LAS VEGAS – Quelques minutes après avoir encaissé un revers de 4-3 qui propulsaient les Capitals de Washington à leur première conquête de la coupe Stanley, serré la main à leurs adversaires avant de vite retraiter la tête basse au vestiaire pendant que les champions amorçaient des célébrations qui se poursuivront pendant des jours, non des semaines, les Golden Knights étaient démolis.

 

La saison de rêve auréolée de 109 points, dont 51 victoires, une saison comme aucune autre équipe d’expansion n’a connue dans l’histoire du sport professionnel ne comptait plus.

 

Les victoires aussi surprenantes que convaincantes en première ronde contre Los Angeles, en deuxième contre San Jose et en finale de l’Ouest contre des Jets de Winnipeg que plusieurs voyaient gagner la coupe Stanley ne comptaient plus non plus.

 

« On va peut-être pouvoir y penser dans quelques jours, mais pour l’instant il n’y a que la défaite qui compte. Et elle fait très mal. On s’est rendu jusqu’ici. On était si proche. Ça fait mal », a lancé un Marc-André Fleury abattu et visiblement épuisé lorsqu’il a croisé les journalistes dans le vestiaire des Knights.

 

Un vestiaire où le poids de la défaite était lourd. Où pour une première fois depuis le mois d’octobre dernier, la confiance, la foi et l’optimisme qui ont animé ce groupe de joueurs largués par leurs anciens clubs avaient disparu.

 

Avant de soulever la coupe Stanley à trois reprises avec les Penguins de Pittsburgh, Marc-André Fleury l’a aussi vue lui glisser une fois entre les mains. Contre les Red Wings de Detroit en 2008.

 

« Le fait d’être déjà passé par là n’aide pas vraiment. Quand tu as vécu une telle sensation, tu ne veux pas la revivre », a ajouté Fleury qui tenait à s’excuser auprès des partisans qui les ont appuyés toute l’année. « On peut juste les remercier pour l’appui qu’ils nous ont offert toute la saison et depuis le début des séries. On a vécu une aventure sensationnelle et je suis désolé qu’on n’ait pas été en mesure de leur offrir la coupe. On a quand même un bon club et on sera bon pour bien des années encore. »

 

Solide dans la défaite, Marc-André Fleury a réalisé plusieurs gros arrêts au cours de la rencontre avant de concéder quatre buts. Du groupe, c’est le dernier, le but gagnant enfilé par Lars Eller qui a sauté sur une rondelle que le gardien québécois venait de partiellement bloquer qui a fait le plus mal.

 

« Je suis allé sur les genoux et je croyais que la rondelle était sous moi. Elle a glissé derrière », a simplement décrit le gardien qui a stoppé 29 des 33 tirs des Capitals.

 

Jakub Vrana, à l’aide d’un bon tir dans la lucarne que Fleury a partiellement touché avec sa mitaine, a marqué le premier but du match. Alex Ovechkin a redonné l’avance aux Caps en trouvant une façon de percer Fleury lors d’une attaque massive des Caps, et Devante Smith-Pelly avec une manoeuvre magnifique pour niveler les chances 3-3 en milieu de troisième période ont marqué les autres buts.

 

« C’est plate parce que je crois vraiment que nous avons disputé notre meilleur match de la finale ce soir. On n’a pas lâché. On est revenu de l’arrière deux fois. On a même pris les devants en fin de deuxième. Mais il faut aussi leur donner du crédit. On a affronté une très bonne équipe », a indiqué le gardien qui affichait, jeudi, la forme qui le caractérisait lors des trois premières rondes.

 

Après avoir limité les Kings à trois buts en quatre matchs (efficacité de 97,7 %), les Sharks à 14 buts en six rencontres (efficacité de 93,4 %) et les Jets à neuf buts en cinq matchs (efficacité de 94,4 %), Marc-André Fleury a été victime de 20 buts des Caps en cinq parties. Ces 20 buts, les Capitals les ont marqués en 136 tirs ce qui donne au gardien des Knights une efficacité de 85,3 % seulement.

 

Prétendre que Fleury est le seul responsable de l’élimination des Golden Knights en grande finale serait absurde. Car les Capitals ont su profiter des lacunes défensives des Knights pour circuler à leur guise en zone ennemie et marquer sur des jeux parfaits qui donnaient bien peu de chance au gardien québécois.

 

On sentait toutefois que Fleury aurait voulu en faire davantage. Ce qui est très normal.

 

Jeudi, Fleury a vu les poteaux lui venir en aide à deux reprises : une fois devant Alexander Ovechkin qui a décoché un puissant tir sur réception en attaque massive et une autre devant Chandler Stevenson. À l’autre bout de la patinoire, Braden Holtby n’a pas reçu l’aide des Dieux du hockey jeudi. La grande finale de cette année a toutefois permis aux deux gardiens de réaliser des arrêts dont on parlera encore longtemps et de jouir de plusieurs bons favorables et de la complicité des poteaux.

 

« Les deux clubs ont offert du jeu beaucoup plus ouvert que ce à quoi je m’attendais. Il y a eu beaucoup de surnombres d’un bord comme de l’autre, d’avantages numériques, de jeu est-ouest alors que dans les autres séries c’était beaucoup plus fermé. Mais encore là, on doit leur donner le crédit. Ils (les Caps) étaient très forts et ils ont joué du très bon hockey. »

 

Pour la première fois de sa carrière, Marc-André Fleury a serré la main à Alexander Ovechkin dans un contexte perdant. Les deux joueurs qui se sont souvent croisés dans le cadre des duels Penguins-Capitals se sont croisés au centre de la patinoire lors de la période d’échauffement. Même que les deux joueurs ont traversé la ligne du centre pour tenter de déranger la préparation de l’autre.

 

Ovechkin a débuté en donnant un coup de bâton sur les jambières du gardien lorsqu’ils se sont croisés en patinant le long de la ligne du centre. Fleury est allé en territoire des Caps pour souligner son mécontentement. Plus tard, il a asséné à son tour du coup de bâton sur les jambières du capitaine des Caps.

 

Le ton était donné pour le match qu’on anticipait intense. Et il l’a été alors que plusieurs escarmouches ont éclaté après les arrêts de jeu.

 

Mais avec un but sur les 11 tirs qu’il a décochés lors du match, dont cinq ont atteint la cible, et surtout en soulevant le trophée que Fleury aurait bien aimé soulever pour une quatrième fois en carrière et une troisième saison de suite, on peut dire que c’est Ovechkin qui aura eu le dernier mot.