DRUMMONDVILLE – Nicolas Beaudin mangeait avec des membres de sa famille dans un restaurant de Drummondville dimanche soir, quelques heures après une victoire de 10-3 contre l’Armada de Blainville-Boisbriand, quand son téléphone a sonné.

 

Non seulement le numéro qui s’affichait ne lui disait rien, il ne reconnaissait même pas le code régional. Une pensée lui a traversé l’esprit, mais son premier réflexe a été de la repousser. Cet appel-là, il ne l’attendait pas avant le lendemain.

 

« Finalement, j’ai décidé de le prendre. J’étais vraiment content quand on m’a annoncé la nouvelle », racontait le défenseur de 19 ans lundi.

 

Beaudin est heureux de pouvoir dire qu’il compte désormais Shawn Bullock parmi ses contacts. Ce n’est pas rien quand on est un hockeyeur canadien. Bullock est le directeur des équipes nationales masculines chez Hockey Canada, un programme qui a longtemps boudé le petit quart-arrière des Voltigeurs.

 

« Je n’ai jamais fait partie des U17 ni des U18, donc les U20, c’est un honneur pour moi d’avoir la chance de faire partie de cette équipe-là, soulignait Beaudin à la caméra du collègue Stéphane Leroux. À chaque fois que je n’étais pas sélectionné dans le passé, c’était une motivation pour moi. Alors maintenant que je l’ai été, j’arriverai là-bas sans pression. »

 

Ce qui se dessine comme une année de rêve pour celui que RDS a déjà qualifié de « savant sur patins » a bien failli virer au cauchemar. Le 19 octobre, Beaudin s’est blessé au poignet droit en amortissant le choc provoqué par une mise en échec qu’il n’a pas vu venir. Il assure que la possibilité de rater sa dernière chance de représenter son pays chez les juniors ne lui a pas traversé l’esprit à ce moment, mais celle-ci était bien réelle.

 

Pour cette petite frousse, Beaudin a finalement été récompensé par un double bonheur. Après exactement trois semaines de convalescence, il a reçu un message texte d’un numéro qu’il connaît par cœur, celui de son agent André Ruel. Les Blackhawks de Chicago, qui avaient utilisé un choix de première ronde pour le repêcher en juin, étaient prêts à lui faire signer son contrat d’entrée dans la Ligue nationale.

 

« Je lui ai répondu : ‘ça tombe bien, je reviens au jeu ce soir’, relate Beaudin, qui s’est rendu apposer sa signature sur le document avant de revenir à l’aréna. Quelques heures plus tard, il récoltait un but et une passe dans une autre victoire à sens unique contre l’Armada.

 

« J’étais quand même surpris d’entendre ça. C’était pas vraiment pressant, le contrat, tu peux le signer à la fin de l’année, mais veux, veux pas, tu y penses tout le temps un peu. Ça a été une pression de moins sur les épaules. J’étais content de l’avoir signé si tôt. »

 

Atomes crochus

 

Beaudin a aussi recouvré la santé juste à temps pour prendre part aux deux tranches de la Série Canada-Russie CIBC, qui est vue comme une étape importante dans le processus de création d’Équipe Canada junior.

 

Lors du premier match, à Sherbrooke, il a été jumelé à Jared McIsaac, des Mooseheads de Halifax. « Ça a vraiment bien été. On a fait des beaux jeux offensifs, on s’est bien débrouillé en défensive aussi, évalue-t-il. Mais je pense que ça a vraiment plus cliqué avec Noah Dobson. »

 

Beaudin a eu un coup de foudre professionnel pour le grand défenseur du Titan d’Acadie-Bathurst, un droitier naturel doté, lui aussi, d’un coup de patin exceptionnel.

 

« Les deux, on se fait confiance. Des fois c’est moi qui va monter la rondelle sur la gauche, des fois c’est lui sur la droite. Les deux, on est une menace offensive tout en étant bons défensivement. Je pense que c’est pour ça qu’on fait un bon duo. »

 

L’échantillon est petit – outre leur match contre les Russes, Beaudin et Dobson ont joué ensemble pendant une période au camp estival d’ÉCJ –, mais c’est assez pour que le natif de Châteauguay croie pouvoir former une paire de confiance avec son nouveau complice dans le temps des Fêtes.

 

« C’est sûr que j’aimerais ça. Jouer avec Noah Dobson, je ne pourrais pas vraiment demander mieux. Je m’attends à ce qu’il soit l’un des meilleurs défenseurs de tout le tournoi. C’est un gars intelligent sur la glace, autant offensivement que défensivement. Ça serait le fun de l’avoir comme partner. »

 

Beaudin peut se permettre de rêver. Après tout, les bonnes nouvelles semblent arriver en paquet de deux pour lui depuis le début de la saison.