COLLABORATION SPÉCIALE

Question de se rafraichir la mémoire, qui ne se souvient pas de cette loterie de la Ligue nationale de hockey en 2020, loterie qui a permis aux Rangers de New York de faire un bon plus qu’appréciable pour se donner le privilège de sélectionner au tout premier rang Alexis Lafrenière.

Si cela a représenté un cadeau du ciel pour la formation new-yorkaise et Jeff Gorton, directeur général à l’époque, aujourd’hui, avec le recul, le grand gagnant de cette loterie représente sans aucun doute le natif de Saint-Eustache, Lafrenière, qui, sans rien lui enlever en raison de ses grandes qualités, bénéficie tout de même d’un environnement et encadrement propice à son développement.

Un Lafrenière qui au-delà de ses habilités offensives, de son niveau de compétitivité et de sa grande capacité à performer sous pression, a profité d’un contexte très favorable et d’un environnement gagnant. Il a été entouré de plusieurs joueurs établis LNH ce qui lui a permis de bien s’épanouir. On peut dire que les Rangers ont fait les choses correctement dans le développement, la progression et le cheminement de cet ancien de l’Océanic de Rimouski de la LHJMQ.

Donc, au lieu de se retrouver avec une franchise de fond de classement, au début d’une phase de reconstruction complète comme la plupart de ceux qui ont été sélectionnés au premier rang total par le passé, Lafrenière n’a pas eu cette lourde responsabilité, cette chaleur suffocante du début de carrière pour impressionner la galerie de la presse et d'être dans une situation de livrable instantanément.

Transportant l’étiquette d’« athlète ayant la capacité de se lever davantage dans les moments critiques », et ce, depuis son tout jeune âge, le jeune homme de 20 ans, par son rendement actuel, confirme qu’il a l’étoffe d’un joueur dominant dans la LNH. Certes, il y a eu un élément déclencheur au cours des dernières semaines au niveau de ses états de pensées, lui qui est un rouage important des succès des Rangers depuis le début de séries.

Même si je n’ai aucune proximité avec l’environnement de ce dernier, je me demande si le fait d’avoir été rayé de l’alignement au milieu du mois d’avril dernier a peut-être eu l’effet escompté.

Chose certaine, Gerard Gallant, entraineur chevronné, à l’époque avait vite fait de calmer le jeu dans cette décision qu’il disait davantage basée sur le processus de développement de ce jeune surdoué.

Si le clan Lafrenière (en raison de son côté compétiteur) a eu à faire face à l’impossibilité de satisfaire immédiatement dans cette période léthargique du début du mois d’avril dernier, en faisant appel à la patience, disons qu’aujourd’hui ce recul semble lui avoir été des plus bénéfiques.

Je ne sais si on peut appeler cela « chasser ses propres démons » dans le cas de Lafrenière, mais actuellement son trio (avec Kaapo Kakko et Filip Chytil), surnommé la « kid line », est considéré par plusieurs comme l’une des unités les plus efficaces des Rangers. Ce trio apporte une dimension très intéressante à l’heure actuelle, et ce, au-delà de sa contribution offensive. On parle ici de son implication, sa fougue et sa ténacité depuis le début des présentes séries. Tout cela rajoute encore plus de cordes à son arc, surtout au niveau de la confiance de l’entraineur, qui ne se gêne pas pour utiliser ce trio dans les moments critiques. Et cela est tout à l’honneur des trois joueurs.

Pour revenir à Lafrenière, il semble avoir une confiance en soi renouvelée. Il a l’air inébranlable sur la patinoire, et on le remarque par le simple fait qu’il semble vouloir se présenter dans le cercle du vainqueur soir après soir comme le meilleur de sa cohorte.

Pour cela, il faut faire preuve d’une certaine patience dans le développement de ces jeunes talentueux, surtout dans ce business du sport qui a souvent tendance à vouloir accélérer et précipiter les choses trop rapidement dans la quête de résultats à court terme.

Le mot « patience » ne représente pas nécessairement la même définition pour plusieurs dirigeants de la grande ligue ou même pour certains athlètes qui ont le désir de devancer les échéanciers trop rapidement, mais les Rangers ont fait la preuve que la patience pouvait rapporter gros!

Cale Makar : Une démarche des plus sérieuses !

Respecter son rêve en se donnant les vrais moyens de réussir. Pour certains, cela peut paraître démesuré ou excessif, mais pas pour Cale Makar.

Le jeune défenseur fait preuve d’une confiance en soi remarquable, lui qui a rapidement fait ses classes au sein d’une des formations élites de la Ligue nationale de hockey, soit l’Avalanche du Colorado. Il impressionne grandement, et ce, au-delà des buts, des passes et de ses habiletés offensives.

Il offre bien plus que des statistiques individuelles depuis le début des présentes séries et plus particulièrement dans la série actuelle contre les Oilers d’Edmonton. Toute la démonstration de son savoir-faire retient l’attention au plus haut point.

Cumuler de grosses minutes face aux meilleurs éléments adverses pour un jeune défenseur de 23 ans seulement, c’est franchement impressionnant. La qualité de son jeu sans la rondelle, par de bons découpages de glace, son positionnement défensif dans son propre territoire et l’utilisation de son bâton de façon très efficace pour limiter temps et espace à l’adversaire, ne sont que quelques éléments de son jeu qui font de lui un joueur élite. Makar a tous les outils pour faire frémir ses adversaires, et contrairement à plusieurs défenseurs au profil offensif de sa génération, il ne démontre pas de grandes carences sur le plan défensif du jeu.

Il joue sans complexe d’infériorité malgré son jeune âge. Le principal concerné n’en est qu’à sa troisième saison dans la cour des grands, mais il fait déjà partie du plan de match de l’adversaire, et du plan de match de sa propre formation, alors qu’on l’utilise souvent quand le jeu devient de plus en plus un enjeu.

Il s’agit là d’un jeune athlète qui joue avec beaucoup d’autorité, d’assurance, et il a le profil d’un joueur qui remplit tout d’un coup l’espace et la forte majorité des cases en une seule présence. Il a ce don de dégager un sentiment de grande sécurité pour tout le monde qui l’entoure.

Un joueur de premier niveau, voire un joueur d’exception, qui croit en son talent et qui ne craint pas de l’afficher haut et fort. Il semble carburer à cette pression du moment, un aspect exclusif à ceux qui veulent faire la différence.

Bref, Makar est impressionnant à voir aller et on peut se compter chanceux de le regarder jouer. Dans mon livre à moi, il s’agit d’un candidat au Norris pour plusieurs années et comme plusieurs autres grands défenseurs du passé, il n’a pas terminé de faire parler de lui pour les bonnes raisons.