DALLAS – Il y a une trame fascinante reliée à la sélection de Nicolas Beaudin, vendredi soir, en première ronde par les Blackhawks de Chicago. Elle unit Beaudin à Dominic Ricard et Alexandre Rouleau et elle remonte jusqu’au début des années 2000.

 

À ce moment, Beaudin n’était âgé que de quelques mois. Ricard, lui, oeuvrait au sein du personnel d’entraîneurs des Foreurs de Val-d’Or. Il dirigeait Rouleau, un défenseur avec lequel il a développé une connexion intéressante si bien que les deux hommes sont restés en contact au fil du temps.

 

À la suite de son passage avec les Foreurs, Ricard a entamé une longue association de plus d’une décennie avec les Voltigeurs de Drummondville. C’est alors qu’en 2015, Ricard, de son poste de directeur général, a sélectionné Beaudin, un petit défenseur qu’il avait en haute estime, au repêchage de la LHJMQ.   

 

Lors de cet encan, les Voltigeurs disposaient d’une sélection en fin de première ronde, au 18e rang, et leur prochain droit de parole n’était qu’au 39e échelon, au début du troisième tour.

 

« On l’avait choisi au 39e rang, mais on l’avait classé en première ronde sur notre liste. Pour te dire à quel point on tenait à lui, on avait fait préparer son nom pour le chandail. C’est stratégiquement qu’on s’était dit qu’il allait glisser parce qu’il était plus petit. On présumait qu’il serait là tôt en troisième ronde », a raconté Ricard, croisé dans les gradins du American Airlines Center de Dallas.

 

La suite a démontré que Ricard et son dépisteur en chef de l’époque, Luc Dagenais, ne s’étaient pas trompés. Beaudin a eu besoin de temps, mais il a démontré, cette saison, l’étendue de son potentiel sous l’influence positive de Dominique Ducharme.

 

Nicolas BeaudinLentement, mais sûrement, ce savant sur patins a conquis plusieurs observateurs aguerris de la scène du hockey. Parmi eux, il y a une multitude de recruteurs et de dirigeants de la LNH, mais les Blackhawks sont particulièrement tombés sous son charme.

 

Par un beau hasard, le dépisteur québécois des Hawks est nul autre que... Rouleau. Évidemment, ce dernier a eu besoin de l’aval de ses patrons pour investir un choix de première ronde sur Beaudin. Le contexte était en quelque sorte idéal puisque Chicago avait déjà repêché le très prometteur Adam Boqvist au huitième échelon.

 

Mais non, le lien entre les trois hommes ne s’arrête pas là. Depuis qu’il a été congédié par les Voltigeurs, il y a deux ans, Ricard s’est réorienté en tant que conseiller au sein de l’influence agence de joueurs de Pat Brisson, CAA Hockey. Ricard épaule surtout André Ruel qui s’occupe de plusieurs espoirs de la LHJMQ.

 

Vous voyez peut-être venir l’autre degré. Il n’y a pas très longtemps, Beaudin s’est joint à cette agence notamment grâce à sa relation de confiance avec Ricard.  

 

« Sa famille m’a souvent répété que j’ai été le premier à croire en lui d’une manière différente et on en arrive là maintenant, c’est une connexion spéciale », a confié Ricard quand on l’a invité à expliquer le tout.

 

Ainsi, Ricard était posté tout près de Beaudin et ses proches vendredi soir. Ils suivaient l’action de la soirée de la première ronde. Lorsque l’état-major des Hawks a fait confiance à Rouleau, le scénario rêvé s’est produit et Beaudin s’est empressé d’enlacer Ricard dans ses bras. Avec raison, le niveau de satisfaction qui habitait Beaudin était immense, mais disons que Ricard en ressentait beaucoup également.

 

« C’est énormément de fierté, c’est vraiment le premier mot. Je base beaucoup mon travail sur les relations interpersonnelles et je dis souvent que le hockey n’est que le contexte. Je suis un entraîneur et un conseiller, mais je travaille avant tout avec des êtres humains. C’est une fierté de voir que je peux avoir un impact sur des gens. Alexandre et Nicolas, ce sont des jeunes que j’ai vu grandir.

 

« J’ai une implication émotionnelle là-dedans. Je sais qu’Alexandre aimerait bien qu’un joueur que j’accompagne puisse être recruté par lui et son équipe », a exposé Ricard.

 

Au cours des derniers mois, Ricard s’est impliqué dans les dossiers de Beaudin, Olivier Rodrigue, Jared McIsaac, Benoit-Olivier Groulx et Xavier Bouchard qui ont tous été repêchés en fin de semaine. Il ne peut pas cacher que la sélection de Beaudin demeure spéciale à ses yeux.

 

« La fierté est encore plus grande dans son cas parce qu’il arrive de loin. Personne ne le voyait là. Il n’est pas passé par les programmes de Hockey Canada ni le match des meilleurs espoirs. Le fait que j’ai été congédié à Drummondville m’a mené à travailler pour une agence et je me retrouve à l’accompagner dans cette étape. Ça faisait toute une soirée.

 

« Luc, mon dépisteur Drummond m’a texté pour me dire qu’on ne s’était pas trompés sur Nicolas, on le voyait gros », a conclu Ricard sur un ton rempli de modestie.

 

*Avec la collaboration de Stéphane Leroux.