MONTRÉAL - Malgré tout ce qu’il a accompli au cours de l’illustre carrière qui lui a permis d’obtenir une place pleinement méritée au Temple de la renommée du hockey et en dépit toutes les qualités affichées depuis qu’il est débarqué derrière le banc du Canadien, le nouvel entraîneur-chef du Tricolore n’a de saint que la première moitié de son nom de famille.

 

Ceux et celles qui trouvent que les médias en « beurrent épais » quand ils parlent de l’effet Martin St-Louis ont d’ailleurs dû se frotter les mains lorsque les Jets de Winnipeg ont marqué deux fois en 36 secondes pour prendre les devants 2-0 tôt en première période.

 

Ceux et celles qui trouvent aussi que les joueurs du Tricolore, Jeff Petry en tête, se rendent coupables d’une grande hypocrisie en « garrochant » sur le dos de Dominique Ducharme toute la responsabilité d’une saison historiquement mauvaise et de leurs performances atroces au fil des 45 matchs qu’il a dirigés, ont dû se frotter les mains avec plus de vigueur encore lorsque les Jets ont doublé leur avance avant même la dixième minute de jeu.

 

Vrai que ce début de match avait des airs de déjà-vu : du hockey brouillon, de mauvaises décisions sur la patinoire, un Samuel Montembeault généreux aux yeux de certains, simplement incapable d’effectuer un gros arrêt ici ou là aux yeux des autres…

 

On va en convenir, le Canadien qui a amorcé le match de mardi, à Winnipeg, rappelait en tous points celui qui a forcé l’état-major à congédier Dominique Ducharme après la 45e partie de la saison. Une rencontre particulièrement affreuse que le Canadien a perdue 7-1 aux mains des « puissants » Devils du New Jersey.

 

Le Canadien qui a amorcé le match de mardi, à Winnipeg, n’avait rien de rien à voir avec l’équipe qui s’est mise à jouer du meilleur hockey d’abord et de l’excellent hockey ensuite après la nomination de St-Louis ; rien à voir avec l’équipe qui est débarquée à Winnipeg en surfant sur une séquence de cinq victoires de suite.

 

Mais voilà.

 

Contrairement au Canadien qui s’écrasait avant l’entrée en scène de son nouveau coach, le Canadien de Martin St-Louis est loin de s’être écrasé.

 

Bon! Ça n’a rien changé au fait que le Tricolore a encaissé un revers de 8-4. En passant, la LNH a confirmé mardi soir que c’était la première fois de l’histoire qu’une équipe remportait un match par quatre buts après s’être offerte et avoir perdu une avance de quatre buts plus tôt dans cette même partie.

 

Mais avant de se faire poivrier quatre buts de suite pour la deuxième fois de la rencontre, le Canadien y est allé d’une séquence de quatre buts sans riposte pour niveler les chances 4-4.

 

Une remontée qui confirme l’effet St-Louis

 

Cette remontée tonifiante est positive. Elle a non seulement sauvé la soirée de mardi. Elle pourrait aussi sauver le voyage qui se poursuivra jeudi, à Calgary, avant les deux dernières escales à Edmonton et Vancouver.

 

Si le Canadien s’était roulé en boule comme il l’a fait trop souvent cette saison lorsque l’adversaire l’a rapidement envoyé au tapis au lieu de se relever comme il l’a fait mardi, il aurait été facile de prévoir que c’est la tête entre les deux jambes que le Canadien aurait amorcé le match qui l’attend jeudi. Un match contre des Flames qui sont bien meilleurs que les Jets.

 

Bon! On verra jeudi soir seulement de quelle façon le Canadien amorcera cette partie qui s’annonce difficile. Une partie qu’il pourrait facilement perdre. En fait, qu’il devrait logiquement perdre contre leur ancien coéquipier Tyler Toffoli et sa nouvelle équipe qui est l’une des bonnes équipes dans l’Ouest. L’un des bons clubs de la LNH au grand complet par les temps qui courent comme le confirme sa séquence de 14 victoires à ses 16 dernières parties.

 

Mais comme je l’ai souvent dit et écrit, ce ne sont pas les résultats qui m’importent, mais bien la façon dont les joueurs du Canadien les disputent.

 

« On s'est battu »

Le fait que le Canadien ait trouvé le moyen de combler le recul de quatre buts témoigne du nouvel esprit qui anime les joueurs de Martin St-Louis.

 

Je ne me souviens pas de la dernière fois que le Canadien a comblé un recul de quatre buts. Je sais toutefois que cela fait longtemps.

 

Cette année, le Canadien n’a jamais comblé un fossé plus large qu’un recul de deux buts. Et encore! Il ne l’a fait qu’une fois.

 

L’an dernier, il n’a jamais réalisé de remontée de trois buts. Encore moins une remontée de quatre buts.

 

Le 5 février 2020, il a comblé un recul de 0-3 pour finalement battre les Devils du New Jersey 5-4 en tirs de barrage.

 

Mais une remontée de quatre buts, ce n’est pas arrivé depuis très longtemps. En fait, ce n’est pas arrivé depuis la remontée historique du 19 février 2008 alors que le Canadien avait effacé un recul de 0-5 pour finalement battre les Rangers de New York 6-5 en tirs de barrage.

 

Bon! Cette remontée du Canadien permet aussi de comprendre un peu plus pourquoi les Jets ont été balayés par le Tricolore en deuxième ronde des séries l’été dernier et pourquoi ces mêmes Jets pourraient rater les séries cette année malgré leur attaque redoutable.

 

D’ailleurs, si Rem Pitlick avait pu profiter du tir de pénalité obtenu en fin de période médiane pour permettre au Canadien de marquer un cinquième but de suite et d’ainsi prendre les devants, l’issue du match aurait sans l’ombre d’un doute été différente tant les Jets étaient sur les talons et complètement déstabilisés par la remontée du Tricolore.

 

Mais ce n’est pas arrivé.

 

Un club encore démuni

 

Ce n’est pas arrivé parce que le Canadien est toujours un club ordinaire. Un club démuni. Un club qui ne gagnera pas tous les soirs. En dépit tout ce que Martin St-Louis fait de bien depuis son entrée en scène, le Tricolore a encore des tas de choses à améliorer.

 

À commencer par sa discipline.

 

Josh Anderson mérite des accolades pour son premier tour du chapeau en carrière. Il mérite toutefois des reproches pour les deux pénalités écopées en territoire ennemi ; deux pénalités qui ont annulé deux attaques massives du Canadien.

 

Jeff Petry a écopé une vilaine pénalité qui a permis aux Jets de marqué en fin de deuxième période pour retourner au vestiaire avec une maigre avance d’un but qui a permis de souffler un brin au lieu de passer l’entracte à vociférer sur la remontée du Tricolore.

 

Brendan Gallagher a non seulement prolongé à 17 sa séquence de matchs consécutifs sans but, séquence au cours de laquelle il n’a récolté que trois passes, mais il a écopé deux pénalités inutiles en troisième période. Deux pénalités écopées parce qu’il était en retard sur le jeu. Deux pénalités qui ont permis aux Jets de prendre des avances de 6-4 et 7-4.

 

Gallagher a mis son club dans le pétrin. C’est vrai. Mais que dire de Joel Armia qui a perdu la rondelle à la ligne bleue adverse en tentant un jeu risqué au lieu de tirer la rondelle en fond de territoire pour permettre à son club de souffler un peu. Armia avait bien fait quelques secondes plus tôt avec un bon repli. Il a ensuite tout bousillé avec ce jeu absurde qui a mené au septième but des Jets, le 22e de la saison de Pierre-Luc Dubois.

 

Mike Hoffman s’est aussi permis un revirement coûteux comme il les a multipliés au cours de sa carrière.

 

« Des unités spéciales qui font mal »

Autre facteur à améliorer, le Canadien doit être bien meilleur en attaque massive. Il s’est contenté d’un but en six occasions mardi. Vrai que Josh Anderson en a bousillé deux avec des mauvaises pénalités et que Brett Kulak en a bousillé une autre en étant chassé lui aussi.

 

Mais quand même : le Canadien s’est contenté de deux buts en 29 tentatives depuis l’arrivée de Martin St-Louis pour une efficacité bien inefficace de 6,9 %.

 

Le nouveau coach du Canadien a marqué 101 des 391 buts qu’il a enfilés en carrière en avantage numérique. Il a récolté 216 de ses 1033 points en supériorité numérique. Bien hâte de le voir prendre une part active dans les stratégies de son équipe en attaque massive.

 

Tout ça pour dire que le Canadien a bien mal amorcé la rencontre de mardi. Qu’il a contribué à sa perte avec des erreurs bêtes et de très mauvaises et trop nombreuses pénalités. Que Samuel Montembeault qui a été remplacé après avoir accordé sept buts sur 23 tirs.

 

Mais le fait qu’il ait trouvé une façon de combler un recul de quatre buts pour revenir dans un match dont il était totalement largué s’ajoute aux nombreux signes positifs associés à l’entrée en scène de Martin St-Louis.

 

Et ça, c’est encourageant.