Si Kent Hughes avait décliné l’offre de devenir le 18e directeur général du Canadien, c’est flanqué de Jeff Gorton et John Sedgwick que Daniel Brière aurait traversé la longue galerie de presse du Wells Fargo Center pour aller s’installer dans la loge réservée aux dirigeants des équipes qui font escale à Philadelphie pour y affronter les Flyers.

Parce que Hughes a accepté une offre qu’il ne pouvait refuser, Brière regardera les membres de l’état-major du Canadien défiler avant d’aller prendre place dans la loge réservée aux dirigeants des Flyers.

Une loge vaste située tout juste à la sortie du gros ascenseur dont les portes ouvrent sur la galerie de presse.

Une loge à l’intérieur de laquelle Brière prend de plus en plus de place aux sens propre et figuré.

« Les choses ont vraiment bien tourné », reconnaît le Gatinois qui a hérité du titre de conseiller spécial au directeur général Chuck Fletcher.

Pour la deuxième fois de sa carrière, les liens qui semblaient être sur le point d’associer Brière au Canadien lui ont servi de tremplin pour améliorer sa situation avec les Flyers.

Rappelez-vous : en 2007, alors que le Tricolore tentait de profiter de l’ouverture du marché des joueurs autonomes pour attirer Brière à Montréal, c’est plutôt à Philadelphie qu’il s’est retrouvé après qu’il eut accepté le contrat de huit ans d’une valeur de 52 millions $ que lui avait présenté le directeur général de l’époque Paul Holmgren.

Près de 14 ans plus tard, l’attention portée à Brière par le Canadien alors qu’il s’est retrouvé finaliste dans la course au poste de DG a poussé les Flyers à réaliser qu’ils devaient non seulement garder leur ancienne vedette offensive, mais prendre les moyens pour préparer Brière à occuper des fonctions plus importantes.

« J’aurais vraiment été honoré d’être le directeur général du Canadien. Le simple fait d’avoir pris part au processus de sélection, d’avoir multiplié les entrevues et de m’être rendu si loin est déjà un grand honneur. Mais quand tu regardes le déroulement de ma carrière, c’est à Philadelphie que j’ai connu les meilleurs moments de ma carrière. C’est donc avec les Flyers que le destin voulait que je demeure à titre d’homme de hockey », a raconté Brière lors d’un entretien téléphonique plus tôt cette semaine.

Le Gatinois est donc sorti grandi de l’expérience acquise dans la quête du Tricolore de trouver le successeur à Marc Bergevin et surtout gagnant puisqu’il pourrait un jour hériter de ce poste avec les Flyers.

Surtout que les Flyers déçoivent cette année. Après de multiples transactions et acquisitions visant à faire de cette équipe un club non seulement bâti pour les séries, mais susceptible d’aller loin une fois le tournoi printanier amorcé, les Flyers sont derniers dans la division métropolitaine. Ils rateront les séries pour une deuxième année consécutive. Lors des dix dernières saisons, ils n’ont atteint les séries que quatre fois. Ils ont atteint la deuxième ronde une seule fois.

L’entraîneur-chef Alain Vigneault a été congédié alors qu’il n’avait pas atteint la moitié de la saison (8-10-4), alors qu’il n’avait pas écoulé la moitié du contrat de cinq ans que les Flyers lui avaient consenti pour refaire de cette équipe un club capable de revenir à l’avant-scène qu’il occupait il y a un peu plus de dix ans alors que les Flyers ont non seulement atteint les séries cinq saisons de suite, mais se sont rendus une fois en finale d’association et une autre en grande finale. Une finale qu’ils ont perdue aux mains des Blackhawks de Chicago après avoir éliminé le Canadien en finale d’association et ainsi mis fin au printemps Halak en 2010.

Plongée dans toutes les opérations hockey

C’est dans ce contexte de reconstruction que Brière se joint à Fletcher, ses adjoints et surtout les nombreux conseillers vénérables, comme Bobby Clarke et Bill Barber, qui gravitent toujours autour des Flyers et sont consultés lors des grandes décisions.

Un contexte qui pourrait lui permettre de gravir les échelons plus rapidement que plusieurs l’anticipent et peut-être obtenir le poste de directeur général avant longtemps.

Brière se braque un brin ou deux devant ce scénario : « Je me joins à l’état-major dans le but d’apprendre de Chuck et des gars qui sont là », réplique Brière.

Mais quand même : les mandats qui lui ont été confiés prouvent qu’il doit apprendre en accéléré : il est de toutes les réunions multipliées en vue de la date limite des transactions le 21 mars prochain. Une date qui pourrait marquer l’histoire de l’équipe alors que le capitaine Claude Giroux pourrait être échangé quelques jours seulement après avoir disputé son 1000e match dans l’uniforme des Flyers.

« La balle est dans le camp de Claude. Nous sommes prêts à lui donner la chance de viser une coupe Stanley avec une autre organisation s’il est possible d’obtenir les compensations que nous considérons juste dans le cadre d’une telle transaction », que Brière a reconnu alors qu’il filait en direction de Buffalo pour assister à des matchs impliquant des espoirs potentiels.

Il devait ensuite faire escale à Lehigh Valley pour aller épier le club-école qui est dirigé par son ami et ancien coéquipier Ian Laperrière.

« Je serai de retour dimanche pour le match contre le Canadien », a toutefois tenu à préciser Brière.

Une fois la date limite des transactions passées, Brière se tournera du côté du repêchage amateur et il prendre les bouchées doubles afin de se familiariser avec les rouages de cette science aussi indispensable qu’inexacte. Une science que les Flyers devront améliorer puisqu’ils risquent d’obtenir un choix hâtif en première ronde l’été prochain au Centre Bell. Surtout si la loterie leur est favorable.

« On vit une saison décevante. Un peu comme à Montréal, avec le Canadien, nous étions vraiment convaincus de connaître une grosse année. De rebondir après les ennuis de l’an dernier. Les blessures – Ryan Ellis n’a disputé que quatre matchs, Sean Couturier a été opéré au dos pour tenter de guérir une blessure qui le minait depuis longtemps, Kevin Hayes est un autre gros nom qui manque à l’appel – et le fait que quelques gars ont eu des débuts difficiles ont tout changé. La bonne chose dans tout ça est que cela ouvre la porte à des changements qui pourraient être bénéfiques. C’est le défi dans lequel je me trouve et j’adore ce qui s’offre à moi. J’avais des fonctions administratives avec les Mariners – son équipe de la ECHL – mais je suis 100 % dans les opérations hockey avec les Flyers. »

Bientôt un quatrième garçon

Bien qu’il était prêt à faire un retour au Québec et que sa conjointe qui adore Montréal était tout aussi prête à mettre le cap vers le Nord dans l’éventualité où il aurait obtenu le job de DG du Canadien, Brière reconnaît que Philadelphie demeure son lieu de résidence logique.

C’est là que ses fils Carson, Cameron et Caelan ont grandi. C’est là qu’ils reviennent l’été après leur année scolaire au cours de laquelle ils combinent études et hockey.

C’est là aussi qu’il amorcera bientôt une nouvelle vie personnelle parallèlement à ses nouvelles responsabilités professionnelles. Car d’ici quelques semaines, son épouse Misha donnera naissance au premier enfant du nouveau couple. Un quatrième garçon s’ajoutera au trio de jeunes hommes âgés de 21 à 23 ans.

Est-ce que le prénom du quatrième suivra la tendance et débutera lui aussi par un C?

« On ne sait pas encore. Il y a des débats en cours entre Misha et moi sur cette question. On a mis les négociations sur la glace pour le moment. Les dossiers associés à la date limite des transactions sont trop accaparants. On va reprendre les négos après le 21 mars », conclut Daniel Brière en riant.