DRUMMONDVILLE, Qc – Si Raphaël Lavoie connaît des séries fascinantes au niveau de la production à deux mois du prochain repêchage de la LNH, son coéquipier Justin Barron fait déjà saliver les recruteurs en vue de l’édition de 2020.
 
À 17 ans, Barron ne casse pas autant la baraque que Lavoie présentement durant les éliminatoires, mais son potentiel s’avère fascinant. Autant les recruteurs que les entraîneurs consultés sont charmés par le talent et la maturité de ce « produit local » qu'on vous suggère d'épier en finale de la LHJMQ et à la Coupe Memorial.
 
Originaire de Halifax, Barron attire d’abord l’œil par son patinage fluide et aisé. Il s’agit de la qualité qui lui permettra de se démarquer de ses adversaires. On remarque ensuite son lancer vif et puissant ainsi que son physique solide pour son âge (six pieds deux pouces et 187 livres).
 
Après avoir patienté pendant quelques présences et quelques matchs pour ne pas s’emballer trop rapidement, c’est possible de confirmer un atout qui ne s’enseigne pas facilement : le dosage. Le droitier gère bien ses poussées, ses tentatives de passe et son implication physique sur la patinoire.
 
À vrai dire, un dépisteur consulté sent même que les Mooseheads le retiennent un peu. Selon lui, l’arsenal de Barron aurait déjà pu lui permettre de briller davantage.
 
« Je ne sais pas s’ils réalisent ce qu’ils ont entre leurs mains. Il passe sous le radar présentement ou bien ils le gardent sous le radar », a évoqué cette source qui l’a vu jouer régulièrement.
 
Il fallait refiler la question à son entraîneur Éric Veilleux. Est-ce que l’organisation a choisi de le retenir légèrement considérant son âge et la puissance des effectifs autour de lui?
 
Justin Barron« Ce n’est pas le retenir, c’est plus que je coache l’équipe que j’ai à ma disposition. J’essaie de répartir le temps de glace pour faire en sorte qu’on puisse jouer avec énergie pour 60 minutes et plus si nécessaire », a répondu Veilleux.
 
L’exemple du jeu de puissance est pertinent puisque Barron affiche le talent pour procurer des bénéfices à sa troupe dans cette facette. Il a parfois eu l’occasion d’être utilisé dans ces circonstances, mais pas sur une base régulière. D’après le recruteur, il ne fait aucun doute que Barron est déjà mieux outillé que les autres défenseurs qui se voient confier cette responsabilité.
 
« Il a quand même joué quelques matchs en avantage numérique et il a bien fait. C’est plus qu’on a des joueurs qui peuvent remplir cette mission alors que lui peut nous aider en infériorité et en supériorité numérique », a expliqué Veilleux.
 
Un autre entraîneur a accepté d’ajouter son grain de sel sur le sujet.
 
« C’est un jeune talentueux, mais il est encore un peu gêné. Il a une très bonne portée défensivement et, quand il part avec la rondelle, il est difficile à contenir », a jugé cet autre intervenant.
 
De son côté, Barron a utilisé un élément intéressant pour décrire ce constat.
 
« C’est plus que j’essaie de bien respecter le système implanté par Éric. Il a élaboré un système qui permet d’obtenir du succès. J’ai suivi son approche comme les autres joueurs l’ont fait. Tout le monde est prêt à accomplir le nécessaire pour gagner et on le voit bien présentement dans les séries », a commenté l’auteur de 9 buts et 32 aides en 68 parties régulières.
 
Sa latitude offensive aurait pu être plus élargie dans une autre formation, mais ça ne le dérange guère.
 
« C’est une possibilité, mais j’aime bien l’évolution que je connais dans cette organisation. Tous nos défenseurs peuvent jouer dans différentes situations », a-t-il ajouté.
 
On répète souvent que le jeu des comparaisons est périlleux dans le développement des athlètes. Ceci dit, le parallèle avec Noah Dobson demeure difficile à éviter en ce qui concerne Barron. Les deux patineurs des Maritimes se ressemblent à plusieurs niveaux et Dobson a été repêché au 12e rang par les Islanders en juin dernier. Certains recrutent osent avancer que le potentiel offensif de Barron serait supérieur.
 
Même s’il est emballé par les ressources de Barron, le dépisteur sondé à ce propos demeure plus prudent.  
 
« Je crois qu’il a le même potentiel offensif au niveau du patinage, du lancer et de l’agilité des mains, mais il n’a pas eu la même opportunité que Dobson qui avait le feu vert. Dobson possède un sens du hockey de niveau élite, tandis que je n’ai pas encore vu ça de Barron. Si on le laisse aller l’an prochain, on verra de quel bois il se chauffe », a décrit cet homme de hockey.
 
Barron admet qu’il souhaite suivre un chemin semblable à celui de Dobson qu’il a pu affronter à quelques reprises la saison dernière. Il croit d’ailleurs qu’il a su évoluer offensivement en 2018-2019.
 
« Je voulais me concentrer un peu plus là-dessus. L’an dernier, le plus gros ajustement a été la vitesse du jeu et le côté défensif. Cette année, je voulais bien me comporter dans ma zone, mais aussi pouvoir contribuer offensivement », a déclaré celui dont le frère, Morgan, a été sélectionné en sixième ronde par les Rangers de New York en 2017.
 
Veilleux est ravi par l’évolution de son protégé et c’est lui qui finit par l’encenser le plus.
 
« Tout ce que je sais, même si je ne connais pas les autres joueurs de son année de repêchage, c’est qu’il sera un top pick, c’est sûr! À mon avis, si j’avais de l’argent à parier, je dirais qu’il sera le premier à atteindre la LNH. C’est certain qu’il ne fera pas un flop dans la LNH », a prédit Veilleux tout en vantant aussi le grand potentiel de Lavoie.   
 
« Son jeu est mature, il se comporte et parle comme un adulte. Quand tu jases avec lui, tu ne t’adresses pas à un enfant. Il a juste 17 ans quand même », a poursuivi Veilleux qui s’appuie sur l’exemple de son comportement dans sa zone défensive.
 
« C’est sûr qu’il va en faire des pizzas (des gaffes) comme tous les joueurs en font, mais il n’est pas un joueur avec un style téméraire. Il sait jouer, il sait quoi faire », a assuré Veilleux.
 
Les recruteurs ne croient pas que Veilleux se trompe là-dessus.

« Il a tous les outils pour être repêché dans le top-10 l’an prochain », a déterminé l’un de ceux-ci.

« À 19 ans, (l’année suivant son repêchage), il sera le meilleur défenseur de la LHJMQ », a conclu l’autre entraîneur sollicité.
 
Sans avoir peur de se gourer à notre tour, on peut présumer que Barron viendra s’ajouter, en 2020, à la liste des Mooseheads repêchés tôt dans les dernières années : Filip Zadina, Nico Hischier, Timo Meier, Nikolaj Ehlers, Nathan MacKinnon, Jonathan Drouin et Lavoie.