Sur la séquence qui a mené au sixième but des Ducks, Carey Price et tous ses coéquipiers se sont retrouvés avec un ou les deux genoux sur la patinoire à un moment donné ou un autre avant que Rickard Rakell ne tire dans un filet pratiquement abandonné.

Vous direz que le match était déjà joué avant ce sixième but. Vous ajouterez que les deux autres ont simplement ajouté l’injure à l’insulte.

Et c’est vrai.

Mais l’image de ces six joueurs du Canadien dépassés par les événements et nageant devant leur gardien comme s’ils cherchaient une bouée sur laquelle s’accrocher pour éviter de couler à pic est saisissante de vérité.

Comment le Canadien a-t-il pu être aussi mauvais vendredi soir?

Et cette question dépasse le simple score final.

Oui la fatigue a certainement joué un rôle dans la performance désolante offerte par le Canadien. Car il est vrai que 8 matchs en 14 soirs, c’est beaucoup. Surtout que 7 de ces 8 matchs ont été disputés sur la route avec, en « prime » une escapade en Californie, où le Canadien n’a pas été meilleur cette année qu’à ses dernières visites.

Mais quand même.

À ce moment-ci de la saison, peu importe que tu gagnes ou que tu perdes, tu n’as pas le droit de jouer aussi mal que le Canadien a joué vendredi.

Personne n’a reproché au Canadien la défaite de jeudi à San Jose. Plusieurs ont montré du doigt Antti Niemi qui a bousillé un bel effort de ses coéquipiers, d’autres ont remis en question la décision de Claude Julien de « sauver » Price pour une victoire plus accessible à Anaheim – du moins c’est ce qu’on croyait tous –, mais personne ne s’est plaint de l’effort déployé par le Tricolore dans le gros aquarium des Sharks.

Mais dans un match comme celui de vendredi, tu n’as pas le droit de nager devant ton gardien en défensive. Tu n’as pas le droit de procéder à un changement de joueurs aussi laborieux que celui qui a mené au cinquième but des Ducks. But qui a scellé l’issue de la rencontre, car le Canadien ne s’en est jamais remis. Tu n’as pas le droit de te contenter d’un seul but en six avantages numériques bien que pour le Canadien, il s’agisse là qu’une soirée faste en attaque massive. Tu n’as pas le droit d’ouvrir toute grande la porte à l’adversaire après chaque but que tu marques.

Inacceptable!

Surtout contre les Ducks!

Je sais, toutes les équipes sont dangereuses. Tous les joueurs sont de calibre de la LNH et si tu les prends à la légère ils te le feront payer. Raison de plus pour disputer un fort match et prendre les moyens d’annuler tous leurs espoirs de victoire.

Ne vous laissez pas endormir par le fait que les Ducks étaient en quête d’une troisième victoire à leurs quatre derniers matchs. Mais ils affichaient surtout sept revers à leurs neuf dernières parties (2-6-1) et 26 défaites à leurs 33 dernières parties (7-22-4).

Ils étaient également lointains derniers dans la LNH avec une récolte de 148 buts en 68 parties disputées avant d’affronter le Canadien.

Vous savez quoi? Malgré les huit buts enfilés aux dépens de Price, ils sont encore derniers ce matin dans toute la LNH. Oui! Oui! Les 156 buts à leur fiche représentent un petit de moins que les Kings de Los Angeles qui ont deux matchs de plus à disputer cela dit.

On va se le dire, ce sont les Ducks que tout le monde ou à peu près ont battus cette saison qui avaient les deux genoux sur la glace avant d’affronter le Canadien. Mais c’est le Tricolore qui a nagé devant eux au lieu de disputer un vrai match de hockey.

Est-ce que je vous entends crier : « inacceptable! »

Le même genre de cri du cœur lancé après la défaite aussi désolante que le Canadien a encaissé au New Jersey le 25 février, quelques heures après que le couperet soit tombé sur les transactions alors que le Canadien s’est mis à genoux devant les Devils au lieu de simplement jouer au hockey.

Le Tricolore n’affiche que 5 victoires à ses 13 derniers matchs (5-7-1). C’est peu. C’est même inquiétant. Comme le fait qu’il n’a pas signé de victoire aux dépens de clubs actuellement installés en séries.

Bon! On va donner au Canadien le mérite qui lui revient d’avoir battu les Blue Jackets de Columbus qui étaient dans le portrait des séries lors de leur dernière escale à Montréal. Et qu’ils devraient bien trouver une façon d’y revenir. Surtout si le Canadien continue à gaspiller des points disponibles au lieu de les ramasser.

On va lui donner aussi le mérite d’avoir sorti Carter Hart lors de l’escale des Flyers au Centre Bell dans une victoire de 5-1.

Mais les joueurs du Canadien ne peuvent compter sur l’absolution de leurs partisans en battant les Kings, les Rangers ou les Red Wings, leurs prochains adversaires au Centre Bell mardi.

Des adversaires que le Canadien a battus trois fois jusqu’ici cette année marquant 18 buts à leurs dépens contre seulement 6 encaissés. Un adversaire qu’il a lessivé 8-1 lors du dernier duel le 26 février à Detroit.

J’entends déjà les excuses associées au fait que les Wings ont démontré du caractère en voulant faire oublier ces trois gênantes défaites et qu’il est toujours difficile de disputer un premier match à la maison après un long séjour sur la route si le Canadien perd mardi devant ses partisans.

Des excuses qui n’ont pas leur place dans la situation actuelle. Du moins, si le Canadien veut bel et bien accéder aux séries.

Malgré des résultats encore décevants en Californie, malgré le fait que les Hurricanes – lessivés eux aussi vendredi 8-1 par les Jets – sont sur un pied d’égalité avec le Canadien (79 points), mais avec deux matchs en mains et que les Blue Jackets ont aussi deux matchs en mains pour les aider à combler le retard de deux points derrière Montréal, le Canadien est encore au plus fort de la course.

C’est la seule consolation à tirer du match désolant de vendredi. Mais au moins il y en a une...