BUFFALO (PC) - Ray Emery possède une garde-robe à rendre jalouse Imelda Marcos, l'ancienne première dame des Philippines qui a déjà possédé, dit-on, plus de 1000 paires de chaussures. Le gardien des Sénateurs d'Ottawa est assurément un original.

Il est attendu avec impatience chaque fois qu'il se présente à l'aréna le jour d'un match. On ne sait jamais comment il sera vêtu. En costume bleu ciel, jaune, rose ou vert, les souliers toujours bien coordonnés.

"J'aime ressortir de la foule. J'ai toujours été comme ça, même petit. Ca fait partie de ma personnalité", raconte Emery, un gars natif de Hamilton qui s'exprime toujours à voix basse comme s'il ne voulait pas réveiller le voisin.

Jusqu'ici, Emery s'est surtout fait remarquer par ses commentaires. Il a déjà dit avoir toujours détesté le Canadien, qu'il préférait les Maple Leafs de Toronto lorsqu'il était jeune. Récemment, il a déclaré qu'il aurait aimé affronter les Rangers de New York "car il y a plus à faire à Manhattan qu'à Buffalo".

Sur la glace, Emery s'est fait remarquer pour son coup de bâton à l'endroit de Maxim Lapierre qui lui a valu une suspension de trois matchs. Il s'est également battu en février contre Martin Biron et le robuste Andrew Peters, des Sabres.

Un cafard

Ses coéquipiers le connaissent bien. Ils n'hésitent pas à lui lancer des défis. Le capitaine Daniel Alfredsson l'a ainsi défié à manger un cafard (coquerelle) alors que l'équipe se trouvait en Caroline. Pour 500 $ US, Emery a avalé l'insecte. Il a ensuite utilisé l'argent pour se faire faire un tatouage aux formes géométriques sur le bras droit.

"C'était pas si mauvais", assure-t-il.

Grand amateur de boxe et de lutte, Emery a le visage de George Chuvalo peint sur son masque. La direction des Sénateurs lui avait suggéré d'enlever celui de Mike Tyson.

Un grand athlète

Malgré son côté excentrique, Emery est un bon gardien et un grand athlète.

"Peu de joueurs sont aussi forts que lui, dit Bryan Murray. C'est tout un athlète. Il possède de grandes habiletés."

Emery, 24 ans, s'est imposé à partir de la mi-novembre. Les Sénateurs ne gagnaient pas et Martin Gerber n'arrivait pas à retrouver son aplomb.

"Il a commencé à jouer et il a remporté des matchs, ce qui lui a donné confiance. C'est à ce moment qu'il est devenu notre gardien titulaire", explique l'entraîneur des Sénateurs.

Emery a conclu la saison fort d'un dossier de 33-16-6, une moyenne de 2,47 et un taux d'efficacité de ,918. Il a aussi enregistré cinq jeux blancs.

"Sa technique est plus assurée, dit Murray. Il se laisse atteindre par la rondelle au lieu de chercher à saisir le disque.

"Il est aussi très fort mentalement. A ses débuts, il fallait le défier constamment. Aujourd'hui, il est devenu l'un de nos points forts."

Emery aime bien les défis.

"Ca me stimule, dit-il. J'aime me retrouver dans le rôle de négligé et que la foule est contre moi. Lorsqu'on gagne, j'ai le sentiment d'avoir accompli quelque chose."

En séries, Emery a élevé le niveau de son jeu. Il compte neuf victoires et présente une moyenne de 2,03 ainsi qu'un taux d'arrêts de ,917.

"Je crois avoir atteint mon but, dit-il. Sauf qu'il faut continuer. Les choses peuvent changer très rapidement dans le sport."