Voici le 5e volet d'une série d'articles au sujet d'une dizaine d'espoirs en vue du repêchage de la LNH qui sera présenté à Dallas les 22 et 23 juin.

BUFFALO – Avant même de tenir un bâton dans ses mains pour la première fois, Benoit-Olivier Groulx possédait déjà le sens du hockey. La génétique a fait son œuvre, son père lui a transmis cette faculté.

Le fils de l’entraîneur Benoit Groulx n’a pas eu besoin de séances privées à décortiquer des vidéos avec son père pour « comprendre la game ». Le seul fait de baigner dans ce milieu tissé serré a permis à Benoit-Olivier d’assimiler une multitude d’informations qui rapportent aujourd’hui.

Ce joueur de centre de six pieds un pouce et 195 livres détient donc un bagage différent de la plupart de ses confrères de 17 ans qui attendent le repêchage de la LNH avec impatience. Dans son cas, la maturité de son jeu saute au visage.

« Il ne peut pas renier ses racines, il a une très bonne base de hockey en lui. Dans une position stratégique comme le centre. Il peut accomplir plusieurs missions dans un match comme supporter ses partenaires dans le fond de sa zone, fabriquer des jeux, appuyer ses ailiers en territoire offensif et être un bon passeur. Tout ça fait partie du sens du hockey et le sien est très bon », a décrit un recruteur d’une équipe de l’Est dans la LNH.

« C’est devenu un classique de dire qu’il est le fils d’un entraîneur, mais c’est le cas quand même. Il accomplit les détails que plusieurs personnes ne voient pas, mais que les entraîneurs apprécient. Tout ça a une valeur inestimable pour un coach. Tu n’as jamais assez de gars comme lui dans ton organisation », a vanté un dépisteur qui patrouille la LHJMQ pour une formation de l’Ouest de la LNH.

Une question persiste toutefois à son sujet, quelle production offensive pourra-t-il générer dans la LNH ? Même si la Centrale de recrutement de la LNH le classe au 20e rang en Amérique du Nord sur sa dernière liste, le centre des Mooseheads de Halifax n’est pas à l’abri d’une baisse de valeur au repêchage en raison de ce facteur.

Après tout, les dépisteurs sont embêtés de prédire s’il deviendra un centre de deuxième trio ou de troisième trio.

« Je ne le vois vraiment pas comme un top-6 dans la LNH, mais plus comme un centre très solide dans l’ensemble de son jeu avec une grande éthique de travail. On sait également qu’il va investir du temps sur ses lacunes offensives, ce n’est pas inquiétant dans son cas », a émis la source de l’Ouest.

Les plus optimistes à son égard utilisent une justification intéressante pour appuyer leur jugement.

« Peut-être que ses responsabilités de centre ont affecté son offensive aussi. Je pense qu’il a plus d’attaque en lui que ce qu’on a vu cette année. Quand tu accomplis bien ton rôle de centre, tes statistiques peuvent être moins bonnes dans le junior que d’autres qui ne pensent qu’au côté offensif », a noté un recruteur d’une deuxième équipe de l’Est.

« Je crois qu’il peut pivoter le deuxième trio. S’il devient votre troisième centre, c’est que vous aurez une très bonne équipe », a indiqué Cam Russell, son directeur général à Halifax. 

« Il fait partie de ces joueurs avec lesquels les très bons athlètes veulent être jumelés. Avec son ADN, il assimile si bien le jeu. C’est un joueur qui comprend l’importance de chaque situation. Il trouvera sa niche, peu importe l’équipe qui le choisira », a précisé Dan Marr, le directeur de la Centrale de recrutement de la LNH.

Dans le cadre de ses 28 entrevues durant la semaine du Combine à Buffalo, Groulx s’est vu offrir la chance de se prononcer là-dessus quelques fois.

« Les équipes voulaient savoir comment je compte améliorer mon rendement offensif. J’ai compté 28 buts cette saison, mais j’aurais probablement pu en compter 40 en lançant plus souvent et en étant davantage créatif sur la patinoire », a exposé celui qui a hérité de responsabilités défensives importantes dès sa saison de 16 ans sous les ordres d’André Tourigny.

« Je suis confiant que je pourrais en faire beaucoup plus offensivement, mais ça va venir avec le temps. Je suis un gars qui a développé sa défense avant son attaque. Je pense que c’était très important dans mon style de jeu. Là, c’est le plaisir qui va commencer, c’est le temps de s’améliorer en zone offensive. »

Même s’il a avant tout joué son rôle de père, et non celui d’entraîneur, Benoit Groulx devrait pouvoir lui refiler quelques conseils dans ce sens. Le fiston se fie surtout sur les similitudes dans leur caractère pour y parvenir.

« Il y a plusieurs ressemblances, on est deux gars avec beaucoup de confiance. Il n’y a rien qui va nous arrêter de faire ce qu’on veut. Son objectif, c’est de coacher dans la LNH et il va l’atteindre. Il a beaucoup de détermination et c’est la même chose dans mon cas », a indiqué le gaucher.

Une autre ressemblance réside dans leur franchise. Les Groulx ne sont pas du style à tourner autour du pot pour dire ce qu’ils pensent. Sondé sur ses coéquipiers des Mooseheads qui devraient être repêchés avec lui en juin, Benoit-Olivier a été limpide comme en témoigne ce commentaire sur le gardien Alexis Gravel. 

« Il a eu une saison un peu difficile, mais il a assez de caractère de passion que je ne suis pas inquiet pour lui. Il aime un peu ‘donner son show’ quand on joue de gros matchs avec beaucoup de pression c’est l’une de ses grandes qualités. »

McIsaac, même combat que Groulx

En plus de vivre cette récompense à Dallas avec son père et sa famille, Groulx partagera ces beaux moments avec son grand copain et coéquipier Jared McIsaac.

Jared McIsaacPuisque la cuvée 2018 regorge de défenseurs très talentueux, le défenseur gaucher des Mooseheads a évolué dans l’ombre.

Malgré tout, il est perçu comme un défenseur très fiable offensivement et défensivement qui intéresse aussi plusieurs équipes avec la dimension physique de son jeu. Une sélection en première ronde est plus que réaliste pour celui qui a hérité du 13e rang sur le dernier rapport de la LNH.

Tout comme Groulx, McIsaac s’est vu confier de grandes missions défensives face aux meilleurs trios en dépit de son jeune âge. Sans cela, il aurait probablement frôlé les attentes offensives qui accompagnaient son profil.

« C’est vrai que j’aurais voulu obtenir plus de points, mais je suis content de ma saison et ce ne sont pas uniquement les points qui comptent », a convenu McIsaac qui veut mouler son style sur celui de Ryan McDonagh.

« Les statistiques ne sont qu’une partie de l’équation et c’est encore plus vrai pour les défenseurs chez qui on veut surtout voir s’ils accomplissent le travail exigé par les entraîneurs. Jared est très bon pour lire le jeu, garder son sang-froid et réussir sa mission, peu importe la situation. On croit qu’il a encore de la place pour améliorer le côté offensif de son jeu.

« C’est aussi le genre de gars duquel tu dois te méfier si tu réveilles l’ours qui dort. Quand le jeu physique se lève et qu’il fait passer son jeu à un autre niveau, il devient très difficile à affronter », a conclu Marr.