-dessus des quatre buts alloués par match (4,26) et que son efficacité soit loin de la barre de la respectabilité (91 %) alors qu’il se contente d’un 88,5 %.
Comment fait-il pour garder confiance quand il sait d’avance que son équipe sera moins performante lorsqu’il amorce un deuxième match en deux soirs?
« Tu ne dois pas penser à ça. Je me concentre sur une seule chose : prendre les moyens pour donner une chance de gagner à mon équipe. Je dois effectuer les arrêts, faire ce que je dois faire peu importe que les jambes de mes coéquipiers soient moins fraîches que la veille », a philosophé Hutchinson.
Pourquoi envoyer Hutchinson systématiquement dans les deuxièmes matchs, même lorsque les Leafs affrontent des adversaires de sa division comme le Canadien et les Bruins, même lorsqu’ils croisent un adversaire comme les Caps qui commanderaient la présence du numéro un?
Parce que Mike Babcock tient d’abord et avant tout à gagner la première des deux parties. « Je mets mon gardien numéro un devant le filet lors du premier match parce qu’avec lui et une équipe reposée, je me donne les meilleures chances de gagner et on verra ce qui arrivera avec le deuxième », que le coach des Leafs répète aux collègues de Toronto depuis le début de la saison alors qu’il a plusieurs fois été apostrophé sur le fait qu’il semblait réserver les matchs plus faciles à son numéro un au détriment de son adjoint.
En bref
- Pour revenir sur le but en fin de première, c’était la troisième période de suite que le Canadien terminait en accordant un but. C’est d’ailleurs arrivé huit fois déjà cette saison lors de six des 11 matchs disputés jusqu’ici par le Canadien. « C’est trop a admis Claude Julien. On a travaillé sur le désavantage numérique au cours des derniers jours, on va travailler sur cet aspect au cours des prochains jours », at-il ajouté.
- S’il est vrai que le Canadien a accordé huit buts au cours de la dernière minute de jeu d’une période jusqu’ici cette saison, il est tout aussi vrai qu’il en a marqué cinq. Joel Armia, trois fois, Nick Suzuki et Shea Weber dans un filet désert ont fait contrepoids à la générosité du Tricolore en fin de période depuis le début de la saison...
- Parlant de Nick Suzuki, il a marqué son troisième but de la saison samedi. Il a complété un très beau jeu amorcé par ses compagnons de trio Nick Cousins et Nate Thompson pour porter le score 52 et assommer les Leafs en milieu de troisième...
- Les trois buts de Suzuki jusqu’ici cette saison ont tous permis au Tricolore de mousser à trois leur avance sur ses adversaires...
- C’était la quatrième fois cette saison que le Canadien s’offrait une avance de deux buts dans un match. Chaque fois, cette avance a été suffisante pour l’emporter alors que le Tricolore présente un bilan de 40-0 dans les matchs au cours desquels il s’est offert des avances d’au moins deux buts...
- C’est congé dimanche pour le Tricolore. Retour à l’entraînement lundi avant de mettre le cap sur l’Arizona et le Nevada mercredi et jeudi. Le Canadien complétera son séjour sur la route samedi prochain à Dallas avant de recevoir les Bruins de Boston pour la première fois de la saison le mardi 5 novembre...
Bon dimanche!