S'il est vrai qu'une faute avouée est à moitié pardonnée, alors le Canadien a mérité le droit de tourner définitivement la page sur sa contre-performance de mercredi dernier contre les Penguins de Pittsburgh.

Victimes de leur indiscipline à leur match précédent, les joueurs du Tricolore ont démontré qu'ils avaient entendu le message de leur entraîneur et tiré une leçon de leur mauvaise expérience.

Du moins, pendant 40 minutes et des poussières... Pour le reste, il faudra peut-être retourner à la table à dessins.

Mais reste qu'en plus d'éviter de franchir trop souvent les limites de la légalité, le Canadien a utilisé son jeu de puissance à bon escient, marquant deux fois dans un intervalle de 1:31 en première période en route vers une victoire de 3-2 sur les Rangers de New York, samedi soir au Centre Bell.

En fait, les locaux ont marqué tous leurs buts à l'intérieur d'une séquence de 2:44 en fin de première période. Roman Hamrlik, Tomas Plekanec et Andrei Kostitsyn ont transformé un déficit d'un but en une avance qui a tenu jusqu'à la fin.

"Nous avons eu une superbe performance de nos unités spéciales, a affirmé l'entraîneur Jacques Martin, après avoir blâmé le jeu de l'équipe en infériorité à la suite de la dernière défaite des siens. Nous avons été solides en infériorité et notre jeu de puissance a contribué deux buts, en plus de provoquer d'innombrables chances en deuxième période. N'eût été du brio de leur gardien, nous aurions pu prendre les devants 5-1."

En effet, si le Canadien a été incapable de se donner un coussin plus confortable, c'est en raison du travail de Henrik Lundqvist. Auteur de son sixième jeu blanc de la saison deux jours plus tôt, le gardien suédois a souvent dû se demander s'il était le seul de son clan à avoir fait le voyage au Québec pendant les deux premiers tiers. Il a fait face à un barrage total de 41 tirs, tenant le fort avec aplomb jusqu'à ce que ses coéquipiers ne sortent de leur sommeil en troisième période.

Mats Zuccarello a réduit l'avance du Canadien de moitié lorsqu'il a eu le temps de s'y prendre à deux reprises pour déjouer Carey Price à la septième minute du dernier tiers. Trois minutes plus tard, Brian Boyle, qui avait ouvert le pointage tôt en première, a vu son tir à bout portant ricocher sur la barre horizontale.

Testé à seulement douze reprises dans les deux premières périodes, Price a dû se surpasser pour éviter que son équipe ne s'effondre en troisième, au cours de laquelle il a reçu 21 des 33 lancers des Rangers.

Les Rangers ont passé la dernière minute du match en avantage de deux hommes alors que Hal Gill était au cachot et que Lundqvist avait été rappelé au banc, mais Price a refusé de céder.

"J'avais hâte que ça finisse, a souligné Price. Je regardais le panneau indicateur aux trois secondes."

Les hommes en rouge sont finalement parvenus à tenir le coup et ont réussi à battre les Rangers pour la deuxième fois en cinq jours.

Frustrant et... frustré!

Autant Henrik Lundqvist a frustré le Canadien, autant le Canadien a frustré Henrik Lundqvist dans les deux premières périodes, presque entièrement à l'avantage du Bleu-Blanc-Rouge.

Lundqvist a réalisé 13 arrêts en première et 13 autres en deuxième, devant souvent se débattre comme un diable dans l'eau bénite contre les petits attaquants qui tournaient comme des mouches autour de son filet.

En fin de deuxième période, alors que Brandon Dubinsky réfléchissait au banc des punitions, Lundqvist a étincelant devant trois lancers successifs de Mathieu Darche et a aussi dit non à Michael Cammalleri, qui a récolté une aide et décoché six lancers au filet à son retour au jeu.

Le Canadien a continué d'attaquer à forces égales et Max Pacioretty a fait perdre les pédales à Lundqvist quand il est entré à pleine vitesse dans ses jambières après avoir été poussé par son poursuivant. Sans faire ni un, ni deux, le gardien s'est rué sur le jeune attaquant adverse pour le frapper avec son bloqueur.

"J'aurais dû m'abstenir de m'en prendre à Pacioretty. L'énergie de la foule m'a fait perdre mon sang-froid, a expliqué Lundqvist. Si nous avions joué ailleurs qu'à Montréal, je ne me serais sans doute pas emporté de la sorte"

Quand la poussière est retombée, ce sont les Rangers qui se sont retrouvés en avantage numérique, sans pouvoir en profiter. Il faut toutefois croire que le message de Lundqvist a été entendu.