Jack Hughes, bien plus qu'un surdoué du hockey
LNH vendredi, 31 mai 2019. 18:39 dimanche, 24 nov. 2024. 03:41BUFFALO – Après avoir vu son nom circuler si souvent et depuis tellement longtemps dans le monde du hockey, c’est finalement cet été que Jack Hughes sera repêché par une équipe de la LNH. En plus du joueur exceptionnel qu’il est, l’équipe qui le sélectionnera pourra compter sur un jeune homme fascinant.
À quelque part, on pouvait s’y attendre. Après tout, Hughes a été élevé par un père qui a été entraîneur adjoint au niveau professionnel et qui a œuvré au sein de l’état-major des Maple Leafs de Toronto. Ensuite, il est le frère cadet de Quinn qui a été repêché dès le septième rang par les Canucks de Vancouver l’an dernier.
Mais n’oublions surtout pas sa mère, Ellen Weinberg-Hughes, qui a atteint le niveau international avec l’équipe féminine américaine. C’est d’ailleurs en parlant d’elle qu’il a offert l’une de ses deux réponses les plus savoureuses quand il a encore été le centre d’attraction au combine à Buffalo.
« D’une certaine façon, elle a été notre coach. Mon père était entraîneur chez les professionnels donc il était souvent sur la route. Ce n’est pas parce qu’il n’était pas là qu’on pouvait se permettre un mauvais match parce que ma mère connaît son hockey! Elle a été incroyable et a toujours été d’un grand soutien », a lancé Hughes en riant.
Répondant aux questions des journalistes pendant une douzaine de minutes avec une belle humilité et une attitude rafraîchissante, Hughes a admis que de s’astreindre à cette semaine d’entrevues et de tests physiques devant les équipes n’était pas la chose la plus amusante.
« C’est fou! Tu en entends des histoires à ce sujet depuis longtemps, mais c’est différent de se retrouver sur place. C’est une semaine très occupée et il faut être à son meilleur tout le temps. À force de raconter les mêmes histoires 10 fois, tu dois te concentrer chaque fois et te rappeler que chaque rencontre est un nouveau meeting », a-t-il raconté.
Même si personne ne le voit chuter plus loin que le deuxième rang – ce qui serait déjà une surprise pour plusieurs –, Hughes a dû faire de son mieux devant plusieurs organisations.
« J’ai eu 10 rencontres, dont les deux les plus importantes (avec les Devils et les Rangers)... Mais on ne sait jamais quelle équipe peut faire un échange. On ne sait jamais non plus, dans un an ou deux, quel directeur général sera rendu où, donc toutes ces rencontres sont importantes », a exposé Hughes qui a sans doute été bien sensibilisé à la question par son agent Pat Brisson.
Parmi les sujets qui sont revenus sans cesse sur la table avec lui, il y a les comparaisons de son arsenal avec celui de Patrick Kane qui a été le tout premier choix en 2007. Le talent de Hughes est immense, mais les accomplissements de Kane ne seront pas faciles à égaler ou surpasser.
Hughes a eu le bonheur de découvrir l’homme derrière le joueur qu’est Kane quand il a été coéquipier de ce dernier lors des récents Championnats du monde. C’est dans ce contexte que Kane est allé jusqu’à dire que Hughes était déjà meilleur lui dans bien des aspects.
« C’est flatteur, mais le premier réflexe est de penser qu’il raconte n’importe quoi! Je pense que j’ai vu tous ses buts depuis 10 ans. J’ai toujours aimé le voir à l’œuvre, il est mon joueur préféré. C’est super d’avoir appris à connaître Kane l’individu après avoir admiré Kane la super vedette », a réagi Hughes qui semble s’être rapproché de Kane.
Tous les espoirs vivent une période complètement folle pour leur année de repêchage, mais celle de Hughes atteint un autre niveau. On sent que pour lui le repêchage sera un soulagement.
« J’ai pris un vol vers Toronto pour la loterie de la LNH. Le même soir, je me retrouvais dans un vol pour l’Europe, où j’ai été longtemps par la suite avant d’arriver ici à Buffalo. Ç’a été un tourbillon. En même temps, j’avais du hockey à jouer et je n’ai même pas eu le temps de penser à tout ça », a détaillé le talentueux gaucher.
« J’ai toujours rêvé d’être numéro un. Tu ne rêves jamais à être deux, trois ou quatre lorsque tu es jeune. Je veux devenir le tout premier choix, ce serait un rêve qui deviendrait réalité », a ajouté Hughes.
Un effet à l'absence de Kappo Kakko?
Normalement, Hughes aurait partagé l’attention du combine avec Kaapo Kakko, mais celui-ci s’est retiré de cette étape. Dan Marr, le directeur de la centrale de recrutement de la LNH, a donné son avis sur ce revirement de situation.
« Ce n’est rien de nouveau depuis 20 ans que le tournoi de la Coupe Memorial soit disputé la semaine avant le combine. Pour ce qui est des Championnats du monde, c’est malheureux que le calendrier se soit présenté ainsi cette année. Normalement, ça se tient une semaine plus tôt. Mais, de manière réaliste, ça n’a aucun effet. Je sais qu’il serait ici s’il le pouvait. Il est un champion du monde avant même d’avoir sauté sur une patinoire de la LNH. C’est un événement très spécial dans sa vie. Je crois que les équipes comprennent ça. Les organisations qui vont repêcher tôt en première ronde n’ont qu’à passer un peu plus de temps avec lui durant la semaine précédant le repêchage », a statué Marr.
L’an passé, il n’y avait pas de véritable débat entre Rasmus Dahlin et Andrei Svechnikov. Auparavant, les luttes ont été plus serrées entre Nico Hischier et Nolan Patrick ou bien Auston Matthews et Patrik Laine. Cette fois, une petite possibilité plane de voir Kakko devancer Hughes.
« Les deux sont sans aucun doute au sommet de cette cuvée. Présentement, Kakko est un peu plus développé physiquement ce qui dicte le style de jeu qu’il peut déployer sur la patinoire et les résultats qu’il obtient dans certaines situations. Au niveau des atouts, on peut cocher toutes les cases autant pour lui que pour Jack. Hughes joue avec énormément de vitesse dans ses actions. Les deux détiennent des habiletés tellement naturelles ce qui rend très difficile de prédire lequel sera le meilleur à long terme. Les deux vont produire dans la LNH et ils vont aider leur équipe à leur façon », a analysé Marr.
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« C’est une belle compétition, comme on le voit chaque année. On a chacun connu de bons moments et je pense qu’on sera encore liés ensemble pendant de nombreuses années », a reconnu Hughes.
Un recruteur sondé par le RDS.ca est arrivé au constat le plus fréquent parmi sa confrérie.
« Le coffre à outils de Hughes est vraiment similaire à Kane donc c’est difficile de ne pas le prendre au premier rang surtout que ce choix appartient aux Devils. Tu vois un Américain accomplir tout ça, tu vas sans doute miser sur lui. Mais ce ne serait pas un mauvais choix de prendre Kakko au premier rang », a dit cette source d’un club de l’Est.
Ce n’était rien pour trancher la question, mais Marr a raconté une histoire révélatrice sur Hughes constatée cet été lors d’un camp d’habiletés à Toronto.
« Les trois meilleurs joueurs étaient Taylor Hall, Connor McDavid et John Tavares. Le suivant, c’était Hughes. Il possède ce talent qui se classe dans un tel groupe. Les clubs de la LNH ne regardent plus le physique désormais, ils recherchent les meilleurs joueurs et ils identifient ce qu’ils peuvent procurer à une formation », a exprimé Marr.
Sauf que Hughes ne se voit surtout pas comme un « petit joueur » et il le prononce avec assurance en précisant qu’il mesure cinq pieds onze pouces. Pour ses coéquipiers du programme de développement américain, Hughes mérite son statut d’exception.
« Évidemment, il est très talentueux, mais c’est lui a la meilleure éthique de travail dans notre équipe. Il veut être le meilleur joueur de ce repêchage et je suis convaincu qu’il veut devenir le meilleur joueur de la LNH éventuellement », a vanté Alex Turcotte.
« Avant tout, c’est un compétiteur. Il est l’un des jeunes les plus dévoués que vous puissiez trouver. Il y avait tellement d’attentes envers lui et il a été à la hauteur du défi », a ciblé Trevor Zegras.
On ne saura que dans quelques années si Hughes s’établira comme l’un des meilleurs joueurs de la LNH, mais on comprend déjà qu’il détient un talent extraordinaire, un énorme côté compétitif et une belle intelligence lucide.