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Lapenna pour corriger les erreurs du passé

Jim Hulton n’avait pas l’intention de se faire avoir deux fois.

Il y a cinq ans, Hulton gérait sa toute première période de transactions hivernale dans son rôle de directeur général des Islanders de Charlottetown. Son équipe était l’une des plus fortes de la Ligue, mais elle comptait sur un gardien inexpérimenté. À quelques jours de Noël, le DG avait évalué le marché en quête de renfort.

Le candidat le plus intéressant cette année-là était Callum Booth des Remparts de Québec. L’histoire ne dit pas si les Islanders étaient entrés dans le derby avec une offre jugée insuffisante ou s’ils avaient simplement décidé de passer leur tour, mais Booth avait finalement été échangé aux Sea Dogs de Saint John. Hulton, quant à lui, avait transigé avec les Olympiques de Gatineau pour mettre la main sur un certain Mark Grametbauer.

Quelques mois plus tard, les Islanders étaient éliminés en troisième ronde des séries éliminatoires par l’Armada de Blainville-Boisbriand tandis que Booth  menait les Sea Dogs à la conquête de la coupe du Président.

« On essaie toujours d’apprendre de nos erreurs. Dans ma carrière de DG, c’en est une où j’aimerais avoir l’occasion de me reprendre », regrettait Hulton lundi.

Toute cette histoire permet de mieux comprendre ce qui s’est passé en fin de semaine quand, aux premières heures du mercato des Fêtes, les Islanders ont cédé le gardien de 17 ans Jacob Goobie, le jeune joueur de centre Sam Oliver et deux choix au repêchage aux Voltigeurs de Drummondville en retour du vétéran cerbère Francesco Lapenna.

Goobie, un choix de deuxième ronde au repêchage Midget il y a deux ans, connaissait une bonne saison devant la cage des meneurs au classement général de la LHJMQ. Mais Hulton ne voulait prendre le risque que son inexpérience ne devienne un poids pour son équipe en deuxième moitié de saison. D’autant plus qu’au moment où il passait à l’acte, les Sea Dogs et le Titan d’Acadie-Bathurst ajoutaient du talent à leur effectif déjà bien nanti.

Hulton a voulu bouger vite parce qu’il n’avait pas l’impression que les options pullulaient sur le marché, surtout considérant qu’il ne souhaitait pas toucher à son trio de joueurs de 20 ans. Même si Lapenna, 19 ans, n’a que trois matchs de séries dans son bagage, son nouveau patron l’a identifié comme le meilleur candidat pour éradiquer les doutes devant le filet.

« Il a la capacité de gagner des matchs à lui seul. Avec notre groupe de défenseurs, on espère qu’il n’aura pas à le faire, mais une fois en séries, on sait tous qu’un gardien de cette trempe peut faire la différence entre la suite et la fin d’un parcours. »

Avec deux des six meilleurs marqueurs de la LHJMQ à la tête d’une attaque qui produit 4,19 buts par partie, les Islanders peuvent se lancer sans complexe dans un festival offensif. Mais ils comptent aussi sur l’une des défensives les plus hermétiques du circuit. C’est cette identité que leur grand patron souhaite façonner d’ici au printemps. C’est en ce sens que s’inscrit l’acquisition de Lapenna.

« Notre philosophie a toujours été qu’une équipe qui aspire aux grands honneurs se bâtit à partir de l’arrière. Notre brigade défensive est probablement notre plus grande force avec la présence de trois joueurs repêchés dans la LNH en plus de notre vétéran Noah Laaouan dans notre top-4. Une fois en séries, je ne crois pas qu’on cherchera à se lancer les yeux fermés dans un duel offensif. On va jouer selon nos forces et augmenter notre capacité à défendre était très important pour nous. »

Couturier bouge avec 2018 en tête

Au moment où on se questionnait tous sur le sort qui attendait Hendrix Lapierre avec les Capitals de Washington, Sylvain Couturier dormait comme un bébé. Si jamais l’attaquant vedette qu’il venait d’obtenir des Saguenéens de Chicoutimi devait rester dans la LNH, le directeur général du Titan d’Acadie-Bathurst affirmait à qui voulait l’entendre qu’il se tournerait simplement vers son plan B.

Lapierre est finalement revenu à Bathurst – il a 12 points en 9 matchs depuis son retour – mais Couturier a tout de même décider d’aller de l’avant avec ce qu’il mijotait. Dimanche, il a bouclé d’autres pourparlers avec les Saguenéens en complétant l’acquisition du meilleur marqueur de la LHJMQ, le vétéran Félix Lafrance, et du joueur de centre Thomas Belgarde.

Couturier affirme que sa première intention était de courtiser Belgarde, un gaucher de 19 ans qui compte 31 points en 30 matchs et qui est l’un des trois joueurs à avoir pris plus de 800 mises en jeu depuis le début de la saison (son taux d’efficacité se chiffre à 53,3%). Le DG le voit comme la version moderne de Samuel Asselin, qu’il avait acquis dans une transaction avec les Cataractes de Shawinigan en route vers la conquête de la coupe du Président et de la coupe Memorial en 2018.

« Si tu veux gagner, ça te prend un gars comme Thomas Belgarde, ça c’est clair », avance Couturier.

Mais de fil en aiguille, le nom de Lafrance, qui avait demandé une transaction aux Sags dans l’entre-saison, s’est greffé aux discussions. Pour pouvoir l’intégrer à sa formation, Couturier devait toutefois se départir d’un joueur de 20 ans. Après avoir identifié Bennett MacArthur et Logan Chisholm comme des intouchables, il a vite dû décider du sort du défenseur Jaxon Bellamy. Ce dernier a finalement été envoyé aux Wildcats de Moncton contre un lointain choix au repêchage.

« On a fait les "pour" et les "contre" et on est arrivés à la conclusion qu’on serait une meilleure équipe avec Félix dans l’équation », explique Couturier.

Le Titan, qui avait déjà procédé à un changement d’entraîneur après un début de saison qui ne rencontrait pas les attentes, doit maintenant être considéré comme une dangereuse machine offensive. Ses deux nouveaux venus s’ajoutent aux Kidney, Lapierre, MacArthur et Huckins, les meneurs d’un groupe qui formait déjà la deuxième meilleure attaque dans l’est du pays.

« Je pense qu’on peut rivaliser avec n’importe quel club dans la Ligue, ça c’est sûr et certain, se convainc Couturier. On se voit comme une très, très bonne attaque. Je pense que c’est une meilleure attaque que ce qu’on avait quand on a gagné la coupe Memorial. »

Il est toutefois clair pour tout le monde qu’il n’y a pas de Noah Dobson, d’Olivier Galipeau ni d’Adam Howell dans l’édition actuelle du Titan. Le départ de Bellamy laisse un certain point d’interrogation à l’avant de la brigade de l’équipe de la Baie-des-Chaleurs, qui se rabat pour l’instant sur les signes encourageants récemment fournis par les joueurs de deuxième année Marc-André Gaudet et Zach Biggar.  

« Ils ont vraiment élevé leur jeu depuis un mois, observe Couturier. Avec [Harijs] Brants et [Cole] Larkin, on pense qu’on a un bon top-4. Si on peut l’améliorer, tant mieux, mais on est vraiment confortables avec ce qu’on a. »

Après Sévigny, que préparent les Sea Dogs?

L’agressivité observée à l’est des provinces de l’Atlantique braque les projecteurs vers Saint John, où le statu quo pourrait ne pas suffire aux hôtes du prochain tournoi de la coupe Memorial.

« Ça brasse, mais ce n’est pas une surprise. On s’attendait à ce que des équipes comme Charlottetown et Bathurst allaient foncer », assure le président et directeur général des Sea Dogs, Trevor Georgie.

Soyons clairs, ce n’est pas comme si Georgie avait regardé le train passer depuis l’ouverture de la fenêtre des transferts. Dimanche matin, il a posé un premier geste en attirant le vétéran défenseur Vincent Sévigny, qui avait exprimé sa volonté d’être échangé à un prétendant au titre dans notre édition précédente.  

Combiné à l’arrivée récente d’Yan Kunetsov, un choix de deuxième ronde des Flames de Calgary qui a été libéré tardivement par le Heat de Stockton dans la Ligue américaine, l’ajout de Sévigny procure aux Sea Dogs un contrepoids aux tendances offensives des Jérémie Poirier et William Villeneuve. 

« Vincent aussi a produit offensivement cette saison, mais ce n’est vraiment pas ça qu’on cherche de lui. On cherche de l’équilibre et je pense que Kuznetsov et lui, ce sont des gars qui vont nous aider à l’atteindre », prévoit Georgie. 

Le mur défensif qu’il a mis en place est réellement de toute beauté et à l’avant, marquer des buts ne sera jamais un problème tant que le noyau composé de William Dufour, Josh Lawrence, Brady Burns et Ryan Francis restera en santé. Si les Sea Dogs ont une carence, elle est devant le filet. Il s’agira de l’un des dossiers les plus intéressants à suivre d’ici au 6 janvier, date limite pour effectuer des transactions.

Présentement, l’équipe compte sur le vétéran de 20 ans Jonathan Lemieux et le Suisse Noah Patenaude, 18 ans. Lemieux, un portier ultra expérimenté qui a joué en finale de la coupe du Président le printemps dernier, a été acquis à fort prix des Foreurs de Val-d’Or durant la saison morte, mais ses performances jusqu’ici – une moyenne de buts alloués de 3,55 et un taux d’efficacité de ,892 – ne sont pas à la hauteur de son statut. Il a été envoyé aux douches dans deux de ses six dernières sorties et a accordé quatre buts dans trois des quatre autres.

Patenaude s’est blessé le 4 décembre dans un match à Sherbrooke. Ses chiffres à ce moment étaient nettement plus intéressants que ceux de son coéquipier. En plus de ses sept victoires en douze matchs, il montrait une moyenne de buts alloués de 2,96 et un taux d’efficacité de ,914. Il s’entraîne présentement avec son équipe nationale au Mondial junior et Georgie s’attend à ce qu’il soit pleinement rétabli de sa blessure à son retour du tournoi. Mais une équipe avec des objectifs aussi ambitieux que les Sea Dogs peut-elle se permettre de laisser son destin dans les mains d’un gardien à la feuille de route si mince?

« On aime notre duo avec Jonathan et Noah, mais on évalue toutes les possibilités pour assembler le meilleur club possible, se contente de dire Georgie. Il n’y a aucune position qui est complète, on évalue absolument tout. Je pense que c’est la chose à faire quand tu reçois la Coupe. Donc on n’est pas fermés à des changements à n’importe quelle position. »

Parmi les gardiens qui pourraient être dans la mire des Sea Dogs, on se permet de proposer les noms de Nikolas Hurtubise, qui a soulevé la coupe du Président avec les Tigres de Victoriaville la saison dernière, et Olivier Adam, qui fait des petits miracles avec le Drakkar de Baie-Comeau.

Aux quatre coins de la « Q »

-D’autres transactions de moindre envergure ont marqué l’ouverture du marché.

  • En plus de dire au revoir à Lafrance et Belgarde, les Saguenéens ont envoyé le défenseur Loris Rafanomezantsoa aux Cataractes de Shawinigan en retour d’un choix de première ronde.
  • Pour être en mesure d’accueilli Jaxon Bellamy, les Wildcats de Moncton ont refilé le défenseur de 20 ans Samuel Desgroseillers aux Tigres de Victoriaville.
  • Les Olympiques de Gatineau ont quant à eux déboursé deux choix au repêchage ainsi que le jeune attaquant Julien Paillé pour aller chercher Donovan Arsenault à Rouyn-Noranda.

 

-Félicitations à Antoine Coulombe, des Cataractes, qui a réalisé le rêve de tout gardien vendredi en marquant un but dans une victoire de 7-4 contre les Voltigeurs de Drummondville!

-Le retour à la réalité n’a pas été trop pénible pour les joueurs de la LHJMQ qui ont été retranchés au camp de sélection d’Équipe Canada junior. Zach Dean a obtenu cinq points lors du voyage des Olympiques de Gatineau en Abitibi. Hendrix Lapierre en a récolté quatre en deux matchs (il en a 14 à ses six derniers) avec le Titan d’Acadie-Bathurst. Ça a été un peu plus tranquille pour William Dufour et Joshua Roy, qui ont respectivement amassé trois et deux points en deux matchs avant la pause des Fêtes.

-Parlant de la pause des Fêtes, on juge le moment opportun pour vous offrir une petite mise à jour sur le rendement des espoirs du Canadien.

  • Riley Kidney occupe le neuvième rang du classement des pointeurs avec 41 points en 29 matchs. Son rendement au cercle des mises en jeu (55,5%) est en hausse comparativement à la saison dernière. Il est l’un des trois joueurs du top-15 à affiche un différentiel négatif (-2).
  • William Trudeau semble régulier comme une horloge à la ligne bleue des Islanders. Il a 25 points et un différentiel de +16 après 31 matchs. Il a récolté quatre mentions d’aide à son dernier match avant la pause.
  • Joshua Roy est le quatrième meilleur pointeur de la LHJMQ avec 47 points en 27 matchs. Il n’a été blanchi que dans quatre matchs cette saison.
  • Même si diverses blessures lui ont fait rater sept matchs, Xavier Simoneau arrive au sixième rang parmi les meilleurs marqueurs du circuit. Il domine la ligue avec 33 mentions d’aide.

 

-Patrick Guay a marqué 11 buts en 23 matchs après avoir été échangé aux Islanders la saison dernière. Il en a déjà 25 après seulement 31 matchs cette saison, ce qui fait de lui le meilleur franc-tireur de la Ligue au congé de Noël.

Dans vos oreilles

Grosse semaine pour le collègue Stéphane Leroux, qui s’est entretenu avec Mavrik Bourque, Félix Lafrance et le directeur des communications et des relations médias de la LHJMQ Maxime Blouin pour le plus récent épisode du balado Sur la glace. Bonne écoute!

Les citations de la semaine

« On aurait pu conserver le statu quo et connaître une fin de saison potable avec une autre saison correcte l’an prochain, mais ça aurait été de faire du surplace. Pour monter, il faut que tu acceptes de descendre. À un certain moment, il faut que tu comprennes que c’est nécessaire d’échanger tes joueurs plus vieux. » - Yanick Jean, le directeur général des Saguenéens, au journal Le Quotidien.

« Je ne pense pas être all in cette saison » - Stéphane Julien, le directeur général du Phoenix de Sherbrooke, au journal La Tribune. Le Phoenix est l’une des belles surprises de la saison avec une troisième place au classement général.  

Le jeu de la semaine

Rousseau vole un but à Lapierre