Section spéciale Repêchage LNH 2019

Repêchage 2019 : fais ton classement

BUFFALO – Si vous le croisiez dans les rues de Chambly, pendant qu’il marche avec son chien, vous ne devineriez jamais que Raphaël Lavoie est un joueur de hockey qui cogne à la porte de la LNH. Au premier regard, votre imagination vous laissera plutôt croire à un fanatique de l’informatique ou à un guitariste d’un groupe de musique.
 
À quelque part, Lavoie n’a pas compris lui-même tout le potentiel qu’il détient pour ce métier. Tandis que les recruteurs salivaient à propos de son talent et de son physique, Lavoie a répondu avec une saison inconstante et inférieure aux attentes au chapitre de la production (32 buts et 41 aides en 62 matchs).

Mais ça, c’était avant les séries éliminatoires et sa récolte sensationnelle de 32 points (20 buts et 12 aides) en 23 rencontres alors que le hockey devient supposément plus corsé. Forcément, bien des dépisteurs ont songé à revoir sa valeur à la hausse sauf qu’ils doivent soupeser le tout avec d’autres éléments.

D’abord, Lavoie se classe parmi les plus vieux de sa cuvée ce qui laisse croire qu’il aurait dû encore plus dominer durant la saison. Ensuite, il y a – et c’est malheureusement inévitable – ce qui entoure le joueur de hockey à l’extérieur de la patinoire. Lavoie a connu une année très éprouvante personnellement alors que son père, l’ancien maire de Chambly, a été impliqué dans plusieurs controverses. Une réalité que les recruteurs des équipes de la LNH ne peuvent pas ignorer.
 
« Tu as sûrement entendu des choses sur M. Lavoie ? Ça te fait hésiter un peu », a admis l’un des nombreux dépisteurs à avoir abordé le sujet au moment de trancher à propos du fils.
 
L’histoire de Lavoie se détache donc du lot à l’image de sa personnalité. Son unicité ne résume pas à son apparence avec sa longue chevelure et son physique élancé. Elle se poursuit dans sa personnalité. Le meilleur mot « français » qui nous a été suggéré pour le décrire serait de dire qu’il est un peu « space ».
 
Puisqu’il a entendu une tonne de choses à son sujet au fil de l’année, Lavoie n’a pas été ébranlé par une question sur cet aspect.
 
« Disons que je ne suis pas « the life of the party ». Je ne dirais pas solitaire parce que j’ai des amis, mais je ne crie pas partout quand on va faire des affaires en groupe. Je suis quand même avec les gars, c’est un sport d’équipe », a réagi Lavoie.
 
En raison des impératifs de leur profession, les recruteurs ont voulu se démêler dans tout ça. Leur but était de déterminer s’il cadrera bien dans une équipe de la LNH, s’il sera heureux dans cet univers particulier.
 
« J’ai poussé pas mal, j’ai parlé à beaucoup de gens autour de lui présentement, mais aussi dans le passé. Des gens qui l’ont connu très jeune pour avoir le maximum d’informations et je pense que c’est un qualificatif qui lui convient », a indiqué un recruteur d’un club de l’Ouest en référant à son côté space.
 
« Je pense que, côté caractère et comme personne, ce n’est pas un méchant kid. C’est un jeune un peu à lui-même qui est légèrement différent.  Je ne crois pas qu’il pense comme les autres gars de l’équipe, mais je ne pense pas que ce soit au point de dire de ne pas le repêcher. Je considère qu’il demeure un choix de première ronde qui a de très bonnes chances d’être un joueur offensif dans la LNH », a ajouté un dépisteur d’une formation de l’Est.
 
« Il ne faut jamais oublier qu’on deal avec des jeunes de 17-18 ans. C’est vrai, moi aussi, j’ai entendu ces choses-là, mais on ne doit pas perdre de vue que ce sont de jeunes adultes. Des fois, on essaie de les vieillir », a relativisé un autre recruteur de l’Est.
 
Lavoie n’a pas le parcours le plus commun, mais il aura tout de même démontré une force de caractère intrigante en surmontant les critiques à son endroit et les distractions familiales pour exploser en séries. Sans surprise, il est heureux de ce tour de force et il souhaite que les recruteurs aient remarqué le tout. Raphaël Lavoie
 
« En séries, j’ai prouvé que j’ai un esprit d’équipe fort. Je ne sais pas quelle réputation on veut m’accoler et les gens ont le droit à leur opinion, mais quand tu te bats pour tes coéquipiers comme je l’ai fait cette année, ça montre que tu es un gars d’équipe », a-t-il lancé.
 
Peut-il convaincre le Canadien de le repêcher ?  
 
La complexité d’un marché comme celui de Montréal ne le rebute donc pas.
 
« Ç’a été une question, comment j’allais dealer avec la pression si je suis repêché par le Canadien. Ça fait partie des choses, on connaît le hockey au Québec », a admis Lavoie qui ne protège pas souvent avec un filtre.
 
Classé 20e sur la dernière liste de la Centrale de recrutement de la LNH, Lavoie devrait être encore disponible quand le Canadien s’exprimera au 15e échelon. On présume que Trevor Timmins, le responsable du recrutement du CH, avait son nom en tête quand il a mentionné lors du Combine à Buffalo que l’organisation aura une décision à prendre pour déterminer si elle veut repêcher un marqueur ou un défenseur.  
 
Mais ça ne veut pas dire que le Canadien opterait pour lui au moment de s’approprier un buteur.
 
« Je pense que, majoritairement, il est une énigme pour pas mal d’équipes par son manque de constance. Je te donne un exemple, dans la game contre Guelph à la coupe Memorial, il a été invisible en première période. Ensuite, il a compté un but spectaculaire et il est devenu le meilleur joueur sur la glace pour la suite. Je le vois comme un choix de première ronde sans aucun doute, mais je verrais plus une équipe le choisir avec son deuxième choix de première ronde », a indiqué un recruteur en évoquant un scénario cadrant avec les Rangers, les Kings et les Sabres.
 
« Je ne sais pas ce que les autres équipes pensent de lui, mais la base est là. C’est un gros bonhomme qui patine très bien et qui a les habiletés offensives. Déjà là en partant, c’est pas mal intéressant », a renchéri un dépisteur de l’Est.

« C’est l’un des joueurs les plus frustrants que j’ai eu à évaluer depuis plusieurs années. Il possède le talent, mais trop de points d’interrogation subsistent à propos de lui », a tranché un recruteur pour Hockeyprospect.com.
 
Habituellement utilisé comme ailier gauche et droit, Lavoie peut aussi patrouiller le centre, mais ça n’apparaît pas comme la position qui lui convient le plus.
 
« Il se classe parmi les joueurs pour lesquels le meilleur est à venir.  Il ne réalise pas encore tout ce que ça implique pour être aussi bon qu’il peut le devenir. Raphaël est déjà très dangereux, mais il le sera bien plus quand il aura développé sa force physique et qu’il misera sur plus d’expérience », a imaginé Dan Marr, le directeur de la Centrale de recrutement de la LNH.
 
Bref, il doit apprendre à bien utiliser ses outils. S’il parvient à instaurer de l’ordre dans son coffre, personne ne doutera qu’il est un joueur de hockey dans l’âme.

Repêchage LNH 2019 : Raphaël Lavoie