MONTREAL (PC) - Les joueurs du Canadien n'ont pas voulu trop se mouiller jeudi matin en commentant la suspension infligée à Todd Bertuzzi, disant s'en remettre au jugement de la LNH, mais il semble bien que sa durée correspondait à ce que l'on avait prévu, comme l'a expressément reconnu José Théodore.

Bertuzzi ne jouera plus de la saison, séries éliminatoires incluses, et son cas sera réévalué avant le début de la prochaine saison.

Sans excuser la charge du gros joueur des Canucks sur Steve Moore, on avait tendance à faire preuve de compréhension, voire de sympathie à l'endroit de Bertuzzi, rappelant que l'émotion amène à poser des gestes qu'on peut regretter par la suite.

"J'ai eu la chance de connaître Bertuzzi au championnat du monde et au match des étoiles, et je suis certain qu'il était sincère quand il s'est excusé et qu'il a dit qu'il n'a pas voulu blesser Moore", a déclaré Théodore.

"J'ai regardé à la télé d'autres coups qui ont été donnés par le passé et j'en ai vu d'aussi graves sinon pires. La différence est que cette fois-là le gars est mal tombé et est sorti sur une civière. Il (Bertuzzi) lui a donné un bon coup de poing, c'est vrai, mais son intention n'était pas de le blesser.

"Il a commis une erreur, il doit vivre avec", a néanmoins reconnu Théodore, assuré que le fait de rater les séries va faire plus mal au joueur des Canucks que les quelque 500 000 $ qu'il va perdre pour la douzaine de matchs réguliers pour lesquels il a été suspendu.

Sheldon Souray a parlé dans le même sens: "Je suis sûr à 100 pour cent qu'il n'a jamais voulu causer une commotion cérébrale et fracturer le coup d'un adversaire", a commenté le défenseur du Canadien qui a parlé d'une "grosse suspension".

Même Joé Juneau, qui disait la veille que la justice devrait s'en mêler si la LNH demeurait trop permissive, a estimé qu'on a été assez sévère cette fois, insistant cependant pour dire qu'on devait profiter de l'occasion pour réfléchir et prendre de meilleures décisions pour le bien du sport.

Le capitaine Saku Koivu a estimé de son côté que ce n'est pas aux joueurs de juger et qu'il y aura toujours des gens pour être en désaccord, mais qu'il faut respecter les compétences des dirigeants de la LNH.


Revoir la culture du sport

George Gillet, qui trouve que la LNH a bien réagi en imposant une "très imposante punition", a parlé dans le même sens que Juneau: "Il s'agit d'un problème beaucoup plus vaste, a déclaré le propriétaire du Canadien. Et je pense comme Bob Gainey qu'il faut revoir la culture de notre sport."

Gillet faisait notamment référence à cette mentalité de cowboy qui prône une vengeance oeil pour oeil dent pour dent.

"Parce que quelqu'un a été blessé, on croit qu'il est nécessaire de répondre à ce geste. Il est là le problème", expliquait le directeur général du Canadien dans le Journal de Montréal de jeudi.

"Mardi, j'ai vu Brian Leetch servir une mise en échec des plus légales à un joueur de la Floride. Le joueur a chuté sur la glace. Tout de suite, je me suis demandé ce qui se serait passé si ce joueur, que je ne connais pas, avait frappé Leetch d'une façon tout aussi légale.

"C'est précisément cette façon de penser qu'il faut changer."

Et tout le monde est coupable, pas seulement Bertuzzi, a soutenu Gainey, qui a dit lui aussi se sentir mal pour le joueur des Canucks (ainsi que pour Moore, évidemment).

Jason Ward, par exemple, a admis honnêtement qu'il serait le premier à vouloir corriger un adversaire qui frapperait trop solidement à son goût un joueur comme Saku Koivu, même si c'était fait de façon légale.

C'est ainsi que les joueurs de hockey ont été élevés et c'est ce que réclame la "culture" du sport.