Collaboration spéciale Anouk Grignon-L'Anglais - Une feuille d'érable recouverte des anneaux olympiques se cache dans le bas du dos d'Isabelle Chartrand, médaillée d'or aux Jeux olympiques de Salt Lake City.

" Je m'étais toujours dit que si je participais aux Olympiques, j'allais me faire tatouer, " affirme Chartrand. " C'est fait depuis que j'ai réalisé mon rêve en 2002. "

Un rêve que le défenseur originaire de ville d'Anjou poursuit depuis qu'elle a suivi le premier Championnat mondial de hockey féminin en 1990.

" En les voyant à la télévision, j'ai dit à ma mère qu'un jour, j'allais faire partie de cette équipe, " rappelle Chartrand. " Quand le hockey est devenu une discipline olympique, je ne voulais rien de moins que de remporter l'or en représentant mon pays. "

Son périple commence en 1996 alors qu'elle réussi à se tailler une place au sein d'Équipe Canada, malgré son jeune âge (18 ans) et c'est 5' 4''.

" Je ne pouvais croire que j'allais jouer avec Manon Rhéaume et Cassie Campbell, " dit celle qu'on surnomme Zazou. " C'est à ce moment que j'ai réalisé que j'avais un futur dans cette équipe. "

Après avoir remporté la médaille d'or à la Coupe des trois Nations, Chartrand se met à l'entraînement sous la supervision de son frère François. En gymnase six fois par semaine, elle s'aligne avec les Patriotes de St-Laurent où elle termine un D.E.C. en sciences de la santé.

De 1998 à 2000, elle remporte deux médailles d'or avec l'équipe canadienne des moins de 22 ans et est nommée meilleur défenseur du tournoi. En 1999, elle représente le Canada à la Coupe des trois Nations à Montréal avant de se rendre en Finlande pour les Championnats du monde, où elle agit à titre de réserviste dans la victoire du Canada.

" C'était le rôle le plus difficile que j'ai eu à jouer dans ma carrière, " souligne Chartrand. " Tu peux seulement aider l'équipe en encourageant, ce qui n'est pas toujours évident. "

Alors qu'elle joue pour le Mistral de Laval, une nouvelle formation dans la Ligue nationale de hockey féminine, Isabelle est retranchée de la formation canadienne en 2000.

Avec son talent, c'est sans surprise que les Saints de St. Lawrence lui offrent une bourse d'étude de 35 000$ US. Elle mène son équipe en finale de la NCAA (National Collegiate Athletic Association), mais les Saints baisent pavillon face aux puissantes Bulldogs de Minnesota-Duluth.

Quelques semaines plus tard, Chartrand à la chance de se reprendre aux Mondiaux de 2001, à Minneapolis. Elle ne manque pas sa chance et revient avec une médaille d'or au cou, une vraie cette fois-ci.

" La médaille n'a définitivement pas la même signification quand tu joues et tu aides l'équipe à arriver au but souhaité. "

En 2001, elle est parmi les 30 joueuses invitées au camp d'entraînement en vue des Olympiques. Elle déménage donc à Calgary pour une année dédiée à l'entraînement. L'horaire est simple, mais éprouvant. De 10h à 12h, entraînement sur glace. De 15h à 17h, entraînement en gymnase. Ces sessions sont parfois suivies d'un cours de yoga pour faciliter la relaxation.

" Dans mon cas, j'avais tellement de difficulté à tenir les pauses, que je ne pouvais pas relaxer, " relate Chartrand avec le sourire.

Après deux séances de coupures au mois d'octobre et de novembre, Isabelle se rend à l'aréna un matin de décembre pour une pratique. Danièle Sauvageau entre alors dans le vestiaire et s'adresse à l'équipe.

" Regardez autour de vous, car ces filles seront vos coéquipières aux prochains Olympiques, " se rappelle Isabelle.

Chartrand s'est empressée d'appeler ses parents pour leur annoncer la nouvelle.

-" Est-ce que vous savez à qui vous parlez? "
-" Ben oui, c'est Isa. "
-" Non, vous parlez à une olympienne. "

Après l'annonce de l'équipe, les Canadiennes ont affronté les Américaines à neuf reprises sans remporter un seul match. Malgré cette fiche, c'est avec confiance qu'elles ont entrepris la finale le 21 février 2002.

" On n'avait pas de doute qu'on pouvait les battre, " affirme Chartrand. " L'atmosphère était détendue et on avait tous confiance l'une en l'autre. "

Comme vous le savez, le Canada a remporté le match 3-2 devant 8600 spectateurs.

" J'ai jamais autant aimé une sirène, " s'exclame Isabelle. " C'était comme si un énorme poids s'enlevait de nos épaules. "

Après le traditionnel hymne national, Isabelle s'est dirigée dans les estrades, avec ses patins, pour aller à la rencontre de ses parents.

" Ils étaient tellement fiers et contents, c'est vraiment le moment le plus mémorable pour moi, " rappelle t-elle.
Ce soir-là, après avoir fêté avec l'équipe jusqu'aux petites heures, Isabelle s'est endormie, médaille d'or sous l'oreiller, avec un sentiment d'accomplissement et de satisfaction.

Personne ne pourra lui enlever ses moments inoubliables. Mais si jamais sa mémoire faisait défaut, le tatou se chargerait de lui rappeler...