L’an dernier à pareille date, la question qui déferlait sur le Canadien était : qui diable sera en mesure de jouer à la gauche de Shea Weber?

À la surprise générale, Victor Mete a hérité de ce rôle. Un rôle qu’il a bien rempli. Très bien même. Bon! En dépit sa vitesse, sa vision, sa rapidité et sa capacité à bien relancer l’attaque, il s’est contenté de sept passes en 49 matchs.

Douze mois plus tard, Shea Weber est sur la touche. Il ne rejoindra pas l’équipe avant le mois de décembre. En raison de cette absence qui crée un très grand vide, la question n’est pas de savoir qui jouera à la gauche de Shea Weber, mais bien qui pourra pallier son absence.

La réponse la plus logique est Jeff Petry.

Mais est-il vraiment farfelu de croire que Victor Mete pourrait encore causer la surprise et s’imposer à titre de meilleure réponse à cette question?

Mete n’a que 49 matchs d’expérience dans la LNH. Il a le nombril encore vert. Il a encore bien des croûtes à manger. Mais quand on défile la liste des candidats – exception faite de Petry – qui peuvent pallier l’absence de Weber, le nom de Mete s’impose.

Je sais : Mete joue à gauche et non à droite. Mete est minuscule en comparaison à Weber et jamais au grand jamais pourra-t-il protéger Carey Price comme le fait Shea Weber.

Mais Mete ne jouera pas seul. Et comme on l’a vu lors du premier match préparatoire du Canadien face aux Devils du New Jersey, Victor Mete pourrait profiter d’une complicité de premier plan en évoluant en compagnie de Noah Juulsen.

Mete et Juulsen ont été, et de loin, les deux meilleurs défenseurs du Canadien dans la victoire de 3-1 signée aux dépens des Devils.

Vous direz que l’opposition n’était pas féroce considérant la formation des Devils et le fait que les deux autres duos du Tricolore étaient composés de Karl Alzner - David Schlemko et de Simon Després – Rinat Valiev qui ont connu une soirée difficile. J’en conviens. Mais Mete et Juulsen ont offert au Canadien et à ses partisans une performance plus qu’intéressante.

Employé à toutes les sauces – le petit défenseur a passé plus de deux minutes en désavantage numérique sur la glace –, Mete a marqué un beau but lundi en appuyant l’attaque. Il a décoché un très bon tir de l’enclave où il venait d’être rejoint par Michael Chaput. Il a aussi démontré une belle combativité en effectuant un repli efficace après qu’il eut perdu la rondelle à la ligne bleue adverse lors du premier avantage numérique du Canadien.

Duo calme et efficace

Avec Juulsen, il a formé un duo efficace dans tous les aspects du jeu. Un duo qui a satisfait l’entraîneur-chef Claude Julien qui s’est permis de louanger «le calme et l’efficacité» des deux jeunes arrières qu’il a regroupés.

Car pendant que Mete s’occupait des relances et de l’aspect offensif, Juulsen l’appuyait dans les aspects défensifs du jeu comme en témoignent les trois mises en échec qu’il a assénées, les deux tirs qu’il a bloqués et les batailles qu’il a remportées autour du filet défendu tour à tour par Antti Niemi et Charlie Lindgren.

Mete vient d’avoir 20 ans. Il a passé sa première saison sous l’aile protectrice de Shea Weber.

Pourrait-il déjà parrainer Juulsen qui est à peine plus vieux et qui n’a que 23 matchs d’expérience dans la LNH?

« Je sais que j’ai encore bien des choses à prouver, mais oui ce serait plaisant d’avoir un tel défi à remplir en compagnie de Noah. Nous sommes jeunes, mais j’aime bien le fait de jouer avec un gars comme lui. Nous avons évolué ensemble l’an dernier lors du tournoi des recrues. On se parle. On se comprend. On se complète bien », a défilé Mete.

Avec l’opposition affrontée l’an dernier lors de sa première saison, une opposition avec laquelle il a parfois peiné à composer, Mete croit-il que deux jeunes pourraient sortir gagnants des duels inégaux qui attendraient lui et son nouveau partenaire face à des joueurs établis dans la LNH?

« Je ne dis pas que ce serait facile. Mais avec l’expérience acquise l’an dernier, je me sens plus en confiance sur la glace. Je sais davantage ce que je dois faire pour avoir du succès. Je sais aussi à quel genre d’opposition m’attendre. Nous avons encore beaucoup de travail à abattre et il faudrait s’entraîner ensemble davantage. Mais la communication entre nous est déjà très bonne et nous comptons sur une bonne complicité », a plusieurs fois répété Victor Mete après la rencontre.

Communication et complicité

Beaucoup plus gros et défensif que son partenaire de jeu, Noah Juulsen a esquissé un sourire lorsque je lui ai demandé si la commande d’affronter des trios de la LNH ne serait pas trop imposante pour un duo aussi jeune que celui qu’il complétait avec Victor Mete.

« Ce n’est pas une question d’âge, mais bien une question d’efficacité. Nous nous sommes parlé tout au long du match ce soir. Il est important de comprendre ce que l’autre attend de toi. Je sais que Victor a les aptitudes et la vitesse pour se lancer à l’attaque à tout moment. Je n’ai pas à lui donner le feu vert. Il l’a en tout temps. Mais je dois être en mesure de prévoir quand il va y aller pour m’assurer d’être en mesure de mieux le protéger. En jouant davantage ensemble, on améliorera notre communication, notre complicité et notre efficacité. Je ne sais pas ce que les entraîneurs nous réservent, mais je serai prêt à sauter sur l’occasion s’ils décident de nous faire jouer ensemble », a commenté Juulsen.

Je ne sais pas quels sont les plans de Claude Julien et de l’état-major de l’équipe.

Mais Julien semble vraiment avoir Mete en haute estime. De plus, il le sent bien plus prêt à faire face à la réalité de la LNH cette année. « En plus de l’expérience acquise l’an dernier, il a pu profiter d’un été bien plus reposant. L’an dernier, il a vécu notre camp de développement, le camp d’évaluation d’Équipe Canada Junior. Cet été, il a pu mieux se reposer et mieux se préparer. Il a toujours été confiant, mais le fait d’être mieux préparé et plus reposé l’aide c’est certain. »

Claude Julien, son équipe et surtout le gardien Carey Price seraient mieux nantis si Shea Weber patinait avec ses coéquipiers pour préparer la saison qui commence au lieu de soigner un genou qui mettra encore deux bons mois à guérir.

Et bien qu’il soit illusoire de croire que Victor Mete puisse pallier l’absence qui se prolonge de la pierre d’assise du Tricolore à la ligne bleue, l’expérience tentée lundi en le jumelant à Noah Juulsen s’est avérée heureuse. Et il est clair que cette expérience mérite d’être répétée.