L’histoire de la saison du Canadien sera grandement déterminée par ce qui se passera lors du camp d’entraînement. Les batailles internes au sein de l’équipe devraient être nombreuses au cours des prochaines semaines. Qui gagnera son poste? Où seront positionnés certains joueurs au sein de la formation? Qui seront les joueurs qui seront identifiés dans le camp d’entraînement comme ceux qui peuvent faire la différence ?

Jesperi Kotkaniemi apportera beaucoup de réponses à ces questions. Alors que la deuxième saison est reconnue pour être difficile pour un jeune joueur, il sera intéressant d'observer comment se comportera Kotkaniemi. L’an dernier, il avait très bien fait en début de saison avant de disparaître progressivement plus on avançait dans le calendrier. On a senti une baisse de régime tant de ses performances que dans celle de l’équipe qui a raté les éliminatoires pour une deuxième année de suite. Si Kotkaniemi s’est retrouvé sur la quatrième ligne en fin de saison, ce n’est pas pour rien.

Pour moi, ce sera lui le point de mire, peu importe l’attention qui sera donnée aux recrues Ryan Poehling et Nick Suzuki. Poehling peut toujours venir chatouiller un vétéran et forcer l’organisation à prendre des décisions drastiques au Canadien. Outre Kotkaniemi, la ligne de centre est déjà composée de Max Domi et de Phillip Danault. La présence des Nate Thompson, Jordan Weal et Nick Cousins comme joueurs de soutien congestionne le portrait. Poehling pourrait sérieusement venir brouiller les cartes lors du camp d’entraînement.

De son côté, Kotkaniemi devra avoir la chance d’évoluer à la tête d’un deuxième trio. Si le Canadien envisage vraiment de faire du Finlandais son futur centre numéro un, il doit à tout de moins avoir la chance d'être employé  sur un deuxième trio pour la prochaine saison. Domi gardera évidemment sa place de centre numéro un. Il a excellé l’an dernier en menant l’équipe avec une récolte de 72 points. Après ça, il faut y aller avec Kotkaniemi. Ensuite, on retrouverait Danault sur un troisième trio, une position qui convient parfaitement à son style de jeu. Est-ce que l’équipe voudra vraiment miser sur Poehling en le faisant amorcer sa carrière dans la LNH sur un quatrième trio ?

Idéalement, ces deux jeunes joueurs devraient évoluer au centre. Ce serait certainement logique avec la direction que prend présentement l’équipe.  Kotkaniemi n’est certainement pas un ailier et Poehling est un joueur de centre naturel. L’équipe ne doit pas commencer à les mêler en les faisant évoluer un peu partout dans la formation.

Kotkaniemi n’a toutefois pas prouvé qu’il est capable de prendre en charge la production au sein d’un trio offensif. Ses performances au camp d’entraînement et en début de saison dicteront la suite des choses. Ce sera toute une bataille à l’interne, et elle sera déterminante pour plusieurs joueurs de l’équipe, mais également pour l’organisation. Certains vétérans doivent certainement se sentir menacés présentement.

Évidemment qu’après avoir raté les séries éliminatoires pendant deux saisons, l’équipe a voulu se tourner vers l’avenir en faisant confiance à la jeunesse. C’est le son de cloche qu’a encore fait résonner Marc Bergevin lors du tournoi de golf de l’équipe.

Suzuki peut-il menacer Drouin?

Selon mes observations, Nick Suzuki n’est pas prêt à faire le saut dans la LNH malgré ses exploits dans le hockey junior. S’il fait l’équipe dès le début de la saison, il aura déjà excédé les attentes. Il faudra qu’il soit impressionnant outre mesure pour prouver qu’il a sa place.

Suzuki demeure un excellent joueur de hockey, mais certains aspects de son jeu doivent être peaufinés. Il manque encore un peu de fini au niveau de son jeu physique et près des rampes. J’ai pu observer au Championnat mondial de hockey junior qu’il est un excellent passeur. Pour exceller en tant que fabricant de jeux, Suzuki se doit d’évoluer avec des marqueurs. Avec la situation actuelle de l’équipe au poste de centre, le Canadien ne pourrait pas donner l’opportunité au joueur de 20 ans de se mettre en valeurs.

Ce ne serait pas lui rendre service de l’utiliser au poste d’ailier au sein d’un troisième ou d’un quatrième trio. Suzuki doit développer son talent au poste de centre. S’il veut vraiment causer une surprise, l’ancien du Storm de Guelph devra être plus impressionnant que Poehling lors du camp d’entraînement.

Pour sa part, Jonathan Drouin se doit de rebondir.  Au sein d'une formation un peu moins nanti au poste d’ailier, le Québécois aura toutes les chances de se faire valoir sur les deux premiers trios et sur le jeu de puissance. Avec ses performances lors de la fin de la dernière saison, Drouin devra cependant prouver qu’il mérite d’être considéré comme un joueur d’impact au sein de la hiérarchie de Claude Julien. La plus grande menace pour Drouin, c’est lui-même. Si les choses ne tournent pas rond, c’est lui qui va causer sa propre perte.

Drouin peut s’inspirer d’un gars comme Phillip Danault qui continue de surprendre chaque année. Malgré son style plutôt défensif, il a prouvé qu’il était capable d’apporter une contribution offensive en jouant contre les meilleurs trios adverses. Quand on lui demande de jouer un rôle défensif, il répond. Quand on lui demande de jouer un rôle offensif, il répond aussi. Danault, c’est tout ce que tu veux et plus. Le Canadien aura prouvé qu’il a réellement une bonne équipe quand Danault sera bel et bien utilisé comme troisième joueur de centre.

De là l’importance pour Kotkaniemi de connaître un bon camp et de s’imposer tout de suite. Il doit oublier sa fin de saison pour repartir en force, car le Canadien a besoin de lui comme joueur de centre offensif.

Ne pas développer au prix de la victoire

On continue d’entendre qu’il faut trouver « le bon partenaire » à Shea Weber. Pour moi, Victor Mete est ce joueur-là.  Comme les autres, le jeune défenseur avait besoin de temps. L’an dernier, il a beaucoup appris. Il a fait son tour dans la Ligue américaine. Quand on l’a ramené à Montréal, il a fait le travail.

Avouons-le, avec ce que le Canadien a sous la main comme défenseurs gauchers, le plus offensif et prometteur, c’est sans contredit Mete. C’est pourquoi il doit continuer son développement aux côtés du capitaine de l’équipe.

Quoi qu’il en soit, bien peu d’organisations acceptent de rater les éliminatoires lors de trois saisons d’affilée.  Montréal, c’est un milieu où il faut gagner. Les statistiques, les victoires et les défaites, c’est ça qui fait foi de tout. C’est bien beau se concentrer sur le développement, il faut gagner.

Si l’équipe devait s’absenter de la danse printanière pour une troisième année de suite, des changements majeurs seront apportés et des têtes vont tomber. Que ce soit au poste de directeur général, d’entraîneur-chef ou dans le vestiaire, aucune organisation digne de ce nom ne va accepter de sombrer dans la médiocrité, peu importe le niveau. Pour plusieurs, l’avenir se joue dès le camp d’entraînement. Le ton est maintenant donné pour une autre saison de hockey.