MONTRÉAL – « Je pensais que ça arriverait avant ! » Voilà comment André Savard a réagi à la nomination d’envergure de Julien BriseBois à titre de directeur général du Lightning de Tampa Bay.

 

Savard est l’homme qui est derrière l’entrée de BriseBois avec le Canadien de Montréal en 2001. Dans ses fonctions de DG avec le Tricolore, il avait senti qu’un tel ajout était nécessaire en lien avec l’orientation prise par la LNH à cette époque.

 

« J’en avais fait la demande au président Pierre Boivin, je voulais avoir un avocat dans la boîte pour les contrats et s’assurer qu’on ne faisait pas d’erreurs », s’est rappelé ce vétéran de la scène du hockey qui agit comme recruteur pour les Devils du New Jersey.

 

Il ne s’attendait peut-être pas à obtenir un conseiller aussi jeune, mais Savard a rapidement été vendu à la cause de cet avocat de 24 ans.

 

« Il était jeune, très jeune, mais il inspirait la confiance et je voyais qu’il savait où il s’en allait. C’est pour ça que je lui ai donné beaucoup de place pour qu’il se sente à l’aise et impliqué », a-t-il expliqué.

 

Rapidement, BriseBois s’est plongé dans différents dossiers. Il a découvert le travail d’un directeur général en mode accéléré en touchant avant tout aux dossiers des contrats, mais également au recrutement et aux relations avec les joueurs.

 

« Julien allait sur la route avec le club quand je ne pouvais pas. Il a eu la chance de fréquenter les entraîneurs et les joueurs. Il était très organisé et les choses ont cliqué entre nous, la chimie s’est installée et c’est comme ça que son histoire a commencé », a narré Savard.

 

Comme le disait Ray Lalonde à L’antichambre, mardi soir, BriseBois a développé son expertise dans le hockey professionnel en étant un homme astucieux et diligent. Tout de même, Savard ne pousserait pas la note à dire qu’il croyait que BriseBois accéderait, un jour, à un poste de directeur général.

 

« Non, mais plus le temps avançait, plus je voyais qu’il avait le talent pour le devenir. Je le voyais travailler, on était proches. Il était avec moi pour les réunions avec le propriétaire (George Gillett) et on était prêts. Graduellement, je me disais qu’un jour, il avait de très bonnes chances de le devenir », a exprimé Savard.

 

Ses collègues le décrivent comme un travaillant déterminé qui ne lâche pas prise facilement. Après avoir fait son entrée en tant que conseiller avec le Canadien, il s’est embarqué à temps plein dans ce milieu la saison suivante. À partir de ce moment, son orientation vers le hockey semblait avoir pris le dessus sur le travail d’avocat dans un bureau.

 

« Il savait où il voulait aller, il se voyait progresser et il était capable de s’évaluer. Quand il a voulu rester avec le Canadien, c’est un peu là qu’il a pris la décision. Il avait bien aimé son expérience et il devait être confiant dans ses capacités d’avancer. Ça prenait aussi la passion et son choix aurait peut-être été différent s’il avait été plus passionné par le droit. On voyait qu’il avait la passion du hockey », a confirmé Savard.

 

Pierre Dorion, André Savard, Chris Higgins, Pierre Boivin, Martin Madden et Michel TherrienLes Québécois qui accèdent à un poste aussi prestigieux ne courent pas les rues. Tout comme Savard, BriseBois y est parvenu, mais en empruntant un chemin diamétralement opposé. Savard a obtenu la confiance du Canadien à la suite d’une belle carrière de joueur, entraîneur, dépisteur et directeur du recrutement. De son côté, l’expertise d’avocat de BriseBois a été déterminante et il a ensuite prouvé qu’il pouvait se démarquer dans le monde administratif du hockey.

 

Savard conserve le souvenir d’un collègue compétent, efficace et fiable dès ses débuts.

 

« Je me souviens au repêchage de 2001, Marshall Johnston était venu me taper sur l’épaule pour me demander si on voulait obtenir Andreas Dackell contre un choix de septième ronde. Il touchait un salaire d’un million et je le connaissais parce que j’avais été adjoint à Ottawa. Je savais que la valeur était justifiée, mais j’ai demandé à Julien d’aller vérifier son contrat pour voir si tout était clean et confirmer qu’il n’y avait pas quelque chose qu’on ne savait pas. Il m’avait rapidement confirmé que tout était beau et on l’avait acquis contre un choix de huitième ronde », a témoigné Savard.

 

L’autre mérite de BriseBois réside dans son œil de recruteur, un attribut qui n’est pas donné à tous même parmi ceux qui gravitent dans le hockey. Son flair a été particulièrement reconnu au sein de l’organisation du Lightning.

 

« Il était bien entouré et il a pris son temps. Il participait à toutes les réunions de nos dépisteurs amateurs. Il apprenait en écoutant les gars parler, mais il était aussi confiant dans ses évaluations », a constaté Savard.

 

À 41 ans, BriseBois appartient à la nouvelle génération de jeunes directeurs généraux, mais il peut se fier sur un bagage d’expérience de 17 années dans ce milieu compétitif. Sa jeunesse pourrait l’inciter à déployer de nouvelles idées, mais un seul élément doit primer.

 

« C’est le jugement qui compte avant tout. Ça prend du bon jugement et des connaissances. Si ton jugement lui dit d’innover, il doit le faire. Il ne faut pas avoir peur si du changement quand c’est nécessaire. Mais ce n’est pas toujours la bonne chose à privilégier », a cerné Savard.