Réal Turcotte tenait absolument à assister au repêchage de son petit-fils
LNH mardi, 25 juin 2019. 08:16 samedi, 23 nov. 2024. 05:25SECTION SPÉCIALE REPÊCHAGE | TABLEAU DU REPÊCHAGE
VANCOUVER – À la blague, Réal Turcotte, le grand-père québécois d’Alex Turcotte, prétend qu’il aurait même été prêt à effectuer le voyage vers Vancouver en cercueil pour ne pas rater le repêchage de son petit-fils.
À 78 ans, Turcotte n’a rien perdu de sa vivacité d’esprit et de son sens de l’humour. Ça faisait longtemps qu’il n’avait pas été aussi fébrile. Ce n’est quand même pas tous les jours que l’un de nos enfants ou petits-enfants se fait repêcher dans la LNH.
Ce qui est inusité dans le cas de la famille Turcotte, c’est que Réal a également vu son fils, Alfie, être repêché au 17e rang par le Canadien en 1983. Trente-six ans plus tard, Alex a été sélectionné dès le cinquième échelon par les Kings de Los Angeles.
Quant au grand-père, il était assez doué pour avoir été recruté pour représenter le Québec dans une équipe formée par Sam Pollock dans sa jeunesse. Son talent lui a éventuellement valu une bourse à l’Université Michigan State ce qui a mené à son départ du Québec en 1959.
À lire également
L’impression que ça nous donne, c’est que le talent de hockeyeur s’est concentré au fil des générations. Un peu comme un scotch de grande qualité qui effectue un vieillissement de plusieurs années avant sa consommation.
« C’est lui le meilleur de la gang, il n’y a pas de débat là-dessus », a tranché le grand-papa avec un français impeccable.
C’est ensuite qu’on comprend qu’Alfie aurait pu connaître une carrière plus faste que 46 points en 112 parties. Réal Turcotte sait mieux que quiconque que son fils est tombé dans les pièges de la vie nocturne de Montréal et du sport professionnel.
« Son père Alfie l’a beaucoup aidé pour lui dire ce qu’il ne devait pas faire. Il a été bon là-dedans », a lancé Réal en éclatant de rire.
« Alex a vraiment compris l’importance de la condition physique et du désir. Il a un petit élément de plus, un caractère fort qui l’anime et le pousse », a-t-il enchaîné.
Dans son rôle de grand-père, Réal ne s’est pas contenté d’un rôle discret. Au contraire, lui et sa femme Carol ont même contribué à l’éducation d’Alex en l’accueillant à leur maison de Detroit pendant quelques années alors qu’Alfie avait accepté un emploi dans la région de Chicago.
« Ce n’est pas croyable de vivre ça avec Alex. Je me souviens quand il grandissait, il a si bien évolué mentalement. Physiquement, il avait les habiletés, mais mentalement, il est devenu un vrai cheval sur la patinoire », a constaté Réal avec une fierté difficile à cacher.
Durant son année de repêchage, Alex a même repris le chemin de la maison de son grand-père. Frappé par une mononucléose, il ne voulait surtout pas que son virus se propage au sein de l’équipe du programme américain et d’un certain Jack Hughes.
En étant aussi impliqué, le grand-père a été témoin de la majorité des matchs de son petit-fils surdoué. Son évolution a été si rapide qu’il peine encore à réaliser tout son potentiel.
« Je ne pensais jamais que ça se rendrait jusqu’à cette étape quand Alex a commencé à jouer. Je voyais qu’il était très bon, mais je voulais demeurer prudent », a noté l’homme dont le métier était professeur de mathématiques à l’école secondaire.
Visiblement en excellente forme pour son âge, Réal est demeuré impliqué dans son sport de prédilection. Depuis 1971, il organise une école de hockey qui encadre des jeunes à plusieurs endroits en Amérique du Nord. C’est d’ailleurs grâce à cette passion qu’il a conservé sa langue maternelle.
« J’ai encore de la famille à Montréal et c’est ma sœur qui est la secrétaire de notre école de hockey donc on se parle souvent en français », a expliqué le sympathique monsieur.
Tout au long de la soirée, la famille Turcotte a été très populaire au Rogers Arena. Ce n’était pas juste Alex qui attirait l’attention alors que bien des gens ont tenu à venir saluer Alfie et Réal.
Le grand-père a été touché par une remarque lancée par un homme de hockey qui s’est arrêté pour discuter avec eux.
« C’est une tradition que vous avez commencé il y a bien longtemps. »
Avec le concentré de talent qui coule dans les veines d’Alex, il ne lui reste qu’à ne répéter les erreurs de son père. Gentil comme il l’est, on peut parier que Réal s’assurera de lui de rappeler subtilement. On lui souhaite ainsi de vivre encore plusieurs années pour assister aux prouesses de son petit-fils dans l’uniforme des Kings de Los Angeles.