Week-end à New York : un aller-retour formateur pour Brandon Gignac
LNH vendredi, 15 mars 2019. 07:00 lundi, 2 déc. 2024. 10:54MONTRÉAL – Il ne serait pas totalement exact de dire que Brandon Gignac s’est réveillé à 6h30 le jour du plus important match de sa vie. Pour se réveiller, il faut d’abord avoir dormi.
Et Gignac n’a pratiquement pas fermé l’œil dans la nuit du 9 mars. En tout cas, pas après avoir été réveillé par la vibration de son téléphone, un quart d’heure passé minuit.
« J’étais en train de dormir, j’étais avec ma blonde, j’ai vu mon cell vibrer et le nom de mon coach. C’était bizarre, mais je me suis tout de suite dit que c’était une bonne nouvelle. »
Dépend encore pour qui. Pour les Devils du New Jersey, il s’agissait d’un appel d’urgence comme il y en a trop eu cette saison. John Quenneville, Kevin Rooney, Nick Lappin, Michael McLeod, Blake Pietila et Joey Anderson étaient tous sortis du vestiaire du club-école par la grande porte avant que Gignac ne soit tiré de son sommeil samedi dernier.
Mais ça, vous comprendrez que Gignac s’en foutait éperdument pendant qu’il fouillait dans sa penderie, au beau milieu de la nuit, à la recherche de son plus bel habit. Il s’en allait dans le show. Pour les petits bobos des autres, sa compassion avait appuyé sur snooze.
Gignac a appelé ses parents pour leur annoncer qu’il avait réussi. Moins de deux ans après avoir quitté les Cataractes de Shawinigan, un an après avoir subi une reconstruction complète du genou, il allait jouer dans la Ligue nationale.
« Ils étaient allés chez mon oncle et ma tante pour écouter mon match, le vendredi. D’habitude ils partent tout de suite après, mais là ils avaient décidé de continuer à prendre du vin. Je ne savais pas qu’ils étaient avec tout le monde quand je leur ai annoncé la nouvelle. Ils ne savaient pas trop quoi dire. Comme moi, ils étaient vraiment sous le choc. Je pense que mon père a pleuré. Ma mère, ça l’a frappé un peu plus tard. Là, elle ne savait pas ce qui se passait. »
Le lendemain, au lever du soleil, Gignac est monté dans sa voiture en direction du New Jersey. Dans un autre véhicule, sa copine s’est occupée de diriger le trafic familial qui convergerait vers le Madison Square Garden, lieu du baptême. Ils sont une douzaine, en tout, à avoir pu se déplacer pour l’occasion. Amanda Stein, une Montréalaise qui travaille pour le compte des Devils, a immortalisé cette inoubliable réunion de famille sur un magnifique cliché qui se retrouve sur son compte Twitter.
#NJDevils Brandon Gignac’s family and friends weren’t sure if he would be in the lineup tonight.
— Amanda Stein (@amandacstein) 10 mars 2019
They found out around 10 am that he would be making his NHL debut. All 12 of them hopped in their cars and made it from Quebec in time to see his first game! pic.twitter.com/FmIP8QPhgU
« J’étais content que tout le monde ait pu venir. Ça m’a coûté cher de billets, mais ça a valu la peine », se réjouissait Gignac, qui avait eu la chance de jouer devant les siens en septembre lors d’un match préparatoire au Centre Bell.
« Le stress est venu me chercher »
Il suffit de visionner les principaux faits saillants du match que les Devils ont perdu 4-2 aux mains des Rangers pour réaliser que tout ne s’est pas déroulé rondement pour le Repentignois de 21 ans.
À sa deuxième présence, Gignac bataillait le long de la rampe avec Ryan Strome quand sa tentative de sortie de zone à l’intention de Kyle Palmieri a été coupée par un défenseur à la ligne bleue. Il a fallu un splendide arrêt de Cory Schneider pour réparer sa bourde.
Puis en début de deuxième période, la recrue a été victime d’un autre revirement, celui-là en zone neutre, offrant un 2-contre-1 aux Rangers. Encore une fois, Schneider a limité les dégâts.
« J’ai fait un revirement et après, je jouais les mains un peu plus serrées, confesse celui qui a fait sien le numéro 51. Je ne jouais pas comme j’en étais capable par la suite. On dirait que le stress est venu me chercher. »
« C’est bizarre parce qu’au début de la game, je me suis juste dit : ‘Va avoir du fun, c’est ta première fois, va leur montrer que tu as ta place’. Dans le fond je n’avais pas de stress, je ne savais pas quoi penser, je ne savais comme pas ce qui se passait. C’est juste au milieu de la partie que je me suis dit : ‘Crime, je suis là!’ »
Gignac ne sera finalement pas resté « là » longtemps. Sur la glace pour deux des quatre buts des Rangers, il a terminé sa soirée avec 9:04 de temps de glace et un différentiel de -2. Même s’il ne croit pas que sa performance ait cloué son cercueil, il reprenait le lendemain la route des mineures. Trois jours plus tard, il affrontait ironiquement le Wold Pack de Hartford, l’équipe réserve des Rangers.
« Je vais apprendre mes leçons, promettait le sympathique attaquant au lendemain de son retour au jeu dans la Ligue américaine. Je pense que mon match a quand même bien été, mais j’ai fait une ou deux erreurs qui m’ont tracassé pas mal pour le reste du match. C’est normal, c’était ma première. Il faut maintenant que j’apprenne de mes erreurs. »