Une défaite... divertissante du Canadien!
Canadiens jeudi, 14 janv. 2021. 00:19 jeudi, 12 déc. 2024. 05:30MONTRÉAL - Si le Canadien dispute 56 matchs comme celui qui a lancé la saison 2021 les amateurs de hockey seront assurément ravis, même comblés.
De leur côté, les partisans devront souhaiter une conclusion différente histoire d’assurer la place en séries qui semble attendre leurs favoris. Car il serait bête d’oublier des points comme ceux que les joueurs du Canadien ont laissés derrière eux au domicile des Leafs.
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Mais perdre en prolongation (5-4) comme le Tricolore l’a fait en lever de rideau de la saison, ce n’est pas la fin du monde. Et ce n’est pas parce que tout se déroulera à la vitesse «Grand V» dans cette saison écourtée de 56 matchs que le Canadien ne pourra pas se reprendre.
Surtout qu’il a disputé un match intéressant à bien des égards. De fait, après avoir été témoin de défaites désolantes au fil des dernières saisons, je me permettrais même de qualifier de divertissante la défaite de mercredi.
Et dire que vous m’accusez régulièrement d’être trop négatif!
Mais bon! Une défaite demeure une défaite. Et les visages longs affichés par les joueurs du Canadien témoignaient bien plus de la déception d’avoir échappé un ou deux points que la satisfaction d’en avoir reçu en prime dans le cadre du revers en prolongation.
Romanov : entrée réussie
Débutons par les aspects positifs.
À son premier match dans la LNH, Alexander Romanov a été plus qu’intéressant.
Son calme avec la rondelle – je pense ici à deux séquences en avantage numérique en première alors qu’il a défendu la rondelle à cheval à la ligne bleue des Leafs pour la garder en territoire ennemi – laissait croire qu’il avait plusieurs saisons d’expérience dans l’uniforme bleu-blanc-rouge et non deux petits matchs simulés.
La qualité de ses passes complétées – c’est lui qui a servi à Tomas Tatar l’échappée qui lui a permis de marquer le but qui donnait les devants 3-1 à son équipe – a de quoi rendre jaloux quelques-uns de ses coéquipiers et plusieurs adversaires qui seront victimes des relances orchestrées par le jeune russe.
J’ajouterais que la confiance affichée lors de ses escapades en zone offensive a de quoi attiser le désir de l’état-major de lui offrir dès maintenant de la glace, beaucoup de glace, et encore de la glace. Avec 22 min 49 s d’utilisation, Romanov a été le deuxième joueur le plus utilisé par Claude Julien derrière Shea Weber qui a joué 74 secondes de plus que son vert coéquipier.
Bon! Le fait que Ben Chiarot ait passé cinq minutes au cachot a moussé les statistiques de Romanov. J’en conviens. Mais c’est quand même parce qu’il jouait du bon et par moment du très bon hockey qu’on lui a tapé dans le dos comme on l’a fait au banc du Canadien.
Romanov n’a pas été parfait. Bien sûr que non.
Après une belle poussée en zone ennemie, il est revenu un brin en retard en zone défensive. Les Leafs en ont profité pour tournoyer dans la zone du Canadien au point d’étourdir le jeune défenseur qui a appris sur ce jeu que le vent change vite de bord dans la LNH.
Parlant de vitesse, Romanov a un excellent coup de patin. Il est même captivant de le regarder danser sur la glace lorsqu’il passe de l’avant vers l’arrière, lorsqu’il change de direction. Mais en mutant un défenseur gaucher vers la droite où il n’est pas habitué d’évoluer, les coachs l’exposent à de potentielles surprises désagréables lorsqu’il se fait prendre le long de la bande à sa droite. C’est arrivé, en prolongation, lorsque Alexander Kerfoot, tout juste sorti du banc, a démontré à Romanov qu’il croisera tous les soirs des gars capables de le contourner s’il leur en donne l’occasion.
Avec les conséquences qui viennent avec.
Mais dans l’ensemble, j’ai beaucoup apprécié ce premier match de Romanov. Et je suis convaincu que dans la très grande majorité des analyses des rencontres qu’il disputera, la liste des points positifs relevés lors de ces parties sera plus longue que celle relatant les points négatifs.
Attaque massive et non passive
Une attaque massive bien trop passive a coulé le Canadien très souvent la saison dernière. Trop souvent, en fait, comme en témoignait sa 22e place en matière d’efficacité en supériorité numérique.
Mercredi, l’attaque massive n’a pas coulé le Canadien. Au contraire, elle a fait ce qu’elle devait pour mousser les chances de victoires. Les deux buts marqués en trois occasions ont confirmé ce que l’on a pu observer lors du camp d’entraînement.
Avec deux vagues offrant des styles bien différents, deux vagues au sein desquelles on retrouve enfin de vrais joueurs de la LNH – mes excuses à Jordan Weal qui y évoluait par défaut – le Canadien devrait garder ses adversaires sur les talons souvent cette année.
Au-delà les buts marqués par Suzuki et Tatar, les mercenaires des deux vagues d’attaque massive ont bien pris possession du territoire ennemi.
Shea Weber a décoché deux ou trois très bons tirs frappés de son nouveau bureau : en haut du cercle de mises en jeu à la droite du gardien. Oui! Oui! Là où Alexander Ovechkin hante les gardiens adverses. Weber a certainement un tir frappé aussi puissant que celui du grand maître Ovie. Il lui reste à améliorer un brin sa précision, et il marquera sa part de buts.
Kotkaniemi, Drouin, Toffoli ont tous généré de bonnes occasions de marquer ce qui aide à mousser de l’optimisme à l’endroit d’une attaque massive qui poussait les amateurs à la ridiculiser l’an dernier parce qu’en plus de tirer à blanc bien trop souvent, elle trouvait le moyen d’accorder des buts à l’adversaire qui jouait à court d’un homme.
Toute une amélioration. Du moins jusqu’à maintenant...
Le gros trio répond aux attentes
Il ne semble pas y avoir d’unanimité sur le sujet, du moins pas encore, mais à mes yeux le premier trio du Canadien est celui piloté par Nick Suzuki flanqué de Jonathan Drouin et de Josh Anderson.
À défaut de pouvoir lui décerner ce titre, je vais tout simplement le qualifier de gros trio. Voilà. Et le gros trio a démontré, contre les Leafs, pourquoi je considère qu’il est le premier.
Si on fait exception de la terrible pénalité qu’il a écopée en fin de deuxième période – j’y reviendrai dans les points négatifs – Nick Suzuki a disputé un bon match. Il a bien distribué la rondelle, il a mis en évidence ses ailiers, il a été menaçant en zone offensive. Il a fait du bon boulot.
Et que dire de son but – le premier de la saison pour le Canadien – qu’il a marqué dans une cage désertée par Frederik Andersen, je veux bien, mais avec angle tellement fermé qu’il a du faire preuve de confiance et de précision pour toucher la cible.
Josh Anderson avec ses deux buts a certainement balayé du revers de la main une partie des doutes qu’affichaient les partisans inquiets d’avoir vu Marc Bergeron offrir un contrat de sept ans d’une valeur de 38,5 millions $ à un gars qui n’avait marqué qu’un but en 26 matchs l’an dernier.
Il a surtout écarté d’un coup d’épaule le scepticisme associé au fait qu’il était peut-être encore un brin ou deux handicapé par la blessure à l’épaule qui a miné sa saison, l’an dernier, à Columbus.
Car à plusieurs reprises mercredi, Anderson s’est servi de ses épaules et de sa vitesse pour faire de l’espace à ses coéquipiers ou pour déstabiliser les défenseurs.
Sur son premier but, il a démontré la force et la précision de son tir des poignets en marquant du haut de l’enclave. Sur son deuxième, il a combiné sa puissance physique et sa vitesse pour contourner et dominer John Tavares avant de marquer malgré la présence du capitaine des Leafs sur son dos.
Jonathan Drouin?
Il a joué de malchance sur le but qui a permis aux Leafs d’égaler la marque en milieu de troisième pour ensuite gagner en prolongation.
En voulant dégager derrière son filet, Drouin a atteint l’arbitre Kendrick Nicholson à l’abdomen. Au lieu de faire le tour du but comme l’anticipait Carey Price, la rondelle est retombée à la gauche de son filet alors qu’il était déjà compromis sur sa droite. Jimmy Vesey a marqué facilement.
Est-ce que Drouin aurait pu « tuer » le jeu au lieu de prendre un risque comme il l’a fait? Peut-être. Mais il a joué plus de malchance qu’il a mal joué sur cette séquence.
Surtout que jusque-là, Drouin disputait une solide partie. Moins flamboyant que ses compagnons de trio peut-être, le Québécois a accumulé trois mentions d’aide. Plus important encore, il s’est souvent placé le nez dans le trafic en zone ennemie. Il a contribué au succès de son trio. Il a justifié sa place au sein du gros trio ou du premier si vous me permettez... comme dirait Horacio Arruda.
Mauvaises pénalités
C’est bien beau les aspects positifs, mais le Canadien a quand même perdu. Il doit bien y avoir une ou des raisons.
Dans le camp des Maple Leafs, tous les joueurs qui ont défilé au micro dans le cadre des points de presse d’après-match assuraient que leur nouveau coéquipier Wayne Simmonds avait sonné l’éveil de l’équipe en jetant les gants devant Ben Chiarot en milieu de deuxième.
« On dormait jusque-là et Wayne a su prendre les moyens pour nous réveiller », que Joe Thornton, William Nylander, Morgan Rielly et l’entraîneur-chef Sheldon Keefe ont tour à tour répété.
Je veux bien.
Mais à mes yeux, le vrai point tournant du match est venu lorsque Nick Suzuki, deux brins paresseux sur le jeu, a accroché Ilya Mikheyev en fin de période médiane. Il a écopé cette pénalité 18 secondes après Williams Nylander eut ramené les Leafs à un but du Canadien avec deux minutes à écouler au deuxième tiers.
Suzuki n’avait pas encore posé les fesses au banc des pénalités que Shea Weber tirait la rondelle dans les gradins.
Eh oui! Les Leafs en ont profité pour créer l’égalité 60 secondes plus tard.
Il me semble que ces deux buts marqués en 81 secondes en fin de deuxième on fait plus mal à Chiarot et au Canadien que les deux taloches que le défenseur a encaissées.
Mais bon!
Mises en jeu perdues
Autre aspect qui a fait mal au Canadien mercredi : les mises en jeu.
Le Tricolore a terminé la soirée avec une efficacité de 46 %. Ce n’est pas fort, mais ce n’est pas catastrophique. Du moins ça ne devrait pas l’être. Mais ce l’est devenu en cours de partie alors que les centres des Leafs ont haché finement ceux du Canadien qui ne portaient pas le chandail numéro 24.
Phillip Danault a gagné 17 des 28 mises en jeu qu’il a disputées. Ces énormes! C’est surtout cinq mises en jeu gagnées de plus que le nombre de mises en jeu remportées par tous ses coéquipiers.
Jake Evans a gagné une mise en jeu sur les sept qu’il a dispustées. Jesperi Kotkaniemi en a gagné une seule (en neuf) lui aussi. Nick Suzuki s’est bien défendu – 7 en 15 et Josh Anderson a marqué son premier but justement après un duel remporté par Suzuki – alors que Brendan Gallagher et Tomas Tatar ont gagné deux et un des duels qu’ils ont livrés.
Les difficultés d’Evans ont directement contribué au premier but des Leafs alors qu’ils ont complètement contrôlé le jeu en zone du Canadien après une mise en jeu remportée par John Tavares à la gauche de Carey Price.
Evans a été remplacé en zone défensive lorsqu’il était possible de le faire – aucun changement permis à la suite d’un dégagement refusé – mais seul Phillip Danault a su le remplacer avec efficacité.
Avec Suzuki, KK et Evans, le Canadien compte sur trois centres qui manquent d’expérience. Les mises en jeu sont une facette cruciale du jeu. Mais disputer des mises en jeu dans la LNH est un art qui se développe. Il faudra être donc être patient. Mais il faudra aussi être très prudent dans la sélection des centres envoyés en zone défensive. Il ne faudrait pas se surprendre que Claude Julien, comme il l’a fait en deuxième moitié de match mercredi, multiplie les missions confiées à Danault quitte à ensuite le rappeler rapidement au banc.
Price vs Andersen
Comment évaluer le travail des deux gardiens en présence ?
Il est difficile de crier au génie quand un gardien accorde quatre buts et que son adversaire en accorde un de plus.
Il me semble difficile de blâmer Carey Price sur l’un ou l’autre des buts marqués par les Leafs. Andersen aimerait peut-être avoir une chance de se reprendre sur le deuxième de Josh Anderson.
Mais chacun à leur bout de la patinoire, les deux gardiens ont réalisé de solides arrêts. Andersen a d’ailleurs fait oublier sa « générosité » à l’endroit d’Anderson en stoppant Phillip Danault en échappée en prolongation avant de réaliser un arrêt plus difficile et tout aussi important aux dépens de Tyler Toffoli sur un puissant tir décoché sur réception.
Morgan Rielly a marqué le but de la victoire quelques secondes plus tard...
Le Canadien effectuera l’envolée vers Edmonton jeudi.
Il y affrontera les Oilers, qui ont perdu 5-3 mercredi à domicile aux mains des Canucks, samedi et lundi avant de se rendre à Vancouver où il croisera les Canucks dans le cadre de trois matchs consécutifs.
On reconnecte plus tard!