Daniel Carcillo dénonce l'intimidation dont il a été victime
OHL lundi, 26 nov. 2018. 20:57 samedi, 23 nov. 2024. 07:52Daniel Carcillo en a assez. Il en a assez de devoir se taire, de devoir protéger des gens qui l'ont fait souffrir.
En deux longs gazouillis, l'ancien joueur de hockey a choisi de dénoncer l'intimidation dont il a été victime à sa première année dans la Ligue de hockey de l'Ontario (OHL) avec le Sting de Sarnia, en 2002-2003, alors qu'il n'avait que 17 ans.
« C'était la pire année de ma vie. Et j'ai été enrôlé dans la LNH et j'ai réalisé mes rêves », a déclaré lundi Carcillo, un choix de troisième ronde des Penguins de Pittsburgh en 2003, dans un entretien téléphonique avec La Presse canadienne.
Âgé aujourd'hui de 33 ans, Carcillo a eu l'inspiration de raconter son expérience après avoir entendu parler d'une nouvelle concernant une agression sexuelle présumée impliquant des athlètes du St. Michael's College, une école privée réservée aux garçons à Toronto, qui a été filmée. Le natif de King City, en Ontario, a cru qu'il serait bien de partager son histoire dans le cadre de la Semaine de sensibilisation à l'intimidation de Twitter.
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Sur son compte vérifié, Carcillo a raconté avoir été battu quotidiennement avec le bâton d'un gardien de but. Il a également décrit ce qu'il a nommé le « shower train » dans lequel les recrues étaient obligées de s'asseoir par terre dans la douche alors que les vétérans urinaient ou crachaient du tabac à chiquer sur eux ou à proximité, leur jetant parfois de la crème à raser.
Carcillo a décrit d'autres scènes choquantes à La Presse canadienne, notamment celle d'avoir été obligé de cueillir des pommes dans une glacière remplie de déchets, notamment de pizzas, d'urine et de crachats.
« Je ne peux pas m'empêcher de partager ces histoires. Ce sport et cette culture m'ont enlevé beaucoup choses dans la vie », a déclaré Carcillo, plaignant dans le cadre d'un recours collectif contre la LNH pour le traitement des blessures à la tête. Un règlement provisoire de 18,9 millions $ américains dans cette poursuite a été annoncé le 12 novembre.
« Je veux juste m'assurer que les gens comprennent cette réalité. Que les parents comprennent ce qui se passe réellement et que cela se produise bien plus souvent que le simple fait que j'en parle. »
Carcillo a déclaré qu'il avait atteint un point de non-retour en 2003 lorsque lui et six ou sept autres recrues ont été embarrés dans les toilettes dans un autobus nolisé lors d'un voyage de 45 minutes entre Sarnia et London. Tandis que les joueurs torse nu étaient embarrés dans l'espace confiné, des vétérans crachaient leur tabac à chiquer à travers un orifice d'aération.
Durant cette saison-là, Carcillo a contacté David Branch, le commissaire de la OHL, pour l'informer des problèmes dans le vestiaire de Sting.
Branch n'était pas disponible pour commenter la situation lundi, mais un porte-parole de la ligue a déclaré que Branch avait attiré l'attention des groupes de propriétaires et de gestionnaires de Sarnia sur cette situation et qu'il avait commencé à imposer de lourdes amendes aux équipes au sein desquelles les joueurs vivaient du harcèlement.
« La OHL a réagi aux préoccupations qu'il avait exprimées au cours de sa saison recrue », lit-on dans un communiqué publié par la OHL à La Presse canadienne.
« La ligue, qui a une tolérance zéro en matière de harcèlement, applique depuis plusieurs années des politiques visant à prévenir le harcèlement ou l'intimidation. Aujourd'hui, dans la OHL, tous les joueurs reçoivent une formation à la prévention de l'intimidation par le biais de leur équipe. Les joueurs sont encouragés à faire part de leurs préoccupations sans crainte de représailles. »
En octobre 2005, Moe Mantha, des Spitfires de Windsor, a écopé d'une suspension d'un an en tant que directeur général et d'une suspension de 25 matchs à titre d'entraîneur pour un incident d'harcèlement mettant en cause plusieurs de ses joueurs. Puis, en 2009, le conseil des gouverneurs de la OHL a mis au point un programme conçu pour remédier aux violations des règles de harcèlement pour tenter d'éliminer les incidents, ainsi que pour imposer les sanctions appropriées.
Jeff Perry, l'entraîneur-chef de l'équipe de Sarnia en 2002-03, s'est dit inquiet pour Carcillo et déçu par ses joueurs vétérans lorsqu'il a lu les allégations de Carcillo le week-end dernier.
« Nous ne savions certainement pas que qui se passait à l'époque. Il n'y a aucune raison pour que le Sting de Sarnia, le groupe de gestion ou le personnel d'entraîneurs aient soutenu ces gestes si ces allégations sont vraies, a déclaré Perry. Difficile de faire un commentaire formel, mis à part, évidemment, cela a beaucoup affecté Daniel (Carcillo), qui est, je pense, un grand jeune homme, qui a poursuivi une carrière fantastique. »
« C'est certainement inquiétant d'entendre que ces événements ont probablement eu lieu. »
Perry a souligné que les entraîneurs ne peuvent pas être partout et que des incidents présumés comme le "shower train" décrit par Carcillo peuvent facilement se produire à l'insu des entraîneurs.
« Nous ne pouvons pas rester dans les douches pour des raisons évidentes, a soutenu Perry. Vous espérez certainement que votre groupe de direction, vos joueurs vétérans, ne feraient pas ce que prétend Daniel. »
Carcillo, a cependant insisté sur le fait que Perry était au courant du traitement auquel il avait été soumis, ainsi que d'autres recrues.
« Pour être honnête, j'aime bien Jeff (Perry). C'est vrai. Je ne le blâme pas et je ne le blâme pas (l'entraîneur adjoint Greg Walters), a reconnu Carcillo. Je blâme les gars qui m'ont fait ça. »
« Je suis passé par-dessus ça. Je ne veux pas gâcher la vie de ces gars parce que certains d'entre eux sont encore reliés au hockey mineur. »
Au moment des faits allégués, les frères Ciccarelli étaient propriétaires du Sting. Rob Ciccarelli était le président de l'équipe et de gouverneur jusqu'en janvier 2015, date à laquelle l'équipe a été vendue à Derian Hatcher et David Legwand, anciens joueurs des LNH. Rob Ciccarelli n'a pas non plus immédiatement répondu à une demande d'entrevue.