Henrik Lundqvist a entendu... et a répondu
LNH mercredi, 12 avr. 2017. 23:49 mercredi, 11 déc. 2024. 21:41MONTRÉAL – Avant de repousser la totalité des 31 tirs dirigés vers lui mercredi soir, Henrik Lundqvist a d’abord dû bloquer un paquet d’ondes négatives afin de se préparer adéquatement en vue de la onzième participation de sa carrière aux séries éliminatoires.
Malgré son étincelante feuille de route, le gardien de 35 ans était considéré par plusieurs observateurs comme le maillon faible des Rangers de New York à l’orée de leur série de premier tour contre le Canadien.
Une partie des arguments des sceptiques étaient centrés sur les chiffres peu convaincants qu’il avait affichés en saison régulière. Jamais le cerbère suédois n’avait clôturé une campagne avec une moyenne de buts alloués si élevée (2,74) et un taux d’efficacité si bas (,910). Le reste de l’incertitude à son égard provenait de son historique trouble contre le Tricolore. Avant d’arriver en ville cette semaine, Lundqvist montrait une fiche de 0-5-1, une moyenne de buts alloués de 3,45 et un taux d’efficacité de ,886 à ses six derniers matchs face à Montréal.
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On incluait aussi dans l’équation la quasi-invincibilité de Carey Price contre les Rangers depuis sa sortie expéditive du dernier duel éliminatoire entre les deux équipes, en 2014, et on se disait que s’il y avait bien un aspect où il fallait donner un avantage définitif au CH dans cette confrontation, c’était devant le filet.
Celui qu’on surnomme le « Roi Henrik » admet que les calculs de ses dénigreurs ont fait leur chemin jusqu’à ses oreilles, mais il a démontré avec sa première sortie printanière qu’on ne lui ravira pas son trône facilement.
« J’ai entendu tout ça, mais comme gardien, il faut toujours chercher le positif dans chaque situation, racontait Lundqvist dans le vestiaire des visiteurs du Centre Bell après avoir enregistré le dixième blanchissage de sa carrière en éliminatoires. Alors évidemment, j’ai décidé de concentrer mon énergie sur la dernière fois que j’étais venu ici en séries et ça m’a donné confiance. Vous savez, parfois, quand la pression augmente, c’est plus facile de bloquer le superflu. »
Lundqvist a connu un hiver difficile. En décembre, son entraîneur Alain Vigneault lui a confié le filet pour huit matchs, un de moins que son auxiliaire Antti Raanta. Il a donné quatre buts dans trois de ces sorties et cédé au moins quatre fois dans cinq de ses six premiers matchs de 2017. Il a touché le fond du baril le 17 janvier quand il a accordé sept buts sur 27 lancers dans une défaite contre les Stars de Dallas.
Lundqvist s’est toutefois ressaisi dans les jours qui ont suivi, remportant huit de ses dix départs suivants. Et même si les Rangers ont perdu cinq des six derniers matchs de saison régulière auxquels il a pris part, le vétéran dit être entré en séries dans le bon état d’esprit.
« Ça fait deux jours que j’ai des papillons dans le ventre à l’idée d’amorcer cette série. Il n’y a pas une heure où je n’ai pas pensé à ce match depuis une semaine. C’était important pour moi d’aider l’équipe à débuter la série du bon pied. J’avais hâte, j’étais excité, j’étais nerveux, je ressentais un mélange de toutes ces émotions. Il était temps que ça commence. »
« Il a été incroyable, a vanté Tanner Glass, l’auteur du but vainqueur. Ça fait longtemps que je le dis, c’est un gardien qui excelle lors des grandes occasions. Il aime la compétition, il aime les matchs serrés. Tant qu’on fera le ménage devant lui pour le laisser voir les tirs, j’aurai une confiance inébranlable en lui. »
« J'ai toujours su qu'il avait une très bonne - en anglais on dit ‘mental toughness’, a souligné Vigneault après la victoire des siens. Je ne suis pas surpris de sa performance, il n'y a personne dans le vestiaire qui est surpris. C'est un gardien de but qui te donne une chance de gagner et c'est ce qu'il a fait ce soir. »
Occupé en première, spectaculaire en deuxième
Si Lundqvist voulait être mis à l’épreuve, il a rapidement été servi. Le Canadien l’avait déjà défié huit fois lorsque Glass a marqué le premier but du match sur le troisième tir des Rangers à mi-chemin en première période. Après vingt minutes de jeu, les locaux avaient déjà testé le gardien adverse à seize reprises.
« Dans chaque match, il y aura des moments où l’adversaire appliquera la pression et d’autres où ce sera à notre tour de le faire. Ça fait partie du hockey, le momentum change constamment. Il faut en être conscient et apprendre à rester constant », estime l’ancien gagnant du trophée Vézina.
Les Rangers ont effectivement pris l’ascendant du match en deuxième période, mais ironiquement, c’est à partir de ce moment que Lundqvist a dû sortir ses plus beaux arrêts. Lors d’un avantage numérique du Canadien, il a étiré la jambière gauche pour parer un tir à bout portant de Max Pacioretty et s’est déplacé à sa gauche quelques instants plus tard pour fermer la porte devant Shea Weber.
« Ça m’a un peu surpris de le voir s’avancer autant et il a pris un assez bon lancer. J’étais à moitié sur le côté, à moitié en papillon... j’y suis allé comme à la vieille école sur celle-là », a décortiqué le portier en souriant.
Lundqvist n’a fait face qu’à six tirs en troisième, dont quelques-uns peu commodes. Pacioretty l’a de nouveau défié dès la première minute de l’engagement. Artturi Lehkonen est aussi venu près de le déjouer alors qu’il était en déséquilibre, surveillant du coin de l’œil Andrew Shaw qui se préparait à l’entraîner dans sa chute.
« Je me sentais bien dans le dernier droit de la saison, mais les matchs dans lesquels j’ai été impliqué étaient différents de celui de ce soir. La structure de notre équipe était tellement solide aujourd’hui que ma tâche en a été grandement facilitée. J’ai dû faire quelques gros arrêts, mais en général mes coéquipiers ont su limiter le nombre de chances de marquer au minimum. »