Le Canadien en a gagné une quatrième de suite. C’est bien. C’est très bien même si l’on considère que ces damnés premiers matchs à domicile après de longs séjours sur la route donnent souvent leur lot de difficultés aux équipes de la LNH.

Si vous n’avez pas vu le match et que vous vous fiez au score final qui favorise le Canadien 5-3, vous vous dites que cette cinquième victoire de la saison est venue facilement.

Eh bien non.

Remarquez que ç’aurait pu être une victoire facile. Après avoir pris une avance de 3-0, cette victoire aurait même dû être facile. Ou l’être beaucoup plus qu’elle ne l’a été en vérité alors qu’un but de Tomas Plekanec sur un jeu truqué est survenu avec seulement 67 secondes à faire en troisième et un autre du Tchèque dans un filet désert avec 16 secondes à jouer.

Il est aussi impératif de souligner qu’avant de marquer ce but d’assurance dans un filet désert, le Canadien est passé à un cheveu de concéder le but égalisateur. But que Cam Atkinson aurait marqué dans un filet complètement ouvert s’il avait décidé de tirer au lieu de passer la rondelle de l’autre côté de l’enclave.

Une très curieuse et très mauvaise décision…

Pourquoi alors cette victoire qui s’annonçait si facile s’est-elle transformée en victoire obtenue à l’arraché?

Parce que comme il en avait la fâcheuse habitude l’an dernier, le Canadien a levé le pied en période médiane. Une erreur qui a permis aux Jackets de s’approcher à un but du Canadien en fin de deuxième période.

Une pénalité d’indiscipline écopée par le capitaine Brian Gionta en début de troisième a permis aux Jackets de ramener le match à la case départ.

« C’est un excellent match pour les amateurs. Un match spectaculaire. Mais disons que c’était aussi le genre de match qui explique pourquoi les entraîneurs ont des cheveux gris », philosophait Michel Therrien après la victoire.

Pacioretty évite le pire

En plus de la victoire, la nouvelle confirmant que la blessure subie par Max Pacioretty était moins grave qu’on l’anticipait a aidé l’entraîneur-chef du Canadien à composer avec ses cheveux gris.

D’abord, les genoux de Pacioretty ont été épargnés. En prime, il ne souffre que d’une élongation musculaire à la cuisse gauche et non d’une déchirure. Il devrait s’absenter du jeu pour une période d’environ trois semaines.

Quittant le Centre Bell alors que les journalistes attendaient l’ouverture des portes du vestiaire, Pacioretty marchait lentement sur ses deux jambes. Sans béquilles. Sans canne. Bon! Il boitait un tantinet et avait la mine plutôt basse. Mais il venait d’éviter le pire.

Le pire était une déchirure du gros muscle de la cuisse qui aurait obligé une intervention chirurgicale et entraîné une absence beaucoup plus longue.

« Ç’aurait pu être pire », a d’ailleurs reconnu l’entraîneur-chef Michel Therrien qui gérera l’absence de Pacioretty de match en match en ce qui a trait à ses stratégies et à ses sélections de joueurs pour remplacer le meilleur marqueur du Canadien lors des deux dernières saisons.

P.K. pris à contrepied

S’il a déployé l’énergie, le travail et la vitesse pour rapidement prendre le contrôle du match, le Canadien l’a encore une fois laissé filer en deuxième période.

« Ce n’était pas notre plan de les laisser revenir comme ça », grommelait P.K. Subban dans le vestiaire après la rencontre.

« Il faut trouver le moyen d’être beaucoup plus efficaces que nous l’avons été ce soir en deuxième période. Quand tu mènes 3-0, tu dois trouver le moyen de mettre le match hors de portée. D’assommer l’adversaire. On ne l’a pas fait encore », a ajouté Subban qui a récolté deux autres passes en plus d’obtenir la troisième étoile de la rencontre.

C’est ici qu’on ouvre un petit débat :

Subban a contribué aux ennuis de son équipe en fin de deuxième en s’aventurant en fond de territoire ennemi alors que son équipe, forte de son avance de 3-1, avait moins besoin d’aller chercher un but que de s’en faire marquer un.

Dans son point de presse, Michel Therrien a confirmé l’erreur de lecture de jeu de Subban qui s’est fait attirer trop profondément en zone ennemie.

Cela dit, Subban s’est avancé alors que Lars Eller était en relève à la ligne bleue. L’ennui, et il est de taille, c’est que le joueur de centre a été victime d’une rondelle sautillante qu’il n’a donc pu contenir, offrant ensuite aux Blue Jackets une descente à deux contre un. Cette descente a mené à un but superbe marqué par Ryan Johansen à l’aide d’un tir parfait qui a frappé la barre transversale avant de dévier dans le filet.

Si l’on peut reprocher à Subban d’avoir mal choisi le moment pour s’avancer en zone ennemie et d’y être entré trop profondément, il faut aussi partager la responsabilité du but avec Lars Eller qui a raté son jeu à la ligne bleue.

Bon! C’est P.K. le défenseur et Lars l’attaquant.

Je veux bien.

Et il est tout à fait exact de dire que P.K. doit choisir ses occasions d’aller appuyer l’attaque en zone adverse ou d’y pénétrer pour annuler une tentative de sortie de zone de l’autre équipe.

Mais bien que j’aie souvent été sévère – parfois trop – avec Subban depuis qu’il évolue avec le Tricolore, je suis prêt à lui donner le bénéfice du doute sur ce jeu. Surtout qu’au nombre de fois qu’il s’implique directement dans l’action, en attaque, en défensive, le long des bandes et devant Carey Price, Subban a 1000 fois plus de chances de se faire prendre qu’un gars qui se contente de jouer passivement sans jamais oser sortir de son coin.

Sur la galerie de presse, les jugements étaient partagés. J’imagine qu’ils le seront aussi dans vos commentaires.

Mais je suis prêt à défendre Subban « pro bono » sur ce jeu. Et je lui enverrai la facture lorsqu’il aura signé son prochain contrat…

Bournival célèbre

Tous les joueurs qui ont évolué dans la LNH se souviennent de leur premier but. S’ils en ont marqué un bien sûr… Tant qu’à en marquer un, aussi bien qu’il soit beau et que les souvenirs en valent la peine.

À ce chapitre, Michaël Bournival pourra raconter longtemps son premier but tant il était beau.

P.K. Subban a amorcé le jeu en dansant avec la rondelle à la ligne bleue pour la garder en zone ennemie. P.K. a remis à Markov qui avait déjà repéré le jeune Québécois venu s’installer dans le haut de l’enclave. Aussitôt la rondelle appuyée contre la lame de son bâton, Bournival a décoché un tir qui a battu l’excellent gardien des Blue Jackets Sergei Bobrovsky.

Bournival a levé les bras au ciel, les partisans au Centre Bell se sont levés aussi, et la fête a commencé.

Dans le vestiaire, sourire aux lèvres, rondelle historique à la main, Bournival a candidement reconnu que cette rondelle allait occuper une place de choix sur sa table de chevet. Cette belle naïveté m’a fait remarquer à quel point Bournival n’est encore qu’un adolescent. Un adolescent bourré de talent, c’est vrai, mais un adolescent quand même…

Le match en chiffres

18 :12 : Brandon Prust, qui a disputé un très fort match à mes yeux, a été l’attaquant du Canadien le plus utilisé hier soir avec 18 min 12 s sur la patinoire, dont 3 min 39 s de travail très efficace en désavantage numérique…

3 : Brandon Prust, encore lui, a dominé le Canadien avec un différentiel de plus-3 et avec trois mises en échec…

4 : C’est Lars Eller qui a été le joueur le plus physique du Canadien avec quatre mises en échec…

7 : En plus des deux tirs qui lui ont permis d’inscrire ses 2e et 3e buts de la saison, Tomas Plekanec a obligé Sergei Bobrovsky à réaliser cinq arrêts à ses dépens. Ses sept tirs représentent le plus haut total des joueurs des deux équipes hier…

6 : Boone Jenner a marqué ses 1er et 2e buts de la saison sur six tirs cadrés…

400 : Avec ses deux buts, Tomas Plekanec a atteint le plateau des 400 points dans la LNH…

38 : Francis Bouillon célébrait ses 38 ans hier. Mon cher Francis, c’est à ton tour……

Le Canadien s’entraîne au Centre Bell vendredi où il recevra les nébuleux Predators de Nashville samedi...