MONTRÉAL – Ignoré au repêchage de la Ligue junior de l’Ontario, Claude Giroux disputera, jeudi, son 1000e match et il a amassé son 900e point de superbe manière face au Canadien. Ian Laperrière aime le décrire avec cette anecdote qui en dit long sur sa personnalité. 

« À l’été 2011 ou 2012, j’étais allé voir des amis à Ottawa où Claude habite. Je l’appelle pour lui dire que je suis à tel aréna avec mon ami qui s’occupe d’une pratique de ses joueurs de calibre A. Je lui dis que ce serait le fun qu’il vienne faire un tour. Il arrive avec ses patins, embarque sur la glace avec les kids et ils parlent avec eux après. Je l’ai présenté aux jeunes ‘Claude, vous savez c’est qui, c’est l’un des meilleurs joueurs de La LNH et je continuais à le vanter.’ Quand on sort de la chambre, il me pogne ‘Hey Lappy, arrête, tu me gênes quand tu parles de moi comme ça’ », a raconté Laperrière qui a été son coéquipier et son entraîneur adjoint chez les Flyers.  

« Tu vois ça souvent avec les grands joueurs. Oui, ils sont bons, mais ils restent humbles. Dans mon livre, c’est pour ça qu’il est un joueur spécial dans l’histoire de la LNH. Oui, il a participé à des Matchs des étoiles et il va continuer d’être bon, mais c’est son aspect humble que j’apprécie », a-t-il ajouté. 

À quelques jours du 1000e match de Giroux, Laperrière s’est fait un plaisir de revenir sur son parcours en compagnie de Sean Couturier et Scott Hartnell. Ils ont chacun vécu de près l’influence de Giroux dans cette organisation. 

Ils retiennent son humilité, mais tout autant l’assurance en ses moyens. D’ailleurs, Hartnell était présent au premier match de Giroux, le 19 février 2008, et il se rappelle que ça sautait déjà aux yeux.  

« Je me souviens qu’il avait l’air d’un garçon 14 ans. C’était dans sa ville natale et il avait été délégué en fusillade. Il ne parlait pas beaucoup en anglais, mais on pouvait voir la confiance qu’il possédait. Désormais, presque tous les jeunes débarquent avec cette confiance. Il était un peu en avance à ce point de vue », a raconté Hartnell alors que les Flyers avaient perdu 3 à 2 face aux Sens et le gardien Ray Emery. 

Giroux n’a pas perdu de temps pour pousser cette confiance à un autre niveau. 

« Je me rappelle que Hartnell était sur son trio et il se fâchait après lui quand il n’était pas prêt pour une pratique ou un exercice. Pour moi, c’est du leadership », a vanté Laperrière. 

Puisque le hockey est un petit monde, le message a rapidement fait le tour de la LNH et tous les joueurs souhaitaient être jumelés à Giroux. Son esprit compétitif a d’ailleurs incité des joueurs autonomes à se joindre aux Flyers.

Hartnell reconnaît qu’il a été très chanceux de compléter un trio avec Giroux et Jaromir Jagr en 2011-2012. 

« Ce que Lappy raconte me rappelle ceci. Claude voulait que je pratique mieux et Jagr aussi. Jagr me disait qu’il n’était pas venu ici pour gaspiller une année, il voulait gagner. J’ai bien appris cette leçon, je ne voulais pas décevoir une légende comme Jagr et Claude en même temps », a confié Hartnell qui en a profité pour compter 37 buts.

Couturier a grandi auprès de Giroux. À vrai dire, c’est le joueur qui a exercé le plus grand impact sur sa carrière. En jouant à ses côtés, il a propulsé son répertoire offensif ce qui a modifié sa trajectoire LNH. 

Afin de taquiner Giroux, il s’est amusé à raconter cette histoire. 

« À ma saison recrue, j’ai réussi mon premier tour du chapeau en séries contre les Penguins (en avril 2012). C’était cette série avec des buts à ne pas en finir. Le match s’était terminé 7-4 ou 7-5 (8-5 pour être très précis). Claude aussi avait eu tour du chapeau, mais j’avais plus retenu l’attention vu que c’était ma première année. Il était déjà une vedette donc c’était comme si les gens s’en attendaient. J’aurais pu avoir un quatrième but dans un filet désert, mais il est arrivé en coupant vers le but et il s’est assuré que je lui donne la rondelle », a rigolé Couturier alors que Giroux avait fini son match avec trois buts et trois aides. 

Ça semble donc inutile d’ajouter une preuve de son immense désir de compétition, mais le sujet en valait la peine. 

« On buvait quelques bouteilles d’eau un soir en regardant un groupe de musique quand Craig Berube (qui était alors adjoint à Philadelphie) est arrivé. Il s’est lancé dans un bras de fer avec Claude. Il a laissé Berube prendre l’avance et, tel un véritable Sylvester Stallone, il l’a renversé et planté d’un coup! On capotait », a confié Hartnell sur cette scène amusante alors que Giroux raffole autant de gagner aux cartes, au Monopoly ou aux quilles.

Reste maintenant à voir s’il parviendra à soulever la coupe Stanley alors que les Flyers sont prêts à se départir de leur capitaine afin de lui offrir cette possibilité cette année.