MONTRÉAL - En 1944-1945, lorsque Maurice Richard a été le premier à marquer 50 buts en 50 matchs, le Canadien et ses cinq adversaires de la LNH disputaient 50 matchs par saison.

 

Le «Rocket» a donc établi les paramètres d’un exploit très difficile à réaliser : celui de marquer 50 buts en 50 parties. Un exploit de taille, peu importe que ce soit lors des 50 premiers matchs de la saison ou lors d’une séquence au cours d’une longue saison comptant aujourd’hui 82 parties.

 

Michael Bossy – qui a l’appui de la planète hockey au grand complet dans sa lutte contre le cancer – a été le deuxième à imiter Maurice Richard. Il l’a fait en 1980-1981, soit 36 ans après celui qui a donné son nom au trophée remis annuellement au meilleur franc-tireur de la LNH.

 

Dès la saison suivante, Wayne Gretzky a repoussé les limites de l’impossible avec ses 50 buts marqués à ses 39 premières parties de la saison; avec ses 61 buts marqués lors de ses 50 premières rencontres. Deux ans plus tard, il est allé de 50 buts après 42 rencontres, de 61 à ses 50 premiers matchs. L’année suivante, Wayne s’est «contenté» de 53 buts à ses 50 premières parties.

 

Mario Lemieux et Brett Hull, deux fois, sont les seuls à avoir ajouté leur nom à la liste des marqueurs de 50 buts après les 50 premiers matchs d’une saison.

 

Samedi soir, à Toronto, Auston Matthews a ajouté son nom à la liste des autres grands marqueurs de l’histoire de la LNH en marquant, aux dépens de Jake Allen, un 50e but en 50 matchs. Il en a ajouté un 51e 27 secondes plus tard aux dépens du pauvre Samuel Montembeault qui n’avait pas encore eu le temps de mettre en mode «partie» après être venu en relève à son coéquipier qui a semblé se blesser à nouveau à l’aine.

 

Mario Lemieux, deux fois, Cam Neely, Alex Mogilny et Teemu Selanne ont devancé Matthews sur cette liste des joueurs exceptionnels qui ont marqué 50 buts en 50 matchs au cours d’une saison.

 

Est-ce que le fait de marquer 50 buts lors des 50 premiers matchs de la saison est plus méritoire que d’enfiler 50 buts en 50 rencontres en cours de saison?

 

La question est légitime.

 

Les réponses, bien que différentes, le sont tout autant.

 

Le Rocket a marqué 50 buts dans une saison de 50 matchs. S’il avait marqué ses 50 buts en 50 rencontres dans le cadre d’une saison comptant 56, 58, 60 parties, la nature même du record qu’il a établi serait différente. On n’accorderait sans doute moins, voire aucune, importance au fait que ces 50 buts aient été marqués lors des 50 premières parties.

 

Mais les paramètres établis en 44-45 servent encore aujourd’hui de critères de base pour ce record. Il est donc normal que les puristes refusent de donner autant d’ampleur à l’exploit de Matthews et des autres qu’il a imités qu’aux exploits de ceux qui ont imité le «Rocket» en marquant 50 buts lors des 50 premiers matchs de la saison… ou moins.

 

Est-il plus difficile de marquer 50 buts lors des 50 premiers matchs qu’en milieu ou en fin de saison?

 

Impossible de trancher ce débat avec certitude.

 

En fin de saison, des clubs éliminés qui jouent sans pression peuvent être de proies plus faciles en abandonnant lorsqu’ils se rendent vite compte qu’ils encaisseront une défaite de plus.

 

Et c’est vrai que cela arrive.

 

Mais quand on regarde le match de samedi, le Canadien est loin d’avoir donné le match à Matthews et aux Leafs. Vrai que Montembeault a mal paru sur le but qui a permis à Matthews de se rendre à 51 filets en 50 rencontres. Mais il lui en a volé un autre plus tard dans le match avec un bel arrêt de l’épaule droite.

 

Inversement, on pourrait avancer qu’il est plus facile de marquer en début de saison, alors que tous les joueurs sont bien reposés; alors que généralement ils ne sont pas minés par le poids des parties disputées en séries et les mille et un bobos, petits et gros, accumulés au fil du calendrier; alors que les équipes sont moins désespérées de gagner parce qu’elles auront encore bien des occasions de se reprendre.

 

Ce qui est indéniable, du moins à mes yeux, et c’est ce qui donne encore plus de valeur à l’exploit d’Auston Matthews d’avoir marqué 51 buts à ses 50 derniers matchs – dont 21 à ses 16 dernières rencontres – c’est qu’il est beaucoup plus difficile de marquer aujourd’hui que ce ne l’était à l’époque des Bossy, Gretzky, Lemieux et compagnie.

 

Pour le Rocket, impossible de me prononcer, car malgré mes cheveux gris je n’ai pas eu la chance de le voir dominer les gardiens adverses comme il le faisait.

 

Bien qu’on puisse s’appuyer sur l’histoire pour insister sur le fait qu’Auston Matthews n’a pas égalé le record établi par le grand Maurice, égalé par le grand Mike Bossy et amélioré ensuite par la Merveille, le Magnifique et le Golden Brett, il n’en demeure pas moins que l’exploit réalisé par le grand leader des Leafs est tout aussi imposant.

 

Du moins à mes yeux.

 

Price : le temps du grand retour

 

Martin St-Louis l’a assuré après le match de samedi : «La blessure subie par Jake Allen n’ouvre pas la porte au retour de Carey Price.»

 

J’imagine que ce que le coach voulait dire est qu’une fois décidé à revenir, Price reprendra sa place devant le filet du Canadien peu importe que l’un ou l’autre de ses adjoints ait signé quelques victoires de suite et, qui sait, quelques jeux blancs consécutifs.

 

Avec dix matchs à faire, alors qu’il semble trop fort pour la compétition lors des entraînements qu’il multiplie avec ses coéquipiers qui n’arrivent plus à le déjouer – confidence de Brendan Gallagher plus tôt cette semaine – le temps est venu pour Price d’effectuer son grand retour.

 

Et le match de lundi semble parfaitement choisi.

 

Non seulement le Canadien sera de retour devant ses partisans, mais les Jets qui feront escale au Centre Bell, lundi soir, en seront à un deuxième match en deux soirs puisqu’ils croisent les Sénateurs, à Ottawa, dimanche soir.

 

Sur patins, Price semble fin prêt.

 

Sous le masque, il est le seul à être en mesure de savoir s’il est prêt.

 

Mais s’il l’est, le responsable du plafond salarial John Sedgwick devra jongler avec quelques contrats pour dégager l’espace nécessaire pour insérer le salaire de Price qui est exclu de la masse du Tricolore depuis le début de la saison.

 

L’exercice ne devrait pas être trop compliqué.

 

Le Canadien pourrait rétrograder au Rocket de Laval Jesse Ylonen et Corey Schueneman afin de libérer un peu plus de 1,6 million $ sous le plafond.

 

Opéré au poignet samedi, Jonathan Drouin ne reviendra donc pas au jeu cette saison. Son nom pourrait être ajouté à celui de Shea Weber sur la liste des blessés à long terme du Canadien ce qui offrirait un allégement ouvrant toute grande la porte au retour de Price.

 

Avec dix matchs à faire, dont quatre qui seront disputés dans le cadre de deux séquences de deux matchs en deux soirs, Carey Price pourrait disputer huit matchs d’ici la fin de la saison.

 

Est-ce trop?

 

La réponse viendra du genou blessé et de la confiance du gardien au fil des minutes qu’il passera devant sa cage, au fil des tirs qu’il affrontera et des arrêts qu’il réalisera.

 

Mais comme il est essentiel que le gardien, ses coéquipiers et l’état-major soient fixés sur les chances de revoir Price au sommet de sa forme et de son art l’an prochain, que ce soit à Montréal ou ailleurs dans la LNH, il me semble que Carey devra disputer au moins quatre – six seraient mieux et huit seraient encore mieux – parties devant son filet.

 

À commencer par lundi soir.

 

On verra!

 

Bon dimanche! Bon Masters!