Repêchage d'expansion : une année cauchemardesque pour Kekalainen et les Jackets
LNH jeudi, 17 juin 2021. 07:30 jeudi, 17 juin 2021. 13:47Durant le prochain mois, le RDS.ca vous propose un tour d’horizon des 30 formations de la LNH qui auront l’obligation de soumettre une liste de protection en vue du repêchage d’expansion du Kraken de Seattle du 21 juillet prochain et des décisions qui attendent les directeurs généraux.
Aide-mémoire : les règlements du repêchage d'expansion
Pour un marché de hockey perçu comme étant non conventionnel, les Blue Jackets de Columbus se sont retrouvés à défrayer la manchette régulièrement durant la saison 2020-2021. Bien plus souvent qu’ils ne l’auraient souhaité, à vrai dire!
Le tout a bien mal commencé avec la saga Pierre-Luc Dubois dès le camp d’entraînement. Pris à la gorge, le directeur général des Jackets Jarmo Kekalainen a été contraint à échanger quelques semaines plus tard celui qu’il croyait être son centre no 1 des dix prochaines années. Comme ç’a déjà été le cas par le passé pour des joueurs étoiles de l’équipe, Patrik Laine – qu’on considérait être la pièce maîtresse du retour obtenu pour Dubois – a mis du temps à satisfaire les exigences très pointues de l’entraîneur-chef John Tortorella, passant même des périodes entières sur le banc. Au moins, les Jackets ont la consolation, d'une certaine façon, de voir que Dubois ne s'est pas rendu à Winnipeg pour y faire la pluie et le beau temps.
Le premier échantillon de 44 matchs de Laine à Columbus n’a pas été concluant, d’autant plus qu’il a été ponctué d’une séquence de 15 rencontres sans but entre le 13 mars et le 10 avril. « Je ne suis certain que personne n’est aussi déçu de sa saison que Patrik lui-même », ne s’est pas gêné pour affirmer le DG des Jackets lors du bilan de l’équipe, avant d’assurer qu’il serait de retour l’an prochain.
À 23 ans, l’ailier au tir dévastateur mais à la motivation changeante représente-t-il déjà une cause perdue, ou le changement effectué derrière le banc des Jackets parviendra-t-il à soutirer l’effort et la production que l’on souhaite de l’énigmatique Finlandais?
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L’autre élément cédé par les Jets dans la transaction, Jack Roslovic, a donné un solide aperçu de son potentiel, même si lui aussi a goûté à la médecine de Tortorella en étant laissé de côté.
La deuxième moitié de saison des Jackets aura été si lamentable qu’ils ont finalement laissé les Red Wings de Detroit les rejoindre au classement au bout des 56 matchs. En vertu du bris d’égalité, Detroit a même devancé Columbus en prenant le septième rang, laissant la formation de l’Ohio en dernière place de la division Centrale.
Ces résultats inadmissibles, jumelés au fait que sa relation avec plusieurs joueurs était visiblement en train de se détériorer – un refrain qui devenait familier n’est-ce pas? – auront finalement eu raison du poste de Tortorella, alors que l’équipe a annoncé le 9 mai que les deux parties avaient mis fin à leur association d’un commun accord. Le remplaçant de « Torts » derrière sera son adjoint des six dernières saisons, l'ancien joueur de la LNH Brad Larsen, qui accède aux fonctions d'entraîneur-chef dans la meilleure ligue au monde à l'âge de 43 ans. Kekalainen a assuré lors de l'embauche de Larsen, le 10 juin, qu'il s'était illustré comme le meilleur candidat interviewé, et qu'il allait apporter une nouvelle voix aux Jackets en dépit du fait qu'il était un proche collaborateur de Tortorella depuis la saison 2015-2016.
COMMENT S’ANNONCE L’AVENIR DES BLUE JACKETS?
Les événements des deux dernières années ont amené Kekalainen bien malgré lui à amorcer une reconstruction de son effectif. En 2019, il avait refusé d’échanger Artemi Panarin, Sergei Bobrovsky et Matt Duchene avant la date limite des échanges, espérant d’une part que son club allait faire un bout de chemin en séries et d’autre part être capable de convaincre au moins deux de ces joueurs de faire une croix sur leur autonomie et de rester à Columbus. On connaît la suite de l’histoire : Panarin avait abouti à New York cet été-là, tandis que Bobrovsky avait choisi la Floride et Duchene, Nashville.
Ces derniers mois, à la liste des départs de joueurs importants se sont ajoutés les noms de Dubois, du capitaine Nick Foligno et du défenseur québécois David Savard. Et comme si les Jackets n’étaient pas suffisamment amochés après tous ces départs, voilà qu’on apprenait à la fin mai que Seth Jones ne se voit plus faire partie de l’équipe à long terme, et qu’il ne désire pas signer une entente à long terme. Ces prochaines semaines, l’agent du défenseur américain exercera une pression sur Kekalainen pour que son client, à qui il reste un an à un salaire de 5,4 M $, soit échangé durant l’entre-saison. Et fait notable, dépendamment des éléments obtenus en retour de Jones, les Jackets se retrouveraient dangereusement près d'un non-respect des critères établis pour les défenseurs en vue du repêchage d'expansion.
Quand on vous dit que rien ne va plus à Columbus!
Bref, Inévitablement, des places seront donc disponibles au sein de la formation de 2021-2022 pour de jeunes patineurs de l’organisation.
Après une saison aussi misérable que la dernière l’a été, les Jackets n’ont malheureusement pas le luxe de se tourner vers une banque d’espoirs très bien garnie. En fait, celle-ci se trouve probablement parmi le dernier tiers des équipes du circuit, si on prend pour acquis qu’Alexandre Texier et Liam Foudy n’ont plus l’étiquette « d’espoirs ». Plusieurs observateurs considèrent que Kirill Marchenko, 49e choix au total au repêchage de 2018, après qu’il ait mené la KHL chez les moins de 21 ans pour les buts et les points (28 points, dont 15 buts, en 41 matchs).
Marchenko aurait logiquement eu une bonne chance de percer l’alignement, mais il reste une dernière année à son entente avec Saint-Pétersbourg. On risque cependant de voir son compatriote Yegor Chinakhov, qui a signé son contrat d’entrée avec Columbus à la fin avril, après avoir remporté la Coupe Gagarin avec Bob Hartley et l’Avangard d’Omsk. Kekalainen était tellement convaincu du potentiel de Chinakhov qu’il l’a sélectionné avec le 20e choix au total en octobre dernier, et ce même si à 19 ans, l’ailier russe avait été ignoré à sa première année d’admissibilité au repêchage.
À la ligne bleue, la relève des Blue Jackets semble plutôt mince... Ou du moins, aucune aide immédiate n’est attendue. Sans être épatant, Andrew Peeke a démontré après 33 matchs au cours des deux dernières campagnes qu’il peut être un membre régulier de la brigade défensive. En raison de la blessure de Zach Werenski en fin de saison, Peeke a obtenu plus de responsabilités, disputant plusieurs rencontres au sein du deuxième duo en compagnie de Vladislav Gavrikov.
Le mois prochain, les Jackets auront la chance d'ajouter un espoir de haut niveau en repêchant très tôt en première ronde, soit au cinquième échelon, ce qui représente leur plus haut rang de sélection depuis qu'ils ont réclamé Dubois avec le troisième tour de parole en 2016.
PASSE-T-ON L’ÉPONGE AVEC DOMI?
Du moment où Max Domi est passé aux Blue Jackets en retour de Josh Anderson le 6 octobre, un des sujets d’intrigue était le rôle qu’allait être capable de jouer l’ancien no 13 du Canadien avec la formation de l’Ohio, sachant d’une part qu’il n’appréciait pas d’alterner entre l’aile et le centre à Montréal, et d’autre part que John Tortorella est un entraîneur ultra-demandant envers ses joueurs de centre quant aux missions défensives.
Disons que ces deux-là n’ont pas fait très bon ménage, et on peut comprendre pourquoi. Domi a débuté l’année en récoltant un maigre total de sept points (3-4) en 27 matchs. Il s’est ensuite ajusté, montrant ici et là des signes d’une chimie en création avec Laine, avant de retomber dans ses mauvaises manies tant en ce qui a trait à ses replis défensifs qu’à son indiscipline répétée, comme on l’avait vu à quelques reprises avec le CH. À la mi-avril encore, alors que le règne de « Torts » s’achevait, Domi passait deux matchs dans les gradins après avoir écopé de deux inconduites de parties de 10 minutes dans les rencontres précédentes.
S’il est disposé à passer l’éponge sur une première expérience décevante pour Laine à Columbus, il est permis de croire que le DG laissera aussi Domi prouver son utilité dans la deuxième et dernière année de son contrat de 10,6 M$ paraphé après la transaction. De toute façon, la profondeur offensive des Jackets ayant été décimée, on ne voit pas Kekalainen omettre l’attaquant de 26 ans de sa liste de protection. À vrai dire, les Jackets ont désespérément besoin que l’expérience Domi fonctionne, après avoir donné un des seuls véritables attaquants de puissance du circuit – bien sûr, Kekalainen avait les mains liées – pour obtenir ses services.
Après l’échange envoyant David Savard au Lightning – ce dernier aurait de toute façon été joueur autonome sans compensation – le portrait est devenu plus limpide à la défense en ce qui a trait aux valeurs sûres des Jackets. Dans un monde idéal, Seth Jones et Werenski continueraient de représenter la fondation à la ligne bleue, à 26 et 23 ans respectivement. Mais la hiérarchie risque d’être chamboulée lorsque Jones verra son souhait être exaucé et qu’il sera envoyé sous d’autres cieux. À voir cependant si cela se fera avant ou après la tenue du repêchage d’expansion...
Sans faire de bruit, Gavrikov s’est quant à lui avéré être une option fiable pour une vingtaine de minutes de jeu par match à sa deuxième saison depuis qu’il s’est amené de la KHL. À 25 ans et possédant un contrat lui rapportant 2,8 M$ pendant encore deux saisons, il ne sera certainement pas rendu disponible au Kraken de Seattle.
FINI LE PARTAGE ÉGAL DES TÂCHES?
(Mise à jour : cette partie du texte perd tout son sens après le décès tragique de Matiss Kivlenieks à l'âge de 24 ans, le 4 juillet dernier)
Finalement, devant le filet, puisqu’Elvis Merzlikins n’est pas admissible au repêchage d’expansion, ayant tout juste complété sa deuxième année en Amérique du Nord, le choix qui attend les Jackets oppose Joonas Korpisalo à Matiss Kivlenieks. Le premier a déjà montré par le passé qu’il peut afficher le niveau d’un no 1, mais ses performances de la dernière saison nous rappellent qu’il est préférable de l’utiliser dans un partage des tâches.
Kivlenieks est arrivé dans l’organisation en tant que joueur autonome en 2017. Il a depuis affiché une belle progression avec les Monsters de Cleveland dans la LAH en quatre ans au niveau professionnel. Il ne totalise que huit départs dans la LNH, mais son potentiel est intrigant. Avec le nouvel entraîneur-chef des Jackets, il faudra décider par ailleurs si une division quasi égale des tâches entre Merzlikins et Korpisalo est encore envisageable, voyant que cette stratégie n’a pas été payante en 2021, ou si le moment est plutôt venu d’offrir une chance au premier de s’établir comme partant incontesté.
Si c’est cette avenue qui est privilégiée et que Kivlenieks est le gardien protégé, il ne fait nul doute que quelques équipes pourraient se manifester au mois de juillet, avant que le Kraken n'ait une chance d’ajouter gratuitement Korpisalo à son effectif. Bien entendu, Columbus et Seattle pourraient aussi négocier une entente assurant Kekalainen que le club d’expansion lèvera les yeux sur Korpisalo même s’il est disponible. L'option la plus plausible serait que Kekalainen se résigne à échanger Korpisalo (qui empochera un salaire facile à absorber de 2,8 M$ en 2021-2022) avant le 17 juillet à une équipe pour laquelle la position de gardien de but est précaire.
Prédictions du RDS.ca
Dans l'état actuel des choses (la situation pourrait être chamboulée si Jones est échangé avant la mi-juillet), une liste de protection de type « 7 attaquants, 3 défenseurs et un gardien » signifierait que les Jackets renoncent à protéger Scott Harrington et Dean Kukan, qui de toute manière sont, au mieux, des défenseurs nos 7 ou 8 dans la plupart des équipes de la LNH. Le patineur le plus intéressant pour le Kraken pourrait être l'attaquant Eric Robinson, un ailier de 26 ans ultra rapide et capable d'apporter une certaine contribution offensive.
Attaquants (7)
Oliver Bjorkstrand
Cam Atkinson
Boone Jenner
Patrik Laine
Jack Roslovic
Gustav Nyquist
Max Domi
Défenseurs (3)
Seth Jones
Zach Werenski
Vladislav Gavrikov
Gardien (1)
Joonas Korpisalo
Principaux éléments non-protégés
Scott Harrington (D)
Dean Kukan (D)
Kevin Stenlund (A)
Eric Robinson (A)
Mikhail Grigorenko (A / Joueur autonome sans compensation)
Brandon Dubinsky (A / Joueur autonome sans compensation)
Le portrait des équipes de la LNH