Une série qui se décidera devant le filet
Canadiens samedi, 15 août 2020. 11:26 vendredi, 22 nov. 2024. 17:03Un défi de taille attendait le Canadien de Montréal à l’aube des huitièmes de finale de la Coupe Stanley. Les Flyers de Philadelphie avaient remporté neuf de leurs dix dernières rencontres du calendrier régulier, avant de balayer leurs trois parties disputées lors de la ronde préliminaire.
Face à cet adversaire coriace, le Tricolore a démontré qu’il ne se contenterait pas d’un rôle de figurant, alors que cette série est présentement égale avec une victoire de part et d’autre.
Il est même possible d’argumenter que la Sainte-Flanelle fait bien meilleure figure que les Flyers. Si cela n’avait pas été de la tenue exceptionnelle de Carter Hart lors de la partie inaugurale, le CH aurait normalement arraché les deux premiers duels.
Le Canadien semble présentement avoir l’ascendant sur les Flyers en raison de son travail dans l’enclave, tel qu’il appert des statistiques avancées.
Lors des deux premières parties, Philadelphie a été plus fréquemment en possession du disque, mais il s’est créé moins de chances de marquer que ne l’a fait Montréal. Conséquemment, il ne faut pas se surprendre que le CH ait fait scintiller plus fréquemment la lumière rouge.
Le Canadien et les Flyers ont cadré exactement le même nombre de tirs depuis la périphérie et aucun de ces lancers n’a su tromper la vigilance des gardiens.
Ce qui importe réellement, c’est le nombre de lancers provenant de la zone payante, alors que le tireur y bénéficie d’un angle optimal pendant que le temps de réaction du cerbère y est minimal. Ce n’est pas sans hasard que tous les buts inscrits dans cette série, tant par Montréal que par Philadelphie, avaient pour origine l’enclave.
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Au moment de décocher des tirs depuis la zone payante, le Canadien a complètement surclassé les Flyers lors des deux premières rencontres.
Plus précisément, le Tricolore a dirigé 28 tirs depuis l’enclave comparativement à 21 pour Philadelphie. Cette différence est tout aussi marquée au moment d’exploiter le bas de l’enclave, alors que le CH a eu l’ascendant 14 à 9 quant au nombre de lancers cadrés provenant de cet emplacement.
Ultimement, les gardiens des Flyers ont été davantage sollicités par des chances de marquer de grande qualité, ce qui a grandement compliqué leur travail.
L’une des clés expliquant que Montréal parvienne à générer un volume de tirs dangereux aussi imposant est qu’il est régulièrement le premier à bondir sur les rondelles libres, ce qui lui permet de prolonger ses séquences offensives ou d’organiser rapidement une contre-attaque.
Quant à l’issue des deux premières rencontres, le facteur déterminant fut indéniablement le rendement de Carter Hart et de Carey Price, qui ont été inébranlables dans la victoire et qui ont connu des pépins face aux tirs provenant du bas de l’enclave dans la défaite.
Dans le revers des leurs, Hart et Price ont affiché des pourcentages d’arrêts plus que respectables face aux tirs provenant de la périphérie et du haut de l’enclave. Cependant, la situation s’est gâtée au moment de s’interposer face aux lancers provenant du bas de l’enclave, soit les chances de marquer de grande qualité.
Lors de la première rencontre, Price n’a arrêté que 66,7% des tirs provenant du bas de l’enclave. Dans le deuxième duel, Hart n’a contré que 40,0% de ces mêmes lancers.
À titre de comparaison, depuis la reprise des activités de la LNH, le gardien de but moyen s’est interposé avec succès 79,6% du temps face aux lancers provenant du bas de l’enclave.
Dans la défaite, tant Hart que Price n’ont pas été en mesure de réaliser les arrêts importants en temps opportun qui auraient pu faire basculer la rencontre.
Lors de la partie inaugurale, si Price avait réalisé un arrêt supplémentaire, peut-être que le CH aurait pu arracher la victoire en prolongation. Lors de la partie subséquente, si Hart parvient à arrêter l’hémorragie face à la sortie énergique du Tricolore, peut-être que Philadelphie parvient à trouver la force nécessaire pour revenir dans le duel. Ces questions ne demeurent que spéculatives, alors qu’avec des « si » on mettrait Paris en bouteille.
Avec Hart et Price, les partisans sont choyés, pouvant se régaler d’une excellente confrontation devant le filet. D’ailleurs, chacun de ces cerbères a joué un rôle de premier plan dans la victoire des siens.
Lors du gain de leurs clubs respectifs, Hart et Price ont contré tous les tirs qu’ils ont reçus depuis le bas de l’enclave. Il en résulte que le gardien de but moyen de la LNH, placé dans les mêmes circonstances, aurait accordé plus de deux buts supplémentaires comparativement au rendement de Hart et de Price.
Pour quantifier le brio de ces performances, veuillez noter qu’avec 0,65 but sauvé par rencontre, Igor Shesterkin s’est révélé le meilleur portier de la LNH à ce chapitre cette saison. Cette donnée démontre dans quelle mesure Hart et Price ont brillé lors de la victoire des leurs.
Le hockey est un sport collectif où le gardien de but demeure le dernier rempart. Il a souvent un droit de vie ou de mort sur son club, alors que chacune de ses erreurs est rapportée au tableau d’affichage. C’est pourquoi ce poste est si névralgique.
Dans le duel opposant Montréal et Philadelphie, les statistiques avancées suggèrent que le rendement des gardiens au moment de contrer les tirs provenant du bas de l’enclave soit actuellement la principale variable justifiant l’issue des rencontres.
Après avoir goûté à la défaite, Price a rebondi avec panache en blanchissant son opposant. Hart devra impérativement faire de même, suivant sa contre-performance de la deuxième rencontre de laquelle il a d’ailleurs été chassé, car cette série risque de se décider devant le filet.