MONTRÉAL – Jim Hulton avaient certaines demandes bien précises lorsqu’il a commencé à établir avec son homologue des Voltigeurs de Drummondville les paramètres d’une transaction impliquant son défenseur étoile Pierre-Olivier Joseph.

En gros, il souhaitait faire le plein de bons choix au repêchage et recevoir un joueur établi en retour. Éventuellement, un assemblage de trois choix a été associé au défenseur Xavier Bernard pour composer l'essentiel du pactole qu'il recevrait.

« En entendant mon nom par le Canadien, j'ai sauté de joie! » - William Trudeau

À la fin, pour la forme, il a demandé qu’un dernier élément soit ajouté dans le troc pour qu’un marché soit conclu. Une liste de jeunes joueurs lui a été proposée. Son choix s’est arrêté sur William Trudeau.

« Pour être parfaitement honnête avec toi, tout le crédit revient à mon personnel de recruteurs, a raconté en entrevue à RDS l’entraîneur-chef et directeur général des Islanders de Charlottetown samedi. On voulait juste ajouter un nom de plus dans la transaction. On m’a recommandé William et j’en suis assurément reconnaissant aujourd’hui. Mais je ne pense pas que quiconque, à ce moment-là, pensait qu’on venait de mettre la main sur un futur choix de quatrième ronde dans la Ligue nationale. »

Trudeau, qui a été sélectionné par le Canadien au 113e rang samedi, n’était même pas certain d’être repêché dans la LHJMQ il y a trois ans. Il s’était rendu à Shawinigan, où avait lieu l’encan annuel des joueurs midget, sans attente. Il avait finalement entendu son nom en onzième ronde.

« Juste là, j’étais super content », s’est-il remémoré avec humilité samedi.

Les attentes de Hulton étaient tout aussi modérées quand Trudeau s’est présenté pour son premier camp d’entraînement à l’Île-du-Prince-Édouard après une saison avec les Gaulois de St-Hyacinthe. Et ce qu’il a vu ne l’a pas soufflé.

« Il était juste correct. Rien de spécial ne ressortait de son jeu. Mais il était quand même solide, constant et on a éventuellement découvert ce qui allait devenir l’histoire de la carrière de William : il n’arrête jamais de s’améliorer. »

Trudeau admet que son ajustement à l’heure des Maritimes n’a pas été facile. « Tout se passait en anglais, j’étais loin de ma famille », dit-il. « Il était très nerveux au début, corrobore Hulton. Sa première année avec nous en a été une de défis. »

« Mais quand j’ai commencé à prendre confiance en moi et à jouer plusieurs matchs, je trouve que mon jeu a monté d’un cran », ajoute le jeune homme originaire de Varennes.

Hulton estime qu’une plus grande familiarité avec son environnement a fait de Trudeau un joueur transformé cette année. D’un joueur prudent et sans artifice, il l’a vu ajouter graduellement de nouvelles dimensions à son jeu.

« Pour moi, sa plus grande qualité est sa compréhension du jeu. C’est un joueur de hockey extrêmement intelligent. Il met rapidement en application ce qu’on lui apprend, il est capable de s’ajuster rapidement devant différentes situations et son sens du jeu est à un niveau supérieur. C’est vraiment ce qui ressort pour moi. »

« Je pense que ma relance et ma première passe font de moi un joueur qui se démarque un peu plus, a offert le défenseur gaucher en guise d’autoportrait. J’utilise aussi mon QI hockey pour faire des jeux que des fois d’autres joueurs seraient moins capables de faire. »

Lucide, Trudeau s’engage à améliorer l’explosivité de son coup de patin à reculons et la qualité de ses pivots.

« Si quelqu’un rejette la rondelle dans le fond de notre zone, des fois je peux perdre un peu de temps et à la place d’arriver premier sur la rondelle, je me retrouve dans des batailles à 1-contre-1. Ces deux choses-là, ce sont des choses que je dois améliorer si je veux atteindre le prochain niveau. »

Hulton ne croit pas que Trudeau, qui a amassé 31 points en 40 matchs de saison régulière, soit appelé à développer un profil offensif chez les pros. Pourtant, dans son traditionnel bilan d’après-repêchage, le directeur adjoint du Canadien Trevor Timmins a offert un son de cloche différent.

« Il a cette patience qui ne s’apprend pas avec la rondelle. On le voit être capable d’aider sur le jeu de puissance. Il a de bons instincts offensifs et on aime sa capacité à transporter la rondelle », a offert Timmins en guise d’évaluation.

Si le passé est garant de l’avenir, le Canadien devra sans doute être patient avant de voir son nouvel espoir entrer dans ce moule. Mais Trudeau a jusqu’ici su récompenser ceux qui ont cru en lui.

Les entraîneurs l’adorent parce qu’il est autonome et sait se prendre en main. De le voir repêché aujourd’hui par le Canadien, c’est toute une histoire », conclut Hulton.