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Trois matchs ne font pas une saison. Mais après les trois premières rencontres du Canadien, on peut relever des tendances intéressantes, d’autres qui le sont moins, certaines qu’il faut qualifier de préoccupantes et qui pourraient bien devenir inquiétantes.

 

Tendances intéressantes :

 

Le Canadien ne lâche pas. Que ce soit parce que ses adversaires lui ouvrent la porte avec des bévues en cascades ou en donnant quelques solides coups d’épaules pour la défoncer, le Tricolore a prouvé une fois encore qu’on ne doit pas le compter pour battu trop vite.

 

Après avoir effacé des déficits de deux et trois buts en Caroline et à Toronto lors des deux premières parties, le Tricolore est encore revenu de l’arrière de deux buts mercredi à Buffalo.

 

Ces remontées ne garantissent pas des victoires. C’est bien vrai. Mais en plus d’avoir grandement contribué à la récolte de quatre points sur les six qui étaient à l’enjeu lors du premier voyage de la saison, ces remontées nous ont permis de vivre des matchs enlevants, voire excitants.

 

Et ça, c’est positif.

 

À l’image de Carey Price lors des deux premières rencontres, Keith Kinkaid a offert une solide performance mercredi. C’est connu de tous : pour gagner plus souvent qu’il ne perd, le Canadien a besoin de plusieurs arrêts de ses gardiens. Price et Kinkaid les ont offerts jusqu’ici. On pourra reprocher le troisième but accordé aux Sabres par Kinkaid. Mais l’auxiliaire s’est repris plusieurs fois après coup. Comme Price qui a gardé son équipe dans le match en deuxième période samedi, à Toronto, Kinkaid a fait de même lorsque ses coéquipiers sont tombés à plat devant lui en période médiane.

 

Et s’il doit assumer une part du blâme sur le troisième but, on doit aussi reprocher une série de mauvais jeux devant lui. Des mauvaises décisions et aussi, deux défenseurs qui ont bien trop reculé devant Eichel donnant ainsi plus de temps à un redoutable marqueur qui n’en avait vraiment pas besoin.

 

Ajouter la qualité du travail de Jonathan Drouin aux tendances intéressantes. Encore hier, Drouin et ses compagnons de trios Jesperi Kotkaniemi et Joel Armia se sont signalés bien plus souvent pour de bonnes raisons que pour des mauvaises.

 

Et cela dépasse les deux buts d’Armia et le deuxième déjà sur la route de KK cette saison alors qu’il avait été blanchi loin du Centre Bell l’an dernier.

 

C’est l’implication, le travail, l’effort déployé qui s’offrent en ce moment comme tendances intéressantes.

 

Je relève une séquence : en troisième, Jonathan Drouin s’est dressé en défensive en zone neutre. Il a stoppé une poussée des Sabres pour aussitôt relancer l’attaque avec vitesse et vigueur. Il a servi une passe sensationnelle sur sa droite qu’Armia est passé à un coup de patin de transformer en but. Un but qui aurait complété son tour du chapeau.

 

J’étais loin de croire que Drouin tirerait du positif d’une «rétrogradation» au sein d’un troisième trio. Mais il fait fi de la situation – remarquez bien que j’ai placé le mot rétrogradation entre guillemets – et patine, travaille, crée des chances en attaque et trouve une façon de contribuer défensivement.

 

Après l’affreux camp qu’ont connu ses trois joueurs, le trio de KK flanqué de Drouin et Armia a été le meilleur dans le match de mercredi à Buffalo. On pourrait peut-être même avancer qu’il a été le meilleur des trois premières parties.

 

Les 12 buts marqués par le Canadien en trois matchs – le but décisif en tirs de barrage à Toronto ne compte pas officiellement – complètent la liste des tendances intéressantes. Surtout que les unités spéciales en ont déjà donné quatre : trois en avantages numériques et un en désavantages.

 

Une indication qu’il sera peut-être meilleur que l’an dernier. Remarquez qu’il serait difficile d’être pire...

 

Tendances préoccupantes :

 

Bien que Carey Price et Keith Kinkaid aient fait leur part dans les trois premiers matchs, ils ont été bien trop occupés.

 

Les 13 buts accordés sont donc préoccupants.D’autant que quatre ont été accordés en 13 désavantages numériques : ce qui donne une efficacité à court d’un homme de seulement 69,2 %.

 

Non seulement le Canadien a offert trop d’attaques massives à ses adversaires, mais le travail en désavantage manque d’implication, de pression.

 

Claude Julien a eu beau fustiger les arbitres et remettre en cause certaines des pénalités qu’ils ont décernées au Tricolore alors qu’ils n’ont pas affiché le même genre de sévérité à l’endroit des Sabres, il n’en demeure pas moins que ses joueurs ont été bien trop passifs à court d’un homme. Ils n’ont pas assez contesté les rondelles et lorsqu’ils ont trouvé une façon de les intercepter, ils ont bousillé les dégagements faciles qui étaient à leur portée.

 

Des erreurs coûteuses qui ouvrent la porte à une autre tendance préoccupante.

 

Car en accordant une moyenne de près de 40 tirs par matchs – 39 à Buffalo, 37 à Toronto, 43 en Caroline – le Canadien n’aide vraiment pas la cause de ses gardiens. Surtout que derrière ces barrages de tirs, on doit relever une très grande générosité en matière d’occasions dangereuses offertes aux adversaires.

 

Ce genre de générosité, si elle devait se prolonger, nuira grandement au travail des gardiens qui ne pourront maintenir le rythme s’ils sont canardés de tirs de qualités comme ils l’ont été lors des trois premières rencontres.

 

Tendances bientôt inquiétantes :

 

On savait que le Canadien serait vulnérable en défensive. Il l’est plus encore que je l’anticipais. Et ça pourrait vraiment devenir rapidement inquiétant.

 

Shea Weber n’a pas gagné de vitesse. Mais le fait d’avoir à «parrainer» Victor Mete comme il doit le faire parce que le jeune homme semble vraiment incapable de remplir un rôle au sein d’un premier duo n’aide pas sa cause.

 

On l’a écrit 1000 fois et répété 100 000 fois : le Canadien doit trouver un défenseur de premier plan pour aider Weber au sein du premier duo.

 

Et tant que ce ne sera pas fait, le Canadien sera vraiment vulnérable.

 

Et il faudra que cet appui d’un éventuel défenseur numéro deux soit plus bénéfique à Weber que l’appui offert à Jeff Petry jusqu’ici par Ben Chiarot.

 

Une chance que le nouveau défenseur a marqué le but qui a envoyé le match en prolongation en troisième mercredi. Car ce but a apaisé un brin – mais pas deux – les critiques associées à son jeu approximatif en défensive encore hier.

 

Chiarot a du potentiel pour être une police d’assurance à la gauche de Petry. Mais pour le moment, il n’est pas meilleur que l’était Jordie Benn dans ce rôle et juste un peu meilleur que Karl Alzner.

 

On va lui donner du temps, car trois matchs ne font pas une saison. Mais je n’aime pas cette tendance.

 

Tout comme je n’ai pas aimé la contribution du troisième duo composé de Mike Reilly et Christian Folin qui est venu en relève à Brett Kulak et Cale Fleury.

 

Du quatuor, Kulak semble le meilleur. Je sais : les mauvaises langues répliqueront le moins pire.

 

Mais peu importe la tournure de phrase que vous choisissez, Kulak me semble bien mal appuyé. Peut-être que les aptitudes offensives de Reilly en feraient un meilleur candidat pour compléter le troisième duo.

 

On verra.

 

Mais après trois matchs, la défensive du CH est fragilisée par un trop grand nombre de brèches. Des brèches que les gardiens ne pourront à eux seuls colmater.

 

Ça prend du renfort.

 

En bref

  • Je comprends Claude Julien de venir appuyer ses joueurs en contestant les décisions des arbitres au lieu d’accepter de parler d’indiscipline. Mais un fait demeure, les pénalités décernées au CH étaient peut-être sévères et imposées à des moments critiques, mais elles étaient des pénalités quand même. Et je suis loin d’être convaincu que le Canadien s’achète du capital de sympathie du côté des arbitres lorsque les joueurs et le coach contestent aussi ouvertement leur travail...
     
  • L’échec avant déployé et maintenu en début de match mercredi était quelque chose à voir. Il fallait même grandement l’apprécier tant le Tricolore a freiné les élans des Sabres en les confinant dans leur territoire et en les forçant à multiplier les revirements. Dommage que la première pénalité écopée par Tomas Tatar et le but qu’elle a permis aux Sabres de marquer aient complètement changé le cours de la première période qui était alors l’affaire du Canadien et du Canadien seulement...
     
  • À l’image du Canadien, les Sabres sont très poreux en défensive. Ils ont même été très généreux dans la distribution de rondelles en zone payante sur les lames des bâtons de joueurs du Tricolore. Heureusement pour les Sabres qu’ils sont si dangereux à l’attaque. Car à la ligne bleue et devant le filet, c’est ordinaire...
     
  • L’attaque à cinq des Sabres donnera des ennuis à bien des clubs cette année. La rondelle bouge rapidement et avec précision. Les tirs qui découlent de ces mouvements vifs sont puissants et précis. Comme on l’a vu sur les buts de Olofsson et Eichel en début de première et deuxième période...
     
  • Parlant d’Olofsson, non seulement at-il marqué ses quatre buts depuis le début de la présente saison en attaque massive, mais les six qu’ils revendiquent jusqu’ici dans la LNH ont tous été marqués lors d’avantages numériques. Ce n’est pas rien. Il est le quatrième joueur de l’histoire à avoir réalisé l’exploit après Jeff Norton, Sylvain Turgeon et Craig Norwich. Pas mal pour le choix de 7e ronde des Sabres en 2014 qui atteint finalement la LNH à 24 ans...
     
  • Entré de Buffalo immédiatement après la rencontre, le Canadien amorcera jeudi soir sa saison à domicile face aux Red Wings de Detroit...