CHICAGO – Depuis 1997, seulement trois défenseurs ont été sélectionnés au premier rang du repêchage de la LNH. À la lumière de sa saison recrue, Rasmus Dahlin a déjà prouvé que les Sabres de Buffalo ont gagné le gros lot.

 

On ne veut rien enlever à Erik Johnson et Aaron Ekblad qui ont été respectivement choisis au sommet de leur cuvée en 2006 et 2014, mais Dahlin, le premier choix de 2018, peut rêver d’une carrière encore plus spectaculaire.

 

Si l’on remonte au début des années 2000, seulement quatre défenseurs ont récolté plus de points que Dahlin (44 points) lors de leur saison recrue. Il s’agit de Dion Phaneuf (avec 49) en 2005-2006, Tyler Myers avec (48) en 2009-2010, Zach Werenski avec (47) en 2016-2017 et Shayne Gostisbehere avec (46) en 2015-2016.

 

Dès sa première saison en Amérique du Nord, Dahlin a été en mesure de déployer un arsenal fascinant même au sein d’une équipe en développement comme celle des Sabres. Sa première impression a été si puissante qu’il ne suffit que de prononcer son nom auprès d’un autre joueur de la LNH pour voir les yeux de celui-ci s’écarquiller d’épatement.

 

On a fait le test, la semaine dernière, lors de la tournée médiatique de la LNH à Chicago et les compliments ont fusé de toutes parts en prévision de sa deuxième campagne.

 

« Il a clairement surpassé les attentes. Il a connu toute une année pour un jeune qui n’avait pas 19 ans avant la fin de la saison. Je ne dirais pas que j’ai été tant surpris par contre. Selon ce que je perçois, il a une confiance calme en ses moyens, mais je ne crois pas qu’il a encore idée à quel point il deviendra bon », a jugé son coéquipier Jack Eichel.

 

« J’entrevois de grands accomplissements pour sa deuxième année, il devrait avoir une saison monstre ! », a-t-il ajouté sans avoir peur de lui ajouter de la pression.

 

Étant donné qu’il jouait, en moyenne, plus de 21 minutes par rencontre, qu’il tirait son épingle du jeu offensivement et qu’il ajoutait une contribution physique, il a surpris plus d’un adversaire. Torey Krug ne se gêne pas pour dire qu’il détient « tout le talent du monde ».

 

« Il est déjà costaud et bon défensivement et il ne craint pas peur d’utiliser son corps. Ce n’est jamais facile de l’affronter et, quelques fois, tu ne comprenais pas comment il pouvait avoir 18 ans », a, de son côté, souligné Jonathan Huberdeau.

 

« J’ai remarqué sa progression au fil de nos affrontements. C’est un bon patineur et il deviendra encore plus dominant. Ça ne m’excite pas du tout parce que c’est un rival de division, mais il sera un très bon joueur », a admis Dylan Larkin en souriant.

 

Arrivé dans la LNH quatre saisons avant lui, son compatriote John Klinberg a exposé un aperçu du potentiel que pouvait cacher un trésor suédois comme Dahlin. Ils s’entraînent d’ailleurs ensemble durant l’été et il prévoit tout sauf une guigne de la deuxième année pour le gaucher des Sabres. Rasmus Dahlin

 

« Plus d’équipes vont savoir comment il joue et ils seront encore plus difficiles contre lui. Cela dit, les bons joueurs finissent toujours par trouver une manière pour s’ajuster », a-t-il argué.

 

Klinberg est également fasciné par la hargne qui coule dans les veines de Dahlin qui semble si posé sans ses patins. Il ne remarque pas cette facette chez Miro Heiskanen, un Finlandais qui s’est adapté à la LNH si naturellement. « C’est un peu moi et Erik Karlsson, je lui ressemble sur plusieurs points, mais je suis très différent en même temps. »

 

Dahlin a été surpris par sa production offensive

 

Puisqu’il ne maîtrise pas parfaitement l’anglais, Dahlin ne se lance pas dans des réponses étoffées. Cela dit, il n’évite pas les questions et préfère jouer de franchise. De l’extérieur, on aurait pu s’imaginer que sa première saison a été facile, mais ce serait sans s’attarder sur le volet personnel.

 

« Au début, oui, c’était difficile d’être loin de mon pays. C’était encore plus vrai quand ma mère a quitté Buffalo en début de la saison. Ce n’était pas évident et je dirais plus dur que je le pensais », a confié Dahlin qui s’ennuyait de sa présence et de ses repas traditionnels.

 

Au niveau sportif, le mandat de 82 rencontres a fini par le rattraper.

 

« Je l’ai vraiment ressenti dans les derniers 20 matchs. Ce n’était pas facile, je serai mieux préparé cette fois. Je sais mieux comment prendre soin de mon corps dont pour le repos », a-t-il noté.

 

Le tout s’est transposé sur sa production offensive qui a été particulièrement timide en mars avec quatre passes en seize matchs. Franc comme il sait l’être, il a tout de même admis qu’il a été étonné par sa production totale.

 

« Les statistiques sont importantes, je voudrais compter plus de buts cette saison. Mais j’ai récolté plus de points que je l’anticipais pour ma première année », a révélé le patineur de six pieds trois pouces et 190 livres.

 

Le nouvel entraîneur, Ralph Krueger, ne devrait surtout pas le retenir quant à ses libertés sur la patinoire. Ce serait plutôt bête comme approche alors que Dahlin se sent désormais plus mature dans ses décisions avec la rondelle.

 

Il considère que la latitude accordée par ses entraîneurs en Suède se situe au cœur de sa réussite. La tolérance au risque plus élevée dans son pays a été salutaire pour son développement.

 

Avant de l’interviewer, on a découvert que son frère, Felix, est un artiste de musique électronique. L’une de ses pièces s’intitule Seven Wonders (Sept merveilles) ce qui nous fait dire que Rasmus pourrait devenir, sous peu, l’une des merveilles de la LNH.