BUFFALO – Grâce aux repêchages de 2017 et 2018, le Canadien est parvenu à renflouer sa banque d’espoirs qui était nettement dégarnie. Est-ce que cette situation pourrait inciter Trevor Timmins et l’état-major du Tricolore à viser le coup de circuit cette fois-ci?

 

Le grand manitou du repêchage pour le CH n’entend pas déployer une audace aussi grande, mais il pourrait s’en approcher.

 

« Je ne crois pas que ça change notre façon de procéder. Notre travail est d’effectuer des projections, on ne contrôle pas tout avec un joueur. On a des entraîneurs du développement pour poursuivre cette partie du travail et parfois ça ne fonctionne pas. Quand tu as une bonne profondeur, tu n’essaies peut-être pas le circuit, mais un triple et le vol du marbre », a imagé Timmins qui ne devrait donc pas jouer tant de prudence avec son entourage.

 

Par le passé, la tendance du repêchage dans la LNH a surtout démontré que les organisations sélectionnent le meilleur joueur disponible au moment de se prononcer. Ce portrait n’est plus aussi véridique et le Canadien l’a démontré l’an dernier en ne craignant pas de repêcher un joueur de centre, Jesperi Kotkaniemi, à un rang précoce selon les prévisions.

 

De plus en plus, les clubs parviennent à se fier sur le repêchage pour combler des besoins à court terme. Cette réalité les incite à modifier leur approche.

 

« Dans la LNH d’aujourd’hui, les joueurs se taillent une place quand ils sont plus jeunes. C’est important de réduire les coûts et particulièrement avec la réalité du plafond salarial. C’est probablement pourquoi des équipes finissent par repêcher davantage pour des besoins à certaines positions que pour le meilleur joueur disponible », a commenté Timmins.

 

À ce propos, il sera intéressant de surveiller si le Canadien profitera de cette cuvée – et particulièrement de son choix au 15e échelon – pour se tourner vers un défenseur gaucher afin de combler cette lacune. Les noms de Thomas Harley et Cameron York sont ceux qui reviennent le plus souvent pour remplir ce profil.

 

« Quand on va repêcher au 15e rang, il y aura un groupe de joueurs intéressants pour nous et on devra prendre une décision à la table à ce moment. Tout le monde a des besoins différents. En ce qui nous concerne, on peut dire des marqueurs, des défenseurs offensifs et défensifs et on pourrait dire des gauchers en particulier. Mais, normalement, les défenseurs ne vont pas accéder à la formation dès la première année. Certains parviennent à le faire rapidement et je pense à Victor Mete à sa deuxième année. C’est difficile à dire, mais je crois qu’on aura une décision à prendre. Je ne parle pas uniquement de la position à privilégier, mais de quel joueur à cette position », a déclaré Timmins, qui détient le titre d’adjoint au directeur général, en cachant logiquement son jeu.

« C'est un repêchage très solide »

Timmins a répondu à plusieurs questions des médias durant la dernière journée du combine à Buffalo. En cinq jours, le Canadien a procédé à 85 entrevues – incluant tous les espoirs de la LHJMQ – alors qu’un peu plus de 100 joueurs sont en audition à cet événement.  ​
 
« On ne se concentre pas sur la crème de la crème étant donné qu’on choisit au 15e rang. Pour être en mesure de monter dans le top-10, ce sera plutôt difficile. De plus, nos recruteurs ont déjà procédé à des entrevues avec ces joueurs. Moi, Shane Churla, Dr. (David) Scott et Serge Boisvert sommes ici pour toutes les entrevues. On a aussi fait venir des gens du groupe de management incluant Marc Bergevin, Scott Mellanby, Martin Lapointe et John Sedgwick. Ils ont été ici pour deux jours pour certaines des entrevues plus importantes avec des joueurs que l’on épie », a-t-il révélé.
 
Pour lui, c’était tout simplement inutile de s’entretenir avec les grands noms de ce repêchage comme Jack Hughes et Kaapo Kakko.
 
« Non, on repêche au 15e rang et je ne crois pas en l’idée de faire perdre du temps à un joueur. On a déjà recueilli beaucoup d’informations sur Kakko et notre recruteur finlandais l’a rencontré durant la saison. On ne va pas gaspiller le temps d’un joueur surtout qu’il est déjà très occupé. La réponse est donc non. »
 
Est-ce dire que huit équipes ont fait perdre du temps à Hughes qui s’est entretenu avec 10 formations ?
 
« Vous pouvez interpréter cela comme vous le souhaitez. À titre d’exemple, l’année du combine avec Sidney Crosby, on avait su que le Canadien était son équipe d’enfance préférée. On l’avait donc rencontré, mais c’était une entrevue de courtoisie », a réagi Timmins sans vouloir critiquer ses homologues.  
 
Dans le but de récolter le maximum d’informations pertinentes, le CH a conservé la méthode d’inclure un psychologue sportif (Dr. Scott). Aux dires de Timmins, cet intervenant peut déceler des « red flags » ou des « green flags » à partir d’un questionnaire auxquels les joueurs sont soumis.
 
L’organisation montréalaise a aussi jugé que ça valait la peine – et le coût – de tenir un combine d’équipe en sol européen pour une deuxième année de suite.
 
En plus du choix au 15e rang, le Canadien ne voudra surtout pas se tromper avec les sélections aux 46e, 50e et 77e échelons. Au total, Timmins devrait ajouter 10 joueurs à son organigramme.
 
Repêcher un joueur plus vieux?
 
Les spécialistes du recrutement des 31 équipes de la LNH doivent résoudre plusieurs types d’énigmes afin de trancher lors du repêchage. L’une d’elles consiste à prévoir le développement physique d’un athlète. Alors que certains espoirs sont déjà « baraqués » comme des adultes, d’autres ont un grand chemin à accomplir au niveau musculaire.
 
« Quelques joueurs s’approchent de leur développement physique optimal si bien qu’on connaît déjà le « produit » donc on fait moins de projections de ce côté. De plus, tu peux toujours progresser en tant qu’athlète, tu peux pousser ton côté athlétique à un autre niveau. Pour ceux qui sont moins développés, on essaie de déterminer le potentiel qu’ils détiennent, est-ce que leur corps pourra ajouter du muscle, du poids ? Est-ce que le jeune est compétitif, confiant et déterminé à pousser dans ce sens ? », a exposé Timmins qui prêchent pour une variété de sports dans le développement des hockeyeurs.
 
Cette année, l’enjeu de repêcher des joueurs ignorés l’an passé intrigue bien des formations alors que le nom de Brett Leason coiffe cette liste.

« Nous avons fait 85 entrevues »


 
« Tu dois toujours considérer ça. On voit où sont rendus ces joueurs à 19 ans, ils se rapprochent plus d’un produit fini donc c’est de l’information additionnelle. On doit s’assurer de faire la projection en comparaison avec ceux qui en sont à leur première année d’admissibilité. On est payés pour faire de la projection. Ce n’est pas facile, mais il faut tenir compte du facteur de l’âge », a noté Timmins.

« Certains de ces joueurs sont parvenus à se faire remarquer cette année, tu ne peux pas attendre les rondes tardives pour les repêcher. Tu les vois, ils ont du potentiel, et si tu les aimes, tu as intérêt à ne pas attendre », a-t-il enchaîné.
 
Un autre dilemme concerne les joueurs en provenance du programme de développement américain. La cuvée 2018 est si exceptionnelle que ça devient difficile de déterminer si quelques espoirs ont profité de la présence de surdoués pour « gonfler » leur valeur.
 
« C’est l’équipe que l’on voit le plus souvent parce qu’ils sont à tous les tournois, ils sont proches des équipes USHL et de la NCAA. Il faut surtout être prudent avec les joueurs qui sont enterrés dans la formation en raison de la profondeur. Ces joueurs-là n’ont peut-être pas eu les mêmes occasions en avantage numérique, dans les trios offensifs. Donc si tu peux les voir à l’entraînement, relever des petites choses, parler à ceux qui les ont vus avant qu’ils arrivent dans ce programme, tu peux aller chercher de l’information utile », a témoigné Timmins qui semble avoir sondé le gardien de cette équipe, Spencer Knight.

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