MONTRÉAL – Si Vincent Lecavalier n’a jamais abouti à Montréal, en tant que joueur, il vient d’hériter d’un mandat qui lui permettra d’être très utile à l’organisation. Son rôle vise à attirer des joueurs autonomes, encadrer des joueurs de l’équipe, aider les dépisteurs à évaluer des joueurs attrayants, confronter ses amis Kent Hughes et Martin St-Louis sur certains aspects et encore plus. 

« Cette demande de Kent (Hughes, le directeur général et son ancien agent) me ramène à la maison. Montréal a toujours été un endroit spécial pour moi. Je n’y ai jamais joué, mais de pouvoir maintenant me joindre au Canadien et l’aider, ça m’emballe », a confié Lecavalier. 

Avec des enfants âgés de 8, 10 et 11 ans, Lecavalier ne voulait pas s’impliquer dans un rôle qui exigeait de déménager à Montréal. Mais Hughes a été en mesure de lui bâtir un poste sur mesure pour qu’il vienne appuyer l'état-major. 

« Je n’ai pas envoyé mon C.V. à 30 clubs pour avoir ce poste, a convenu Lecavalier. Ils ont structuré le tout pour que ça fonctionne pour ma famille et que j’aide l’équipe à devenir ce qu’elle veut. » 

C’est en écoutant Lecavalier qu’on comprend à quel point son titre de conseiller spécial aux opérations hockey est névralgique et intrigant. 

« Si Kent me dit, je veux absolument tu ailles là-bas, il reste deux jours avant la date limite des transactions et je veux que tu observes, par exemple, ce joueur de la Caroline. Ça veut aussi dire de rencontrer les joueurs du Canadien et aller au camp d’entraînement. Les jeunes comme (Cole) Caufield et (Nick) Suzuki seront très bien entourés par Martin et ses adjoints, mais ça peut être plaisant d’avoir des conversations avec d’autres personnes de confiance », a mentionné Lecavalier que l’on imagine déjà comme une ressource attrayante pour ceux-ci. 

Lorsque Lecavalier précise qu’il n’a pas fait circuler son C.V., on comprend plutôt qu’il a déjà entamé son mandat avec le Tricolore. On en déduit qu’il ne restait qu’à finaliser les détails de ses fonctions.  

« Depuis trois à quatre semaines, je regarde beaucoup de hockey. Pas juste le Canadien, des gars en Europe sur lesquels Kent veut mon avis. Parfois, il me dit qu’il n’avait pas vu ça ainsi. Kent veut des gars autour de lui avec des opinions différentes et des points de vue sur des situations comme des transactions ou autre. Je pourrai donner mon avis avec mon expérience de la LNH qui remonte à 1998 », a précisé l’homme de 41 ans qui a notamment épié les matchs d'Emil Heineman acquis dans la transaction de Tyler Toffoli. 

Ça peut en faire sourciller certains que Lecavalier ne déménage pas à Montréal, mais il assure qu’il veut être présent dans l’entourage du club. 

« Je ne serai pas là toutes les semaines, mais oui, je veux côtoyer l’équipe. Je veux être là au camp. D’ailleurs, pour avoir la confiance des joueurs, il faut leur parler. Quand Martin me dit ‘Appelle tel gars ou va lui parler quand tu seras en ville’, je vais les connaître », a indiqué Lecavalier en notant que Hughes ne lui a jamais offert un poste de directeur général adjoint. 

« J’en ai parlé avec Martin ce matin (vendredi). Il veut vraiment m’impliquer avec les joueurs. C’est un communicateur extraordinaire, mais si ça va moins bien pour un joueur durant la saison, je peux aider de ce côté », a ajouté Lecavalier. 

Ce rôle à multiples chapeaux permettra à Lecavalier de déterminer s’il est davantage attiré par le métier d’entraîneur, celui du développement ou bien la gestion d’une équipe. En attendant que ses enfants soient plus vieux, ça lui semble être la combinaison parfaite. 

L'ironie amsuante que ce soit à lui d'attirer des joueurs autonomes

On l’écrit sans aucune touche négative, mais c’est impossible de ne pas voir l’ironie au fait que Lecavalier joigne le Canadien ... après sa carrière de joueur. 

Étant donné les circonstances, Lecavalier est revenu sur les raisons expliquant pourquoi il n’a jamais joué pour le Tricolore. En 2008, les deux propriétaires du Lightning l’ont informé qu’une transaction était possible avec le Canadien et il avait donné son accord à ce changement. Toutefois, une dispute a éclaté entre les deux propriétaires puisque l’un de ceux-ci ne voulait pas l’échanger et il est demeuré avec le Lightning. À sa deuxième occasion de joindre le Canadien, quand il était joueur autonome à l’été 2013, il assure qu’il a choisi Philadelphie uniquement car son premier critère était l'entraîneur et il avait eu un coup de cœur envers Peter Laviolette qui a été congédié très tôt en début de saison. 

La note particulière se poursuit dans le sens que Lecavalier s’attellera parfois à convaincre des joueurs autonomes d’accepter une offre du Canadien. 

« C’est facile maintenant. Par exemple, si le club veut attirer un bon attaquant offensif, tu as probablement le meilleur entraîneur pour te comprendre, il va savoir comment tu penses, ça va te rendre meilleur. Même pour un joueur défensif, Martin est très intelligent. Tu ajoutes à cela l’histoire de l’organisation, je pense que les joueurs vont être attirés de venir à Montréal », a soutenu Lecavalier. 

Il a été invité à expliquer pourquoi Montréal semble si loin dans la liste des joueurs autonomes.

« Je ne suis pas sûr que c’est vrai que tous les joueurs (ne veulent pas venir à Montréal). Mais les gens doivent arrêter penser qu’il y a juste un club, il y en a 30. Oui, Montréal, c’est spécial, mais pour un bon joueur, tu peux choisir parmi 15 équipes. Les gars veulent aller dans un bon environnement, avec un bon entraîneur en étant bien entouré. Ou bien ils veulent faire partie du processus pour gagner. La compétition est énorme le 1er juillet. Il faut avoir le bon personnel et offrir une belle carrière aux gars qui s’en viennent. Bien sûr, gagner à Montréal, c’est formidable », a répondu Lecavalier. 

Les partisans ne peuvent espérer que l’ajout de Lecavalier, St-Louis, Hughes et Gorton facilitera l’embauche de bons athlètes. Car l’ancien vedette du Lightning sait que les dirigeants ne veulent pas tarder à renverser la vapeur tout en visant une solidité viable à long terme. 

« Mais ça prendra de grosses décisions de la part de Kent », a reconnu Lecavalier. 

Ça et aussi du doigté de la part de St-Louis. À ce sujet, Lecavalier est déjà convaincu que son ancien coéquipier s’imposera parmi ses pairs malgré son inexpérience. 

« Je ne suis pas surpris pour Martin, je connais son intelligence sportive. Je ne veux pas lui imposer plus de pression, mais il sera l’un des meilleurs entraîneurs. Il connaît le pouls de son club et il communique avec joueurs. Ça ne fait qu’une semaine, mais je l’ai vu se comporter dans un vestiaire et il sent déjà que les gars adoptent à fond ce plan. Ils patinent mieux et ils réfléchissent sûrement moins tout en jouant davantage comme ils devraient. Je pense à Caufield, pas juste car il marque, mais il a l’air d’avoir retrouvé son énergie, ses qualités ressortent », a conclu Lecavalier.  

« J'ai pu donner mon avis sur Emil Heineman »
« Je vais pouvoir aider dans tous les départements »
« Je vais pouvoir challenger Kent »
Lecavalier et Bobrov : encore des liens serrés avec Hughes