TORONTO (PC) - Depuis le début de sa carrière, le gardien Martin Brodeur a été bon joueur avec les représentants des médias en leur disant les "vraies affaires" et en évitant les clichés. Brodeur fait de même dans sa biographie parue lundi, "Brodeur: Beyond the Crease", écrite en collaboration avec le columniste du Toronto Star Damien Cox.

Brodeur trouvait d'ailleurs important d'écrire ce livre alors qu'il joue toujours dans la Ligue nationale de hockey.

"Je voulais donner l'heure juste aux lecteurs. C'est facile d'écrire un livre une fois que tout est terminé, a déclaré l'athlète de 34 ans à la Presse Canadienne. J'ai encore quelques années devant moi et je voulais dire comment je me sentais maintenant, alors que je vis ces années."

Brodeur laisse les lecteurs s'immiscer dans sa vie d'athlète, mais aussi dans sa vie de tous les jours et il n'évite pas les sujets plus délicats. Brodeur traite entre autre du sort réservé à Todd Bertuzzi à la suite de son geste contre Steve Moore, en disant sans équivoque que le gros joueur des Panthers de la Floride a assez payé pour son geste.

"Ce genre de coup arrive sans cesse, a-t-il dit du temple de la renommée du hockey, où son livre était lancé lundi. Je ne veux pas minimiser ce que Steve (Moore) a subi, mais la vie et la carrière de Bertuzzi en ont aussi été changées. Ce sera difficile pour lui de redevenir le joueur qu'il était."

Un autre sujet abordé par Brodeur est l'indépendance du Québec.

"Le Canada a été bon pour moi tout au long de ma carrère, a dit Brodeur, trois fois membre de l'équipe olympique canadienne. Vous seriez surpris de voir combien d'athlètes québécois pensent que le Canada devrait demeurer comme il est présentement. Je ne veux pas tomber à bras raccourcis sur le Québec: je suis fier de mon héritage et je suis très fier de pouvoir parler deux langues. Je ne trouve d'ailleurs pas ça correct si un joueur francophone s'adresse à moi en anglais."

En plus de parler de ses manies et habitudes avant et pendant un match, le livre parle de tout l'argent qu'il a fait depuis le début de sa carrière, ou celui qu'il n'a pas fait, selon certains. Brodeur s'est attiré les foudres de certains joueurs et agents en acceptant des contrats que ceux-ci jugeaient en-deça de sa valeur par le passé, mais Brodeur persiste et signe.

"À la fin de ce contrat, j'aurai 39 ans et je ferai 5,2 millions $ par saison. Regardez (Dominik) Hasek et (Ed) Belfour: ils n'ont font que 750 000 $ à cet âge. J'aide les Devils présentement à maintenir l'équipe intacte sous les nouvelles règles de la LNH, mais je serai probablement surpayé dans cinq ans."

Ce contrat a probablement permis aux Devils de pouvoir compter sur les services de Patrick Elias pour les prochaines saisons. Brodeur minimise aussi l'impact d'un agent dans les négociations de contrat, lui qui n'en a plus depuis 1998, quand il a mis fin à son association avec Gilles Lupien.

"N'accordez pas trop de crédit aux agents: c'est plus facile que ça en a l'air", écrit-il dans son livre.

Brodeur y parle aussi de son grand amour pour les Jeux olympiques, auxquels son père a participé en 1956, mais comme Brodeur le dit souvent, gagner des matchs est plus important que tout, et il n'hésite pas à parler du seul record auquel il accorde vraiment de l'importance: les 551 victoires de Patrick Roy, lui qui en compte actuellement 446.

"C'est le record que je veux. Il semble loin pour l'instant, mais j'espère m'y rendre."

C'est un peu une histoire personnelle pour lui, qui n'a pas digéré que Roy exige de garder tous les matchs des Jeux de Nagano, en 1998, même le match pour la médaille de bronze face à la Finlande, que les joueurs trouvaient sans importance. Pour ajouter l'insulte à l'injure, Roy a battu Brodeur en finale de la coupe Stanley en 2001, une finale où Brodeur aurait vraiment aimé le battre.

Le gardien québécois parle même de son divorce dans cette biographie, un divorce grandement médiatisé au Québec et à New York, en 2003. Quand son ex-épouse a rendu publique la fin de leur union en pleines séries éliminatoires, toute la presse sportive et à potins en ont fait leurs choux gras. Quand il soulevait la coupe Stanley à bout de bras quelques semaines plus tard, ce n'était déjà plus une histoire.