Le Canadien, tant qu'à perdre...
Canadiens lundi, 24 nov. 2014. 01:05 dimanche, 24 nov. 2024. 14:42Le Canadien ne perd pas souvent depuis le début de l’année. Ça, c’est la bonne nouvelle. La moins bonne nouvelle, c’est que quand il perd, il perd pour vrai.
Dominé par des Rangers plus reposés, plus convaincants et carrément meilleurs, le Tricolore s’est fait rincer 5-0 par les Blue Shirts hier. Bien qu’il n’ait perdu que six fois depuis le début de la saison – en temps régulier bien sûr – le Canadien a déjà été blanchi quatre fois : par les Rangers, les Penguins (4-0) mardi dernier au Centre Bell, les Blackhawks (5-0) et les Oilers (3-0).
Ajoutez à ces quatre blanchissages les revers de 7-1 encaissés à Tampa Bay et le 6-2 que les Flames ont infligé au Canadien le 2 novembre au Centre Bell et vous obtiendrez un score total de 30-3 dans le cadre de ces six revers.
Ce score donne le vertige. C’est vrai. Il soulève des tas de questions remettant en cause la première place du Tricolore au classement général de la LNH. Car oui, le Canadien est toujours premier dans la LNH ce matin malgré cette autre cuisante défaite.
Mais est-ce que c’est si grave de perdre de cette façon? De se faire planter comme ça?
Pas vraiment. Perdre par un but ou par cinq, c’est perdre pareil. En temps réglementaire on s’entend, car les défaites en prolongation ou fusillade donnent un point qui peut non seulement permettre de sauver la face, mais jouer un rôle important en fin de saison.
Même que je dirais que se faire planter de la sorte est mieux que de perdre de façon crève-cœur – sans le moindre point prime pour aider à encaisser le coup – dans le cadre d’un excellent match au cours duquel un club a été volé par un gardien en grande forme – ce que Carey Price et le Canadien ont fait à quelques reprises déjà cette saison – ou que l’adversaire a été un brin ou deux plus chanceux. Ce qui est aussi arrivé au Canadien à quelques reprises cette année.
Gagner un match que tu ne mérites pas d’avoir gagné peut avoir des conséquences néfastes si les joueurs n’ont pas l’intelligence de reconnaître leur tort.
Perdre un match que tu aurais pu, voire dû, gagner peut avoir des conséquences fâcheuses et miner le moral des troupes si ces revers se multiplient trop souvent.
Mais se faire sacrer une volée enlève toute possibilité d’analyse sulfureuse ou d’excuses non justifiées.
Michel Therrien a reconnu candidement que son équipe avait été mauvaise hier. Il a aussi reconnu que plusieurs facettes du jeu avaient fait défaut et que les Rangers avaient été les meilleurs à tous les points de vue.
Personne ne le contredira là-dessus.
P.K. Subban, qui est loin de jouer à la hauteur des attentes, ne s’est pas blâmé dans le revers ce qu’il aurait pu faire. Comme plusieurs de ses coéquipiers, on s’entend. Mais P.K. a eu raison de souligner qu’au lendemain d’un revers comme celui de dimanche aux mains des Rangers, un club doit rapidement tourner la page, éviter de chercher du positif et s’assurer de rebondir.
Ce que le Canadien a fait chaque fois qu’il s’est fait rosser cette année. Ou presque. Car c’est au surlendemain de son revers de 6-2 aux mains des Flames que le Canadien s’est fait écraser 5-0 par Chicago encaissant du coup sa première, et seule séquence jusqu’ici, de deux défaites consécutives en temps réglementaire.
Fatigue opportune
Pourquoi le Canadien s’est-il fait déclasser autant dans chacun de ces revers?
La fatigue a certainement joué un facteur. Hier, le Canadien complétait une séquence de deux matchs en deux soirs, de trois matchs en quatre soirs, de huit parties et 13 jours.
C’est beaucoup.
Remarquez qu’au milieu de cette séquence, le Canadien s’est payé les Flyers de Philadelphie et les Red Wings de Detroit deux soirs de suite.
Remarquez aussi qu’il avait balayé ses quatre premières séquences de deux matchs en deux soirs de la saison.
Comme quoi l’excuse de la fatigue est facile à brandir quand un club perd, mais devient bien accessoire quand le club gagne.
Lors du revers de 7-1 encaissé à Tampa, le Canadien complétait un séjour de quatre matchs sur la route en lever de rideau de la saison. Pire encore, le match à Tampa ne devait initialement pas être au calendrier. Le Canadien ne voulait pas se rendre en Floride dans de telles circonstances. Les aléas reliés à la disponibilité du domicile du Ligntning ont forcé la main à la LNH d’imposer cette rencontre. Il semble même – des informations dignes de foi – que le Lightning a compensé financièrement le Canadien pour qui accepte finalement de disputer cette rencontre le 13 octobre dernier.
Le 3-0 à Edmonton? Le Canadien n’était pas vraiment fatigué. Et à vrai dire, il a perdu un match au cours duquel il a mieux joué que le score le laissait entendre. Même s’il a perdu contre les pauvres Oilers…
Les 6-2 contre Calgary, 5-0 contre Chicago, 4-0 contre Pittsburgh et le 5-0 de dimanche contre New York étaient tous sans appel. Le Canadien ne s’étant pas présenté, il ne méritait pas de gagner.
Therrien en contrôle
Mauvais match dans le système? Loi de la moyenne? Adversaire trop fort?
Toutes ces raisons sont bonnes pour expliquer les six débâcles de la saison et le fait que le Canadien affiche un différentiel désastreux de moins-27 dans le cadre de ces six revers.
Mais c’est là que l’entraîneur-chef Michel Therrien a su s’imposer cette année. Je n’ai pas aimé que le coach défende son équipe en soutenant qu’il était normal que la sortie d’hier ait été bâclée en raison de la fatigue.
Mais j’ai aimé, comme j’aime depuis le début de la saison, que Michel Therrien évite de monter trop vite et trop fort sur ses grands chevaux après l’une ou l’autre de ces défaites.
C’est un signe de maturité évident. C’est surtout une recette visant à maximiser les chances d’un retour en forme et en force dès le match suivant.
Le Canadien va perdre sa part de match cette année. Il va aussi manger des volées comme celle de dimanche et les cinq premières cette saison, mais en évitant de paniquer, de sortir le fouet trop vite et surtout de l’utiliser sans retenue, Michel Therrien s’est assuré de conserver le respect de ses joueurs à son endroit. De garder un contrôle sur le vestiaire. Un contrôle essentiel pour éviter ce qu’il y a de pire pour miner les chances de réussite dans une LNH où la parité est ce qu’elle est aujourd’hui : une série de défaites.
Non! Michel Therrien n’est pas devenu un bon perdant. Eh oui, il devra lever le ton, sortir des gros mots et brandir le poing et la masse si les tactiques plus zen ne donnent pas les résultats souhaités. Mais comme ça marche depuis le début de la saison, il doit maintenir l’attitude affichée jusqu’ici.
Son plus gros défi sera de déterminer quand il devra changer de philosophie. Quand il devra cesser d’être conciliant. Quand il deviendra nécessaire de brasser la cabane et ses joueurs qui l’occupent.
Price : deux en deux
Bien que je sois enclin à minimiser, pour le moment, les conséquences de cette autre dégelée encaissée hier, il y a quelques aspects de ce revers que je n’ai pas aimé.
Avec les quatre jours de répit qui attendaient son équipe, j’aurais préféré voir Carey Price face aux Rangers que Dustin Tokarski.
Le jeune gardien n’est pas responsable de la défaite. Du moins pas le seul. Mais il n’a pas été fort sur le premier but accordant un très vilain retour en plein centre de l’enclave – Galchenyuk aurait pu l’aider c’est vrai, mais quand même – il semblait bien petit pour compliquer le travail de Stepan sur les deuxième et troisième buts des Rangers et il a été carrément mauvais sur le dernier alors que l’issue du match était scellée depuis un bon moment.
Je ne sais pas si Price aurait sauvé le Canadien qui semblait bien difficile à sauver dimanche. Mais ses chances d’y arriver auraient été meilleures que celles de Tokarski.
Je veux bien croire que le Canadien tient à ménager Price. Qu’il tient à éviter les sorties consécutives lors des deux matchs en deux soirs. Mais quand même. Il me semble que des fois ça vaudrait la peine de miser sur l’un des meilleurs gardiens de la LNH plutôt que de faire appel à un adjoint plein de bonnes intentions, mais qui n’est et ne sera qu’un adjoint?
Si les matchs de samedi à Boston et de dimanche à New York me semblaient une bonne occasion, les deux prochains (vendredi et samedi) contre Buffalo me semblent une meilleure occasion encore. Même si l’un est disputé à Buffalo et l’autre à Montréal? Bien sûr. Les Sabres ont compliqué le travail du Canadien lors du premier match entre les deux équipes. Ils ont rincé les Maple Leafs de Toronto il y a un peu plus d’une semaine, surpris les Sharks de San Jose ensuite et battu les Capitals de Washington.
Mais quand même, ces deux matchs représentent des victoires faciles à la portée de Carey Price qui mériterait justement d’être récompensé de gains plus faciles pour le nombre de sauvetages réalisés depuis le début de la saison.
On verra!