SYRACUSE, New York - Sur papier, Alex Barré-Boulet fait 5 pi 10 po et 170 lb. Mais en personne, on constate rapidement que le 5 pi 10 po est un peu étiré. Mais son talent, lui, ne fait aucun doute. RDS.ca a profité de la visite du Rocket de Laval à Syracuse, mercredi, pour rencontrer le champion marqueur en titre de la LHJMQ.

Plus petit joueur du Crunch de Syracuse, Barré-Boulet ne laisse pas son gabarit le ralentir. Au contraire. Comme il l’a fait pendant ses quatre années dans la LHJMQ, il se sert de ses mains magiques et de sa vision du jeu hors pair pour compenser pour sa petite taille.

Avec comme résultat que l’attaquant — qui n’a jamais été repêché et qui a conclu une entente de trois ans à deux volets avec le Lightning de Tampa Bay, le printemps dernier — occupe présentement le 17e rang des marqueurs de la Ligue américaine.

Parmi les recrues, il est devancé seulement par son ancien coéquipier chez l’Armada de Blainville-Boisbriand, Drake Batherson, qui évolue à Belleville mais qui pourrait terminer la saison avec les Sénateurs d’Ottawa.

« Je suis habitué, j’ai toujours été dans les plus petits de mes équipes », répond Barré-Boulet lorsqu’on lui demande s’il avait des inquiétudes par rapport à son physique chez les pros. « On ne se le cachera pas: les joueurs de la Ligue américaine sont plus gros et plus forts que dans le junior. Mais ça va bien pour moi. Il faut seulement que je bouge la rondelle et que je prenne mes décisions plus vite. »

Dominant en avantage numérique

« Vite ». Voilà un qualificatif qui résume parfaitement son adaptation à la LAH ainsi que son rythme de production jusqu’ici. Avec 45 points (23-22) en 51 matchs, Barré-Boulet est le troisième marqueur du Crunch, derrière Carter Verhaeghe et le vétéran Cory Conacher.

Lors de la visite du Rocket à Syracuse, Barré-Boulet jouait d’ailleurs avec Verhaeghe et le Québécois Gabriel Dumont. Il a complété la rencontre avec un but et une passe dans une victoire de 4-2. Tout ça, devant les yeux de son ancien coach avec l’Armada, Joël Bouchard.

Barré-Boulet se démarque particulièrement en avantage numérique, dominant le circuit avec 13 buts en pareilles circonstances.

« C’est mon bread and butter, comme on dit. J’adore cette facette du jeu. Tu as plus de temps et d’espace, mais il faut que tu sois autant concentré qu’à forces égales. L’an dernier, avec l’Armada, j’ai beaucoup travaillé avec Daniel Jacob [maintenant entraîneur adjoint du Rocket] sur mon jeu en avantage numérique. J’ai pris confiance, en jouant notamment avec Alexandre Alain et Drake Batherson. Cette confiance, je l’ai amenée avec moi à Syracuse, surtout que dès le départ, on m’a placé sur le jeu de puissance », raconte Barré-Boulet, qui occupe le sixième rang de la ligue pour les tirs.

Pourtant, dans le junior, on lui reconnaissait d’abord et avant tout des talents de fabricant de jeux.

« Quand tu mets une rondelle au filet, tu ne sais jamais ce qui peut arriver, souligne le jeune homme de 21 ans. Elle peut entrer, créer un retour ou dévier. Alors, j’essaie seulement de tirer le plus possible, pour que de bonnes choses arrivent. »

De Bouchard à Groulx

Après avoir aidé l’Armada de Joël Bouchard à participer à la finale de la LHJMQ en 2017 et 2018, Barré-Boulet a retrouvé à Syracuse un autre ancien du circuit Courteau, Benoit Groulx.

Barré-Boulet remarque d’ailleurs des similitudes entre les deux hommes.

« Ce sont deux coachs intenses, qui veulent gagner et qui veulent que tu donnes ton deuxième effort, analyse BB. Mais ils sont aussi très différents. Joël, c’est un gars émotif, très démonstratif dans les entraînements et dans le vestiaire avant les matchs. Ben est plus silencieux, mais comme Joël, il te le dit quand ça va bien ou quand ça va mal. Les deux ne prennent pas de détours. »

La plus longue séquence de matchs sans point de Barré-Boulet cette saison s’est arrêtée à quatre. Sinon, jamais n’a-t-il connu de disette de plus de deux rencontres. Une constance assez impressionnante pour une recrue dans la Ligue américaine, surtout qu’on ne parle pas ici d’un haut choix au repêchage.

C’est en visant pareille régularité que Barré-Boulet espère aider le Crunch à remporter le titre de la division Nord (celle du Rocket), où la première position est présentement détenue par les Americans de Rochester, le club-école des Sabres de Buffalo.

Rochester possède trois points d’avance sur Syracuse, mais le Crunch a joué deux matchs de moins. Les cinq matchs entre les deux formations d’ici la fin du calendrier régulier risquent d’être déterminants.

Quant à Barré-Boulet, bien qu’il soit déjà à l’aise dans la Ligue américaine, il serait étonnant qu’il soit rappelé par le Lightning d’ici la fin de l’année. Le Lightning a déjà promu, en début de saison, les jeunes Anthony Cirelli, Mathieu Joseph et Adam Erne, en plus d’avoir été épargné par les blessures. À preuve, Cory Conacher a été le seul attaquant rappelé du Crunch, et ce, le temps d’un seul match.

Mais s’il continue ainsi, Barré-Boulet aura sa chance tôt ou tard. Sa grande confiance en lui — jumelée à une sorte de désinvolture qui fait en sorte que rien ne semble l’atteindre — pourrait le mener loin.