L'épopée des Nordiques s'amorce en 1971 quand six actionnaires des Remparts de Québec font le pari d'investir dans le sport professionnel.

Un pari ambitieux, d'autant plus que les investisseurs de la Vieille Capitale et le gouvernement refusent de s'engager dans ce projet risqué. Qu'à cela ne tienne, le 11 février 1972, le groupe des six fonce et fait l'acquisition d'une concession de l'Association mondiale, un nouveau circuit qui souhaite concurrencer la ligue nationale.

Premier gros coup du directeur-gérant, Marius Fortier, il arrache le défenseur étoile Jean-Claude Tremblay au Canadien de Montréal.

Cependant, c'est une semaine plus tard que l'organisation québécoise déniche la tête d'affiche tant convoité. Maurice Richard accepte, après mûre réflexion, le poste d'entraîneur-chef de la formation québécoise.

Tout est en place pour le premier match de l'histoire des Nordiques, le 11 octobre 1972 contre les Crusaders de Cleveland. Peu préparé et mal à l'aise dans ce rôle, Maurice Richard peine derrière le banc et remettra sa démission après seulement deux rencontres.

C'est contre les Oilers de l'Alberta que les partisans de Québec font connaissance avec leur équipe, au Colisée. Les Nordiques font plaisir à la foule avec un gain de 6 à 0.

Malgré le fiasco Richard, Fortier n'a pas abandonné l'idée d'avoir un entraîneur vedette. En mai 73, il offre un contrat de dix ans à Jacques Plante.

« Ç'a probablement été l'année la plus difficile des Nordiques. »

Conflits avec les joueurs, mouvement de personnel douteux, désintérêt durant les matchs, la feuille de route de Plante n'est pas rose. Après seulement une saison, Plante quittera de son plein gré.

Ces quelques échecs n'éclipsent pas les beaux moments qu'ont vécus les partisans durant les sept saisons des Nordiques dans l'AMH.

En 1974, la jeune sensation des Remparts, Réal "Buddy" Cloutier est mis sous contrat. En compagnie de Marc Tardif, Cloutier émerveillera les partisans avec son immense talent. Avec Richard Brodeur devant le filet, les Nordiques représentent maintenant une des équipes à battre.

La progression des Nordiques culminent en 1977. Québec atteint la grande finale. Lors du 7e match, les Nordiques pulvérisent les Jets 8 à 2 et soulèvent la Coupe AVCO.

Les Nordiques sont prêts à accéder à la grande ligue. En 1979, Marcel Aubut réussit à convaincre les trois paliers de gouvernements d'investir dans l'agrandissement du Colisée. Après plusieurs rebondissements, c'est le 30 mars 1979 que la nouvelle est confirmée, les Nordiques accèdent à la LNH.

« C'était quelque chose que l'on ne pouvait pas croire », explique Aubut. « Ce n'était pas possible que l'on fasse partie de la même ligue que toutes les grandes villes. »

Visiblement très fier de son accomplissement, Aubut déclarera même : "C'est le plus grand moment depuis l'arrivée de Jacques-Cartier."

Michel Goulet devient ensuite le premier joueur repêché par la formation québécoise et Jacques Demers son premier entraîneur dans la LNH.

Le premier match du Fleurdelisé les oppose aux Flames d'Atlanta. Dans une défaite de 5-3, Réal Cloutier inscrit les trois buts des Québécois.

À l'issue d'une première saison plus que raisonnable, Marcel Aubut voit grand. Sans trop penser aux tenants et aboutissants de leur geste, Aubut et Gilles Léger organisent l'évasion des frères Peter et Anton Stastny, deux brillants joueurs tchécoslovaques.

Ce coup d'éclat marquera le début d'une période prospère pour les Nordiques. Une période de succès qui grandira avec l'arrivée de Michel Bergeron, un jeune Tigre qui ne tardera pas à propager sa fougue et son désir de vaincre. Il en résultera le début d'une grande rivalité…

*D'après un reportage de Simon Tremblay