Le Canadien de Montréal a immortalisé plus de numéros que toute autre organisation de la Ligue nationale de hockey, un phénomène bien compréhensible si l'on considère la longévité de l'équipe et tous les championnats qu'elle a remportées.

Les numéros de Jacques Plante (1), Doug Harvey (2), Jean Béliveau (4), Bernard Geoffrion (5), Howie Morenz (7), Maurice Richard (9), Guy Lafleur (10), Dickie Moore et Yvan Cournoyer (12), Henri Richard (16), Serge Savard (18), Larry Robinson (19), Bob Gainey (23), Ken Dryden (29) et Patrick Roy (33) sont tous suspendus au-dessus de la glace du Centre Bell.

Ainsi, la plupart des joueurs de l'équipe arboreront de "gros numéros" lorsque le Canadien célébrera le 100e anniversaire de son existence en accueillant les Bruins de Boston lors d'un match disputé le 4 décembre, un vendredi soir - un fait rare en soi à Montréal.

Au sein de la cuvée 2009-2010 du Canadien, seulement six joueurs portent des numéros inférieurs à 20, pour la simple et bonne raison que le choix est plutôt restreint. A un moment où l'autre de la saison en cours, au moins 16 joueurs ont revêtu un chandail dont le numéro était de 40 ou plus.

7-Howie Morenz - 2 novembre 1937

Morenz a été l'une des premières super-vedettes du hockey. Il a choisi le numéro 7 parce qu'il a signé son contrat le sept du septième mois 1923. L'attaquant de cinq pieds neuf pouces a remporté le trophée Hart en 1928, 1931 et 1932 et contribué à trois conquêtes de la coupe Stanley.

Lors d'un match disputé le 28 janvier 1937, Morenz a subi de multiples fractures à une jambe et a rendu l'âme moins de deux mois plus tard, le 8 mars, à l'âge de 34 ans, lorsqu'un caillot sanguin a provoqué un arrêt cardiaque. Des milliers d'amateurs ont circulé devant son cercueil, exposé en chapelle ardente au Forum, pour lui rendre hommage.

En 1945, Morenz a fait partie du premier groupe de 12 joueurs à être intronisés au Temple de la renommée du hockey. Sa ville natale de Mitchell, en Ontario, affiche encore aujourd'hui un panneau routier rappelant aux automobilistes le statut légendaire du "Météorite de Mitchell".

9-Maurice Richard - 6 octobre 1961

Le Rocket a été élu le joueur le plus utile à son équipe en 1947 et mené le Canadien à huit coupes Stanley. Il a été le premier hockeyeur de l'histoire à marquer 50 buts, un exploit qu'il a réalisé en 50 matchs en 1944-1945, et également le premier à atteindre le plateau des 500 buts en carrière. Il a mené la ligue au chapitre des buts marqués lors de quatre saisons et le trophée remis au meilleur buteur de la LNH, instauré en 1998, porte son nom.

L'impact de Richard, un fougueux ailier droit, a transcendé son sport. Lorsque la LNH lui a imposé une suspension en 1955, une émeute a éclaté à Montréal. Compte tenu de l'intensité de son jeu et de toutes ces échauffourées auxquelles il a été mêlé pendant sa carrière de 18 saisons avec le Canadien, il est difficile de croire qu'il mesurait à peine cinq pieds dix pouces et pesait 170 livres. Une biographie de Richard sur le site internet de l'équipe l'identifie comme étant "l'âme et le coeur de l'illustre histoire du Canadien de Montréal".

Richard portait le numéro 15 lors de sa saison recrue, en 1942-43, durant laquelle il a subi une fracture d'une jambe lors de son 16e match. Avant sa deuxième saison dans la ligue, l'épouse de Richard a donné naissance au premier enfant du couple, Huguette, qui pesait neuf livres. Donc, lorsque le numéro 9 est devenu disponible après le départ de Charlie Sands, Richard s'en est rapidement approprié. Par la suite, lorsqu'il accordait un autographe, il ajoutait toujours un 9 entouré d'un cercle. Richard est décédé en l'an 2000 à l'âge de 78 ans.

4-Jean Béliveau - 4 octobre 1971

Ce talentueux joueur de centre était doté d'une vitesse qui pouvait étonner, maniait la rondelle avec un doigté magnifique, un merveilleux fabricant de jeux et surtout, un homme d'une grande classe. Béliveau a mérité le trophée Hart en 1956 et en 1964 et, en 1965, il est devenu le premier lauréat du trophée Conn-Smythe, remis au joueur par excellence des séries éliminatoires.

Béliveau a aidé le Canadien à gagner la coupe Stanley en dix occasions et tenu le titre de capitaine lors des dix dernières saisons de sa carrière de 20 ans. Il s'agit du plus long règne de capitaine dans l'histoire de l'équipe. Il a été, et demeure aujourd'hui, à l'âge de 78 ans, l'un des plus grands modèles de comportement de l'histoire du hockey.

16-Henri Richard - 10 décembre 1975

Surnommé le "Pocket Rocket", le frère cadet de Maurice Richard était un joueur talentueux et polyvalent, et dont les 11 bagues de la Coupe Stanley lui confèrent le plus grand nombre de championnats dans l'histoire du sport professionnel en Amérique du Nord - à égalité avec Bill Russell des Celtics de Boston.

Richard ne mesurait que cinq pieds sept pouces et faisait osciller la balance à 160 livres, mais cela ne l'empêchait pas de foncer au filet et de batailler avec vigueur dans les coins de patinoires et le long des rampes, au point de tout laisser sur la patinoire. Il a été le capitane du Canadien lors des quatre dernières saisons de sa carrière et disputé plus de matchs que tout joueur ayant revêtu le fameux chandail tricolore.

10-Guy Lafleur - 16 février 1985

Lafleur s'est joint au Canadien la même année que Béliveau a mis un terme à sa carrière, et les dirigeants de l'équipe voulaient qu'il porte le numéro 4, celui qu'il avait avec les Remparts de Québec, pour signaler l'arrivée du nouveau Béliveau. L'ancien capitaine du Canadien n'avait aucune objection à ce que Lafleur arbore le numéro 4, mais Lafleur a refusé. Il n'avait pas besoin d'autant de pression.

Grâce à ses poussées spectaculaires et son foudroyant tir frappé, Lafleur est devenu le meilleur attaquant de la LNH durant les années 70 et a aidé le Canadien à gagner cinq coupes Stanley dont quatre consécutives entre 1976 et 1979.

Il a remporté le championnat des marqueurs lors de trois saisons consécutives, mérité deux fois le titre de joueur le plus utile à son équipe, remporté le trophée Lester Pearson en trois occasions et élu joueur par excellence des séries éliminatoires en 1977.

2-Doug Harvey - 26 octobre 1985

L'un des meilleurs défenseurs offensifs du hockey, Doug Harvey a été coéquipier des Richards et de Béliveau lorsque l'équipe a remporté ses cinq coupes Stanley consécutives à compter de 1956.

Vainqueur du trophée Norris en six occasions, Harvey était le quart-arrière d'un redoutable avantage numérique qui a aidé l'équipe à forger cette dynastie. Il a rendu l'âme en 1989, à l'âge de 65 ans, d'une cirrhose du foie.

1-Jacques Plante - 7 octobre 1995

Jacques Plante a affiché la meilleure moyenne de buts alloués dans la LNH lors de chacune des cinq saisons où le Canadien a gagné la coupe Stanley à la fin des années 50.

Reconnu pour son agilité et pour son habileté à couvrir ses angles, Plante a été un véritable innovateur et est devenu le premier gardien à porter un masque sur une base régulière pendant les matchs. De plus, il aimait la couture.

En 1961-1962, il est devenu le premier gardien à se voir remettre les trophées Vézina et Hart lors de la même saison, un exploit répété par deux autres gardiens, soit Dominik Hasek et José Théodore. Plante a participé à plus de matchs et récolté plus de victoires que tout autre gardien dans l'histoire du Canadien.

Il a succombé à un cancer de l'estomac en 1986 à l'âge de 57 ans.

12-Dickie Moore, Yvan Cournoyer - 12 novembre 2005

À compter du 12 novembre 2005, lorsque l'équipe a retiré le numéro 12 qu'ont tour à tour porté Dickie Moore et Yvan Cournoyer, l'organisation du Canadien a honoré les carrières de huit joueurs.

Moore est devenu le sixième membre de la dynastie de la fin des années 50 à voir son chandail retiré. Cet infatigable ailier gauche excellait dans toutes les phases du jeu et a dominé les marqueurs de la ligue en 1958 et en 1959.

En vertu de son exceptionnelle rapidité, Cournoyer a hérité du sobriquet Road Runner et a été l'un des attaquants les plus spectaculaires de son époque. Entre 1963 et 1979, Cournoyer a collectionné dix bagues de la coupe Stanley, et s'est vu remettre le trophée Conn-Smythe pour ses performances lors des séries éliminatoires du printemps de 1973.

5-Bernard Geoffrion - 11 mars 2006

Geoffrion a été surnommé Boum Boum après avoir perfectionné le tir frappé. Mais il était aussi un brillant passeur et fabricant de jeu et a remporté deux championnats des marqueurs. Il a aussi été élu joueur par excellence de la LNH en 1961.

Le destin a voulu que Geoffrion rende l'âme le matin où le Canadien allait retirer son chandail, des suites d'un cancer de l'estomac. Geoffrion a tenu à ce que la cérémonie ait lieu malgré tout, et les membres de sa famille, ses amis et bon nombre des 21 273 spectateurs massés dans les gradins du Centre Bell n'ont pu retenir leurs larmes lors de l'émouvant hommage.

Geoffrion avait déjà confié à son épouse, Marlene, que son numéro irait rejoindre un jour celui de son père, Howie Morenz, au-dessus de la glace. Lors de la cérémonie en l'honneur de Geoffrion, on a d'abord baissé la bannière de Morenz, et lorsque celle de Geoffrion s'est retrouvée à sa hauteur, les deux ont été hissées ensemble dans les hauteurs du Centre Bell.

La cérémonie a eu lieu exactement 69 ans après les funérailles de Morenz, et exactement dix ans après la fermeture du Forum de Montréal.

18-Serge Savard - 18 novembre 2006

Serge Savard a mérité huit bagues de la coupe Stanley entre 1966 et 1981. Plutôt rapide et habile manieur de rondelles, malgré un imposant physique, Savard n'a jamais cessé de déjouer ses adversaires avec son fameux demi-tour.

En 1969, il est devenu le premier défenseur dans l'histoire de la LNH à recevoir le trophée Conn-Smythe.

29-Ken Dryden - 29 janvier 2007

Même s'il n'avait pris part qu'à six rencontres du calendrier régulier, Dryden est parvenu à mener le Canadien à une inattendue coupe Stanley au printemps de 1971. Il est le seul joueur dans l'histoire de la LNH à avoir remporté le Conn-Smythe, remis au joueur par excellence des séries éliminatoires, avant le trophée Calder, accordé à la recrue par excellence.

Reconnu pour sa célèbre pose où il plaçait son menton sur ses bras croisés, appuyés sur le bout de son bâton, Dryden a remporté six coupes Stanley et cinq trophées Vézina en neuf saisons

19-Larry Robinson - 19 novembre 2007

Surnommé "Big Bird" en raison de sa crinière blonde lors des premières années de sa carrière, Robinson a été l'un des défenseurs les plus dominants de son époque. Il compte six conquêtes de la coupe Stanley, a gagné le trophée Norris en deux occasions (1977 et 1980) et détient de nombreux records offensifs parmi les défenseurs de l'histoire du Canadien.

Robinson a participé aux séries éliminatoires à chacune de ses 17 saisons avec le Canadien et seul Henri Richard a disputé plus de matchs en saison régulière avec le Tricolore.

23-Bob Gainey - 23 février 2008

Gainey a contribué à cinq coupes Stanley et remporté le trophée Conn-Smythe à l'issue des séries éliminatoires du printemps de 1979. Il a également mérité le trophée Frank-Selke, remis au meilleur attaquant défensif du circuit, lors des quatre premières années suivant la création de cet honneur.

Lors de la cérémonie en son hommage, Gainey a revêtu l'uniforme et effectué quelques tours de patinoire sous les applaudissements nourris du public.

33-Patrick Roy - 22 novembre 2008

Dernier joueur de l'histoire de l'équipe à mériter pareil honneur, Roy a influencé toute une génération de gardiens de buts grâce à son style papillon. Il a été le lauréat du trophée Conn-Smythe lors de chacune des deux dernières conquêtes de la coupe Stanley du Canadien, en 1986 et en 1993.

À quand le prochain chandail retiré? Ca pourrait prendre bien des années...