Sommaire du match

MONTRÉAL - Le nouveau message dont les joueurs du Canadien avaient besoin pour relancer leur saison a été compris pendant une demi-partie.

 

Qu’est-il donc arrivé après cette première moitié de match au cours de laquelle le Canadien a patiné avec vitesse et a joué avec fougue pour s’offrir des avances de 2-0 grâce aux passes brillantes que Jonathan Drouin et Alexander Romonav ont servies à Joel Armia pour lui permettre de marquer ses troisième et quatrième buts de la saison?

 

Qu’est-il donc arrivé pour bousiller cet excellent début de rencontre au cours duquel le Canadien s’est même permis de marquer un but en avantage numérique – Tatar a marqué son cinquième de la saison sur une belle passe de Kotkaniemi à la suite d’une bévue de Nathan Beaulieu à la ligne bleue des Jets – pour la première fois en sept matchs et s’offrir une avance de 3-1?

 

« On a craqué mentalement et physiquement », que le nouvel entraîneur-chef du Canadien Dominique Ducharme a candidement reconnu au terme du revers de 6-3 que ses joueurs lui ont offert pour souligner son premier match en relève à Claude Julien.

 

Pour craquer, le Canadien a vraiment craqué alors qu’il a non seulement été victime de cinq buts sans riposte des Jets, mais qu’il a littéralement cessé de jouer. Ou de bien jouer.

 

Qu’une équipe qui s’enlise dans une léthargie craque mentalement dès qu’elle sent le match lui filer entre les doigts, je peux comprendre.

 

Mais que Dominique Ducharme souligne que son équipe a aussi craqué physiquement quand elle aurait au contraire dû se dresser pour résister à la poussée de l’adversaire est toutefois inquiétant.

 

Comment le Canadien peut craquer physiquement alors qu’il n’a pas encore atteint la barre des 20 matchs cette saison? Comment le Canadien peut-il craquer physiquement alors qu’il sort à peine d’une semaine complète pour justement reposer le corps et l’esprit?

 

S’ils craquent si vite, comment diable les joueurs résisteront-ils au rythme effréné des prochaines semaines? Surtout que pour l’instant, ils ont été pratiquement épargnés par les blessures.

 

Les joueurs du Canadien sont-ils assez en forme? Pas juste en bonne forme, mais en grande forme?

 

La question mérite d’être posée. Car il faut compter sur des joueurs en grande forme pour couper le banc quand vient le temps de prendre ce genre de décision en cours de partie.

 

On a beaucoup reproché à Claude Julien le fait d’avoir systématiquement recours à ses quatre trios du début à la fin de la rencontre. De ne pas miser assez sur joueurs qui connaissent de bons matchs en multipliant leurs présences tout en confinant au banc plus souvent et plus longtemps les joueurs qui jouent moins bien.

 

Mais est-ce que le coach congédié mercredi était forcé d’utiliser cette stratégie pour justement éviter de surtaxer physiquement des joueurs dont le rendement diminue dès qu’ils sont le moindrement surutilisés?

 

Les cinq buts sans riposte que le Canadien a accordés et la manière dont les joueurs se sont comportés sur ces cinq buts ouvrent la porte à ces questions.

 

Nouvelle voix, mêmes oreilles...

 

Le dernier but ayant été marqué dans une cage déserte, on n’y accordera pas trop d’importance.

 

Quand on s’attarde aux quatre qui l’ont précédé, on remarque bien sûr le talent offensif des joueurs des Jets.

 

Mark Scheifele, avec un but dans un filet désert et une passe, a d’ailleurs prolongé à 11 sa séquence de matchs consécutifs avec au moins un point : il revendique huit buts et 18 points au cours de cette séquence.

 

Kyle Connor a marqué deux fois, Pierre-Luc Dubois a marqué et ajouté une passe dans son premier match contre le Canadien dans l’uniforme des Jets – il revendique six buts et neuf points en 10 matchs en carrière contre le Tricolore – Blake Wheeler a marqué une fois et ajouté deux passes. Des contributions qui confirment les qualités offensives des Jets.

 

Ces quatre buts ont aussi mis en évidence les mêmes lacunes qui ont mené aux défaites en séries qui ont rendu nécessaire le congédiement de Claude Julien mercredi matin.

 

C’est beau changer la voix. C’est beau rajeunir le message. Mais si les joueurs ne font qu’entendre la voix sans écouter le message, ils répètent les mêmes erreurs.

 

Je parle ici des quatre pénalités écopées par le Canadien. Des pénalités qui n’ont coûté qu’un but, c’est vrai, mais qui ont aidé les Jets à garder le contrôle de la deuxième moitié de la partie. Et si on revient sur ce but, Kyle Connor est venu pousser une rondelle libre derrière Carey Price en se glissant entre Jeff Petry, Phillip Danault et Artturi Lehkonen au terme d’un désavantage numérique au cours duquel le Canadien avait une fois encore été trop passif en zone défensive.

 

Je parle ici de la confiance du Canadien qui a piqué du nez et de joueurs qui se sont vite retrouvés sur les talons dès que les Jets ont donné l’impression de se réveiller.

 

Je parle ici des manques évidents de vitesse d’exécution et de complicité entre les défenseurs et les attaquants dans leur quête de protéger leur gardien.

 

Price : le plus généreux de la LNH

 

Puisqu’il est question du gardien, il est essentiel d’insister sur le fait que les Jets ont aussi grandement mis en évidence la grande fragilité de Carey Price devant la cage du Tricolore.

 

Price a été aussi généreux à l’endroit des Jets jeudi qu’il l’avait été mardi face aux Sénateurs. Seule différence : il n’a pas réalisé à Winnipeg les trois ou quatre très gros arrêts qu’il a offerts à son club à Ottawa.

 

Avec les résultats qu’on connaît.

 

Le Carey Price qui protège la cage du Canadien en ce moment – ou qui tente de le faire – affiche le même manque de conviction que lors des passages à vide qui ont marqué plusieurs de ses débuts de saison. Loin d’être intimidant sans sa façon de s’imposer devant son filet, il est plutôt inquiétant pour ses coéquipiers tant il est en déséquilibre par moments.

 

Sur les genoux souvent trop vite et surtout très souvent, déporté d’un côté ou de l’autre sans raison, surpris par des tirs qu’il devrait stopper sans le moindre ennui, généreux dans les rebonds qu’il accorde alors que les rondelles collent sur lui lorsqu’il joue à la hauteur de son potentiel et de sa réputation, Price est bien plus une des causes des ennuis actuels du Canadien qu’une source de solution.

 

On l’a même vu jongler avec la rondelle autour de son filet alors qu’il est habituellement meilleur que la majorité de ses défenseurs pour compléter une bonne première passe.

 

Ça en dit long.

 

Contre les Jets jeudi, Price a été en partie ou directement responsable de deux buts. Les plus critiques à son endroit en ajouteront un troisième. Mais peu importe l’analyse des buts qu’il a accordés, de ceux qu’il a accordés mardi, de tous ceux qu’il a accordés depuis le début de la saison, une statistique toute simple confirme que le gardien du Canadien est à côté de ses jambières : qu’elles soient rouges, blanches, bleues ou tout simplement tricolores.

 

Carey Price a accordé, jeudi, à Winnipeg, cinq buts ou plus dans un 11e match depuis le début de la saison 2019-2020. C’est non seulement énorme, c’est le pire résultat de tous les gardiens de la LNH au grand complet.

 

Le temps est-il venu de reposer Price? De lui offrir, deux, trois, cinq matchs de suite de congé afin de lui donner la chance de retrouver ses repères, sa confiance, son aisance. Le temps est-il venu de miser sur Jake Allen qui est bien meilleur que lui depuis le début de la saison?

 

La réponse viendra samedi. Une réponse qui place Dominique Ducharme dans une situation explosive dès les premières heures de son règne à la barre du Canadien.

 

Peut-il se permettre de tout de suite tourner le dos au gardien qui demeure la pierre d’assise de la défensive de son équipe? Peut-il se permettre de prolonger la séquence de défaites parce que son gardien, aussi grande soit sa réputation, est pour le moment tout petit devant son but?

 

Bien hâte de voir comment le coach tranchera.

 

Entre les lignes

 

- Victime d’une vilaine chute après un contact avec le défenseur Dylan DeMelo, Josh Anderson a été incapable de terminer la première période et n’est pas revenu dans le match. Lors de son point de presse, Dominique Ducharme a simplement indiqué qu’il espérait que ce ne soit pas trop grave...

 

- Malgré l’arrivée de Dominique Ducharme à la barre du Tricolore, c’est Phillip Danault qui a été le centre le plus utilisé jeudi (21 :56) devant Nick Suzuki (19 :09), Jesperi Kotkaniemi (13 :03) et Paul Byron (10 :18). Le travail de Danault en désavantage numérique (4 :06) explique le fait qu’il ait devancé Suzuki qui n’a joué que 31 secondes à quatre contre cinq...

 

- À la ligne bleue, Alexander Romanov a obtenu 15 :02 de temps d’utilisation. Seul son partenaire de travail Brett Kulak (13 :55) a joué moins que Romanov derrière Ben Chiarot (24 :28), Shea Weber (22 :51), Jeff Petry (20 :41) et Joel Edmundson (19 :31)...

 

- Le Canadien a écopé sa septième pénalité de la saison parce qu’un joueur – le capitaine Shea Weber dans le cas qui nous occupe – a tiré la rondelle directement dans la foule...

 

- Le Canadien s’est offert jeudi une avance de 2-0 dans un septième match cette saison. Il avait signé la victoire lors des six premières occasions...

 

- Grâce à leur remontée gagnante aux dépens du Canadien, les Jets affichent maintenant de dossiers identiques (6-3-1) lorsqu’ils marquent le premier but d’un match ou qu’ils l’accordent...

 

- Inversement, le Canadien qui a encaissé une troisième défaite en temps réglementaire lorsqu’il marque le premier but (8-3-2) n’a gagné qu’une fois cette saison lorsqu’il accorde ce premier but (1-3-2)...

 

- Les buts de Joel Armia étaient ses premiers  après la disette de six matchs qui a suivi son retour au jeu au terme d’une absence de sept parties attribuable à une commotion...

 

- Victime de cinq buts en 12 occasions lors des trois derniers matchs, le Canadien s’est amélioré jeudi en ne cédant qu’une fois lors des quatre supériorités accordées aux Jets...

 

- Les Jets ont donc fait subir à Dominique Ducharme, jeudi, le même sort qu’ils avaient réservé à Claude Julien le 18 février 2017 alors qu’ils avaient battu le Canadien 3-1 dans le cadre du premier match du deuxième règne de Julien derrière le banc du Tricolore...

 

- Canadien et Jets se croiseront à nouveau samedi à Winnipeg...