BROSSARD - L'entraîneur du Canadien avait-il décelé un changement d'attitude ou un manque de concentration de ses troupiers? Toujours-est-il que Jacques Martin a cru bon de réunir son comité de cinq leaders au centre de la patinoire au terme de la séance d'entraînement de l'équipe, samedi.

La rencontre au sommet _ entre Michael Cammalleri, Scott Gomez, Brian Gionta, Hal Gill et Josh Gorges et Martin _ a duré plusieurs minutes. C'est surtout Martin qui a parlé, mais il y a eu de l'interaction entre les six.

"On a parlé de hockey. C'était une discussion entre nous", a simplement répondu Martin.

"Essentiellement, le message était de s'assurer que nous ne versions pas dans la complaisance, a dévoilé pour sa part le défenseur Gorges. Nous ne devons pas nous satisfaire de ce que nous avons accompli. C'est merveilleux d'avoir franchi les deux premières rondes, nous sommes tous heureux de notre performance, mais nous ne sommes pas rassasiés. Il n'est pas question de s'asseoir sur nos lauriers. Nous voulons faire en sorte que tous continuent de pousser dans la même voie, que tous soient sur la même page. Chacun doit être imputable de ses actions. C'est la clé de notre réussite jusqu'à maintenant."

L'ancien gardien étoile, Patrick Roy, a affirmé cette semaine que le danger qui guette le Canadien est de pécher par excès de confiance en se laissant distraire par la fièvre du hockey qui a atteint un niveau inégalé à Montréal depuis 1993.

Après tout, l'équipe n'a franchi que la moitié du chemin jusqu'à la coupe Stanley, même si elle a écarté deux gros morceaux. Martin est bien au fait de la situation et il a voulu ramener tout son monde sur terre en relayant le message aux vétérans.

De toute façon, les Flyers doivent surfer sur la même vague que le CH, après avoir complété une remontée historique de quatre victoires en ayant le dos acculé au mur face aux Bruins de Boston.

Martin l'a souligné, samedi: les Flyers ont surmonté plusieurs obstacles afin d'atteindre la finale de l'Association Est.

"Ils ont été confrontés à beaucoup d'adversité; ils ont vu plusieurs gardiens tomber au combat; ils se sont qualifiés aux séries à leur dernier match et en tirs de barrage de surcroît; et voilà qu'ils viennent d'effacer un retard de 0-3 dans la série contre les Bruins. Ça démontre la force de caractère de cette équipe et combien bonne elle est."

Martin avait bien fait ses devoirs avant de se présenter devant la presse.

"Les Flyers sont la troisième équipe qui a gagné le plus de matchs en séries au cours des trois dernières années, après les Penguins et les Red Wings de Detroit. Ce sera un gros défi pour nous."

L'entraîneur avait également une réponse toute prête quand on a évoqué la présence du gardien réserviste Michael Leighton devant le filet des Flyers.

"Les Flyers sont l'équipe numéro un en séries au chapitre des buts contre, a-t-il soulevé. Ils jouent bien en défense et Leighton était leur gardien de confiance avant qu'il ne se blesse. Les Flyers ont décidé de ne pas bouger à la date limite des échanges parce qu'ils avaient confiance en lui. Il est de retour au jeu à la suite de la perte de Brian Boucher, et ça se passe bien pour lui."

Mais ce n'est pas comme si Leighton était Ryan Miller ou Martin Brodeur... On aurait voulu en parler avec Tomas Plekanec, mais il ne s'est pas pointé dans le vestiaire. Plekanec avait provoqué une onde de choc ressentie jusqu'à Washington, avant les séries, en affirmant que les gardiens des Capitals n'étaient pas de la trempe des Miller ou Brodeur. José Théodore n'avait pas apprécié.

La théorie du gâteau

L'attaquant Maxim Lapierre a apporté la théorie du gâteau au chocolat afin d'imager que le Canadien ne tient rien pour acquis.

"Quand tu suis une diète, tu te tiens loin du gâteau au chocolat parce que tu sais que si tu en prends le moindre petit morceau, tu es cuit. Eh bien nous, on ne se laisse pas tenter par le gâteau. On le regarde même pas."

Après avoir sauvé leur peau quatre fois d'affilée, les Flyers pourraient connaître un court passage à vide émotivement à l'ouverture d'une nouvelle série. C'est arrivé au Canadien lors du match inaugural face aux Penguins (défaite de 6-3), après avoir survécu à trois rencontres-suicides contre les Capitals.

"Je ne ne compterais pas là-dessus, a dit Gorges. Je m'attends plutôt à ce qu'ils continuent sur leur lancée. On se prépare pour ce qu'on a vu d'eux dans les quatre derniers matchs de la série contre les Bruins. On ne peut pas s'attendre une baisse de régime de leur part, surtout qu'ils vont commencer la série chez eux, devant leurs partisans survoltés. Ils vont être gonflés à bloc et nous devrons être prêts à réagir."

Lapierre a abondé dans le sens de son coéquipier, en mentionnant que les deux équipes vont amorcer la série au maximum de leur confiance.

"Nous, on s'attend à ce qu'ils sortent comme des enragés dès le premier match, surtout à domicile. Ce sera du jeu très physique dès le départ."

Gill a dit avoir beaucoup de respect pour l'exploit que les Flyers viennent d'accomplir.

"C'est très impressionnant. On a pu voir vendredi qu'ils n'abandonnent jamais. Ce seront des adversaires coriaces, prêts à tout faire pour gagner et qui luttent avec l'énergie du désespoir. Ils ne vont pas ralentir c'est certain."

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Andrei Markov ne sera pas de la partie dans le match numéro un de la finale de l'Est. Le défenseur russe s'est pas entraîné avec ses coéquipiers, samedi, mais l'entraîneur Jacques Martin a affirmé qu'il n'avait pas aggravé son mal de genou à l'entraînement, vendredi.

"Le statut d'Andrei demeure inchangé. Il ne s'est pas entraîné parce qu'il ne jouera pas dimanche", a confirmé Martin, en précisant ne pas savoir si Markov serait en mesure de revenir en cours de série.

En l'absence de Markov, les duos de défenseurs étaient les suivants: Gill-Gorges, Hamrlik-Subban et Bergeron-Hamrlik. Ryan O'Byrne a patiné aux côtés du jeune attaquant Ben Maxwell.

Les trios à l'attaque étaient inchangés. Martin n'a rien voulu dire quant à ses plans.

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C'est le sixième affrontement Canadien-Flyers en séries. Le Tricolore en a remportés trois (1973, 1976 et 1989), mais on se rappelle qu'il a perdu le dernier il y a deux ans. Les Flyers l'ont emporté en cinq matchs, après avoir perdu le premier affrontement au Centre Bell en prolongation. R.J. Umberger avait été le fossoyeur avec huit buts et Martin Biron avait éclipsé Carey Price devant le filet. Les partisans du CH peuvent souffler: Umberger et Biron n'évoluent plus chez les Flyers.

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Il est acquis qu'une disette de la coupe Stanley va bientôt prendre fin. Est-ce que ce sera celle de 47 saisons des Blackhawks de Chicago, de 33 saisons des Flyers de Philadelphie, de 17 des Sharks de San Jose (ils ne l'ont jamais gagnée) ou de 16 saisons du Canadien de Montréal?