Après le congé de Noël et une pause anormalement longue de six jours pour le Canadien cette année, on pouvait s’attendre à n’importe quoi du duel Canadien-Lightning.

À un match complètement axé sur l’attaque ;

À un match marqué par une surmultiplication d’erreurs défensives, de pénalités de paresse, de revirements ;

On a plutôt eu droit à un match défensif. Très. Presque trop.

Mais comme Michel Therrien l’a dit avec beaucoup d’à propos après la partie, son équipe n’était pas à Tampa pour donner un spectacle aux nombreux partisans venus du Nord. Et comme il ne faisait pas vraiment beau dans le Sud, il ne pouvait pas non plus s’offrir du soleil.

Le Canadien s’est donc contenté de jouer au hockey d’une façon simple, ordonnée, hermétique. Une combinaison qui lorsqu’elle est bien appliquée assurera bien plus de victoires que de revers.

Et vous savez quoi ? Je crois qu’on doit s’attendre à exactement le même genre de match dimanche – attention la partie est à 17 h – à Sunrise face aux Panthers.

Le Tricolore et le Lightning se sont livré le genre de match qui militerait pour un retour aux bons vieux verdicts nuls. Car ni Tampa ni Montréal ne méritaient vraiment les deux points de la victoire.

Canadiens 2 - Lightning 1 (Tirs de barrage)

Mais le brio de Carey Price en séance de tirs de barrage a fait la différence. Et une victoire, surtout sur la route, peu importe le comment, ça demeure une victoire…

Comme c’est arrivé souvent cette année, Carey Price a profité d’un match relativement tranquille alors que ses coéquipiers ont bien fermé le jeu. Après deux périodes, il n’avait affronté que neuf tirs. Le fait qu’il avait accordé un but à Martin St-Louis (un 17e et un 38e point en 38 matchs cette saison) était de nature à faire baisser ses statistiques personnelles.

Sa tenue irréprochable en troisième alors qu’il a été plus occupé et surtout ses trois arrêts consécutifs en tirs de barrage lui ont permis de démontrer une fois encore pourquoi il doit – et je dirais il est – considéré le gardien numéro d’Équipe Canada à quelques semaines du tournoi olympique de Sotchi.

Price a signé sa première victoire (deux revers) en tirs de barrage cette saison. Il n’a accordé que deux buts en sept tirs. C’est excellent.

Bel équilibre

Parce que Price ne peut pas marquer à l’autre bout, Lars Eller s’en est chargé. Il a marqué le seul but nécessaire pour couronner la victoire.

Après quelques essais en début de saison, Michel Therrien a trouvé une combinaison qui fait plus que son affaire en confiant à Lars Eller, David Desharnais et Brendan Gallagher le défi d’être aussi bon à leur bout de patinoire que Carey Price l’est au sien.

Eller a marqué pour une troisième fois cette saison. Il est trois en trois.

David Desharnais a complètement raté son coup. Il serait difficile de lui tomber dessus à bras raccourci, car il était trois en trois avant de s’élancer devant Ben Bishop qui doit bien être deux fois plus gros que lui.

Et Gallagher ? Il est toujours en quête de son premier but cette année en tirs de barrage. Mais parce que les gardiens – Budaj n’a concédé que quatre buts en 10 occasions – sont brillants et que ceux qui le précèdent le sont plus encore, il n’a pas beaucoup eu l’occasion de se signaler…

Ce bel équilibre en tirs de barrage est à l’image du match d’hier.

Si la feuille de pointage dit vrai – et je n’ai aucune raison de croire qu’elle ment – trois joueurs du Canadien seulement ont passé plus de 20 minutes sur la glace. Trois défenseurs : Markov (26:47), Subban (26:31) et Emelin (22:40)

Tous les autres ont joué plus ou moins également.

Bon! Daniel Brière a encore été l’attaquant le moins sollicité (10:37) mais Michel Therrien a fait appel à tout son monde hier.

À titre de comparaison, six joueurs du Lightning ont passé entre 20:44 (Ondrej Palat) et 27:27 (Victor Hedman) sur la patinoire.

Subban : rien d’éclatant

Les fans de P.K. Subban qui espéraient voir leur favori profiter d’une partie sous les yeux de Steve Yzerman – en plus d’être d.-g. du Lightning il s’occupe de la sélection d’Équipe Canada – pour assurer sa place au sein de la formation, ou au moins la mousser, sont repartis déçus.

Bien que la feuille de pointage n’en fasse pas mention, Subban a commis quelques revirements coûteux dans on territoire. Il était d’ailleurs sur la patinoire sur le but de St-Louis.

Rien d’alarmant. J’en conviens. Rien pour le sortir de la course. Mais comme Subban doit combattre ce préjugé qu’il traîne match après match, une grosse partie défensive l’aurait grandement aidé.

Et s’il avait pu faire oublier ses quelques lacunes défensives par des exploits à l’attaque, par un tir foudroyant de la pointe qui aurait permis au Tricolore de tirer profit de l’un ou l’autre de ses trois avantages numériques, il aurait aussi aidé sa cause.

Mais il ne l’a pas fait.

P.K. n’a pas officialisé sa place au sein d’Équipe Canada hier. Du moins, je ne crois pas. Mais je suis tout aussi convaincu qu’il ne s’est pas sorti de l’équipe et qu’il sera de la brigade défensive du Canadien en Russie en février prochain.

St-Louis : impérial

Dans le cas de Martin St-Louis, c’est tout le contraire.

Après sa bévue monumentale de l’avoir écarté de l’équipe canadienne qui a remporté l’or à Vancouver en 2010, je suis convaincu que Steve Yzerman a déjà ajouté au nom de Sidney Crosby, et de quelques autres, celui de Martin St-Louis au sein de son équipe de rêve.

Pas juste pour faire oublier son erreur d’il y a quatre ans. Mais parce que St-Louis respecte en tous points les critères de sélection imposés par le club.

Malgré ses 38 ans, St-Louis demeure l’un des joueurs les plus travaillants lorsqu’il saute sur la glace.

Malgré son âge et le fait qu’il soit privé de Steven Stamkos, St-Louis demeure une menace constante offensivement.

Mais plus encore, son intelligence, son expérience et son désir de vaincre assurent un entraîneur-chef du dévouement défensif de tous les instants de la part du petit attaquant québécois.

St-Louis en a fait la preuve par 1000 en première période lorsqu’il a fait avorter une menace sérieuse à deux contre un du Canadien en interceptant une passe que David Desharnais offrait à Alex Galchenyuk pour lui permettre d’ouvrir le pointage et d’enfiler son 11e de la saison.

Sans l’intervention de St-Louis, une intervention qui lui a permis de déployer autant son ardeur au jeu que son intelligence sur la patinoire, Galchenyuk aurait marqué.

C’est avec des jeux comme celui réalisé samedi par St-Louis – et l’ensemble de son œuvre également, puisqu’il en réalise des similaires autant en attaque qu’en défensive sur une base régulière – qu’un joueur s’assure d’une place au sein d’une équipe de rêve.

Les chiffres du match

1- Parfaits encore samedi soir (3-3), les spécialistes du désavantage numérique du Canadien dominent la LNH avec une efficacité de 91,1 % (cinq buts accordés en 56 occasions) sur la route. Globalement, le Canadien partage le 4e rang avec les Devils (86,7 %)…

3 – Bien qu’il n’ait disputé que 17 des 37 matchs du Lightning, Steven Stamkos occupe toujours le 3e rang des marqueurs de son équipe (14 buts, 23 points) derrière Valterri Filpulla (13 buts, 28 points) et Martin St-Louis (17 buts, 38 points)…

23 - Acquis des Sénateurs d’Ottawa en retour de Cory Conacher l’an dernier, le gardien Ben Bishop a permis au Lightning de soutirer au moins un point dans 23 des 28 matchs qu’il a disputés cette année. Il affiche un dossier de 20-5-3 avec une moyenne de 1,89 but accordé par rencontre et une efficacité de 93,5 %...

30 – Tomas Plekanec revendique maintenant 169 buts en carrière avec le Canadien. Il vient de devancer Shayne Corson et Gilles Tremblay (168) et n’est plus qu’à trois buts de Bobby Smith et du 30e rang dans l’histoire du Canadien.

89 – avec son but aux dépens du Canadien, Martin St-Louis affiche une récolte de 950 points dans la LNH, deux de moins que Rick Tocchet qui occupe le 89e rang…

2875 – Le vétéran défenseur Jean-Philippe Côté – oui, oui, le fils d’Alain Côté qui a marqué le but des Nordiques qui était bon aux dépens du Canadien et qui a été refusé – disputait hier son 4e match avec le Lightning depuis son rappel de Syracuse dans la Ligue américaine. Ancien de l’organisation du Canadien, Côté a dû patienter 2875 jours et endosser l’uniforme de trois équipes dans la LAH et deux autres en Allemagne entre son dernier match dans la LNH avec le Tricolore, le 4 février 2006, et son premier avec le Lightning le 19 décembre 2013…