Septième match : un récompense pleinement méritée
Canadiens dimanche, 30 mai 2021. 12:29 vendredi, 20 déc. 2024. 05:59Après les nombreuses déceptions qui ont miné une saison qui s’annonçait pourtant fructueuse en janvier dernier, après la désolation provoquée par trois revers consécutifs qui annonçaient une élimination expéditive dès la première ronde, le Canadien et ses partisans méritent pleinement l’effervescence associée à un septième match de séries.
Un septième match qui représente une récompense pleinement méritée pour Carey Price et ses coéquipiers qui ont poussé la série à la limite avec la victoire de 3-2 arrachée en prolongation samedi.
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Une deuxième victoire de suite arrachée en prolongation.
Une deuxième victoire de suite célébrée après avoir pourtant perdu des avances de 3-0 et de 2-0. Le genre de catastrophes dont le Canadien nous avait habitués à ne pas être en mesure de s’en remettre.
Une victoire célébrée devant des partisans présents au Centre Bell pour une première fois après une pause interminable de 444 jours attribuable aux mesures sanitaires associées à la COVID-19.
Même s’ils n’étaient que 2500 répartis aux quatre coins du Centre Bell, il faisait bon revoir et entendre les partisans.
C’était beau pour les yeux de voir les chandails aux couleurs des équipes en présence. Même ceux des Leafs. Même le chandail rétro de l’Avalanche avec le logo des Nordiques sur la poitrine qu’un amateur assis dans la section 109 portait fièrement.
C’était tout aussi beau pour les oreilles alors que les cris, les chants et les réactions étaient vrais après des mois de réactions enregistrées qui rendaient l’atmosphère atrocement artificielle. Bon! Les joueurs et les collègues qui prétendent que les 2500 partisans présents laissaient croire qu’ils étaient 20 500 exagèrent un brin ou deux. On va leur pardonner, car cela fait sans doute trop longtemps qu’ils n’ont pas été encouragés ou bercés par les vibrations d’un Centre Bell rempli au maximum de sa capacité.
Mais il faisait vraiment bon revoir et entendre à nouveau ces amateurs qui ont permis à tout le monde de réaliser qu’un retour à la normale pourrait vraiment marquer la reprise des activités la saison prochaine.
Kotkaniemi : un retrait préventif bénéfique?
Lorsque Jesperi Kotkaniemi a marqué le but qui a donné la victoire au Canadien et poussé la série à la limite des sept parties, le banc du Canadien s’est bien sûr vidé d’un trait.
Le héros du moment a été assailli par ses coéquipiers. Et c’était pleinement mérité. Laissé de côté en début de série, KK a marqué trois buts depuis son retour au jeu. Samedi, il a inscrit son premier en carrière – à vie en fait selon ce que le jeune finlandais a témoigné après le match – en prolongation.
Ces buts ont entraîné des tas de commentaires narquois associés au fait que l’état-major avait décidé de l’écarter de la formation à l’aube de la première ronde.
Cela dit, est-ce que les partisans et les collègues qui s’acharnent sur cette décision ont pensé une seconde ou deux que c’est peut-être justement cette décision difficile à encaisser qui est peut-être justement responsable du retour en force de leur favori? Complètement perdu sur la glace en fin de saison, perdu physiquement autant qu’au niveau de l’attention qu’il apportait – ou n’apportait pas justement – lors de ses présences, Kotkaniemi avait peut-être besoin finalement de ce rappel à l’ordre servi après une pause au cours de laquelle il a pu reprendre des forces, retrouver ses repères, raffermir sa confiance.
Le KK qui endosse l’uniforme depuis le deuxième match ne s’exposerait jamais à un retrait préventif de la formation. Et c’est tout à son honneur. Et cela fait la preuve par mille que les décisions de rayer un joueur de la formation viennent des entraîneurs, mais qu’elles sont souvent prises par les joueurs eux-mêmes.
C’était vrai dans le cas de KK en début de série.
C’était vrai dans le cas de Tomas Tatar qui a finalement été remplacé samedi soir par un Jake Evans bien plus méritant de jouer et bien plus utile à l’équipe – cette décision aurait été prise bien plus tôt, n’eût été blessures qui ont frappé le jeune centre et Eric Staal avant la troisième rencontre.
Le temps nous démontrera peut-être que c’est tout aussi vrai dans le cas d’Alexander Romanov qui, aussi talentueux soit-il, offrait du jeu plus dangereux pour le Canadien que pour ses adversaires en fin de saison.
Sans Price point de salut
Pendant que 15 joueurs du Tricolore se ruaient sur Kotkaniemi après qu’il eut déjoué Jack Campbell à 15:15 de la prolongation – pour ceux et celles qui ne l’avaient pas encore remarqué, le 15 du Canadien, a marqué à 15:15 de la prolongation, dans le cadre de son 15e match de séries éliminatoires dans la LNH – Tyler Toffoli et Erik Gustafsson ont pris la direction contraire pour se diriger vers Price.
Pourquoi eux? Je ne sais pas.
Jeff Petry qui a fait dévier les deux tirs qui ont déjoué Price et qui avait poussé son gardien à réussir un arrêt pas commode en faisant dévier un tir de Mitchell Marner plus tôt dans le match aurait dû être le premier à aller remercier le 31. Ou s’excuser. C’est selon.
Petry aurait aussi pu s’excuser pour les six revirements dont il s’est rendu coupable au cours du match. À ce chapitre, le Canadien en a commis 38, soit le double du nombre de revirements imputés aux Leafs. Une statistique que le Tricolore devra améliorer s’il veut aider sa cause et celle de son gardien lundi soir.
Shea Weber – 37 min 9 s d’utilisation – et Ben Chiarot – 35 min 22 s d’utilisation – auraient pu aussi venir remercier leur gardien pour l’appui indéfectible qu’il leur avait accordé du début à la fin du match. Mais bon! Après avoir passé autant de temps sur la patinoire, il valait peut-être mieux remercier KK d’avoir mis un terme à cette épreuve physique en premier.
Tout ça simplement pour dire qu’encore une fois samedi, n’eût été Price, le Canadien n’aurait jamais eu la chance de pousser le match en prolongation.
Pas que le Canadien n’ait pas assez bien joué pour gagner. Au contraire. L’énergie déployée en début de match aurait pu permettre au Canadien de s’offrir des avances de trois, quatre et peut-être cinq buts, n’eût été arrêts de Campbell qui a été complètement abandonné lors des 40 premières minutes du match. D’ailleurs, les Leafs n’ont pas obtenu la moindre occasion de marquer en période médiane.
Mais en troisième et surtout en prolongation, les Leafs ont pris le plein contrôle du match. Les 15 tirs obtenus en troisième tiers contre les huit du Canadien en donnent une preuve irréfutable. Les 13 tirs obtenus en prolongation contre les deux seulement du Canadien en donnent une preuve plus éloquente encore.
Mais Price, comme il le fait depuis la première minute du premier match de cette série, est tout simplement sensationnel devant son filet. Il est non seulement le meilleur joueur du Canadien, et de loin, mais il est le meilleur joueur sur la patinoire.
« On avait besoin d’un "break" en prolongation et on l’a eu », a très bien résumé l’entraîneur-chef Dominique Ducharme après le match en faisant référence au but de Kotkaniemi.
Un « break » qui ne serait jamais venu sans l’un ou l’autre des 13 arrêts multipliés par Price en prolongation. Sans ses 41 arrêts multipliés au fil du match.
Étouffés par la pression
Si le Canadien et ses partisans méritent les joies et l’effervescence associées à la tenue d’un septième match de séries, les Maple Leafs et leurs partisans méritent pleinement d’être étouffés par la pression associée à une telle partie.
Car oui il y a de la pression sur les épaules des Leafs. Et rien qu’à voir Auston Matthews baisser la tête qu’il s’est prise à deux mains lorsqu’il a vu KK marquer le but gagnant, on comprend que cette pression commence à être accablante.
Matthews est mieux de s’y faire. Car cette pression s’accentuera au cours des prochaines heures. Elle deviendra suffocante lorsque le match débutera lundi tant les Leafs se retrouvent à une défaite d’une catastrophe en séries.
D’une autre catastrophe.
Il est important ici de souligner que Matthews qui a facilement gagné le trophée Maurice Richard avec ses 41 buts marqués en 52 matchs n’affiche qu’un but depuis le début de la série.
Il est important ici de souligner que Marner qui est aussi responsable des succès de Matthews que Matthews lui-même tant il est bon pour l’alimenter et le compléter n’a pas encore marqué après six matchs contre le Canadien. En fait, Marner qui a marqué 20 buts et récolté 67 points en saison régulière n’a pas marqué à ses 16 derniers matchs de séries éliminatoires.
Il est plus important ici de souligner que les deux jeunes extraordinaires leaders de Leafs n’ont pas encore franchi la première ronde des séries depuis leur arrivée à Toronto.
De fait, les Maple Leafs n’ont pas franchi la première ronde depuis la saison 2003-2004 alors qu’ils avaient battu les Sénateurs d’Ottawa en sept matchs avant de s’incliner en six parties contre les Flyers en deuxième ronde.
Juste pour vous donner une idée, c’est le vénérable Pat Quinn, décédé depuis, qui dirigeait les Leafs à cette époque.
Depuis, les Leafs ont accédé aux séries six fois seulement en 16 saisons. Et ils pourraient être éliminés dès la première ronde pour une cinquième année de suite si le Canadien devait les battre à Toronto lundi.
De la pression vous dites?
Toute la pression sera donc sur Campbell et les Leafs lundi soir lorsque les deux clubs sauteront sur la patinoire du Scotiabank Arena.
De l’autre côté, Price et ses coéquipiers n’auront rien à perdre. Le simple fait d’avoir poussé cette série à la limite des sept matchs représente déjà une victoire, voire un exploit, tant la très grande majorité des partisans des deux clubs et des observateurs des quatre coins de la LNH qualifiaient de formalité cet affrontement des plus inégal.
Dans mes prédictions déposées avant la première ronde, j’avais donné le Canadien gagnant en six matchs contre les Leafs. J’avais misé sur les six parties parce que je ne croyais pas les Leafs capables de perdre un match décisif.
Je n’en suis plus convaincu.
Ils ont été tellement désintéressés dans la manière d’aborder les deux derniers matchs, ils ont été tellement lents à se mettre en marche après que le Canadien eût pris des avances confortables – ou presque – qu’il est permis de se demander s’ils arriveront à le faire maintenant qu’ils n’ont plus la moindre marge d’erreur.
La réponse tombera lundi.
Peu importe cette réponse, souhaitons-nous un grand match de hockey. On le mérite bien après tout ce que nous avons enduré sur la patinoire et dans la vie de tous les jours depuis un an...
Entre les lignes
Entraîneur-chef des Leafs, Sheldon Keefe a reconnu qu’il n’était pas très confiant lorsqu’il a déposé un appel après le premier but du Canadien. « Il y avait eu des précédents de cette nature cette saison et parfois les buts avaient été refusés. Le match était tellement serré que je me disais qu’il fallait prendre la chance de contester et j’étais prêt à me fier à nos spécialistes du désavantage numérique si la décision était maintenue »...
Pourquoi la LNH a-t-elle maintenu le but même si Toffoli était clairement dans le demi-cercle du gardien? Parce que Toffoli n’a jamais embêté Campbell dans ses mouvements tant le gardien des Leafs avait plongé loin devant lui pour s’interposer dans la mêlée qui a précédé le but. Oui Toffoli a empêché Campbell de revenir devant son but, mais la rondelle avait déjà été poussée au fond du filet par Corey Perry lorsque le contact est survenu. À mes yeux, il était clair que ce but devait être accepté...
Le but marqué en avantage numérique par Perry ayant été maintenu, les Leafs ont écopé une autre pénalité et pendant qu’ils se défendaient à quatre contre cinq, Marner a tiré la rondelle dans la foule donnant au Canadien un cinq contre trois au cours duquel Toffoli a doublé l’avance du Tricolore...
Cole Caufield n’a pas marqué samedi, mais ce n’est pas faute d’avoir essayé. Des quatre tirs décochés, il a obtenu sa meilleure occasion sur un tir qui a surpris Campbell avant de frapper le poteau...
Phillip Danault a disputé 31 des 71 mises en jeu déposées au cours du match de samedi. Il en a gagné 15...
Nick Suzuki a été un très bon second à ce chapitre en gagnant 10 des 12 mises en jeu qu’il a disputées...