Le Lightning et l’agonie de la défaite
Coupe Stanley lundi, 27 juin 2022. 07:00 jeudi, 14 nov. 2024. 17:10TAMPA, Fl. – Steven Stamkos marchait très lentement, la tête basse, lorsqu’il est entré dans la salle d’entrevue.
Dès que le capitaine du Lightning s’est redressé pour répondre à la première question, ses yeux remplis de larmes ont illustré, bien mieux que les mots qu’il a lancés d’une voix éteinte, l’accablante agonie d’une défaite en finale de la Coupe Stanley.
« Ça fait mal au point que j’en ai des hauts le cœur », que Stamkos a reconnu sans la moindre hésitation.
Cette réponse et surtout la manière dont elle a été livrée alors que chaque mot semblait faire souffrir le capitaine ont rappelé à l’ordre ceux et celles qui, comme moi, croyaient que le fait d’avoir soulevé la coupe deux années consécutives pourrait facilement faire contrepoids à la peine de s’être arrêté à deux victoires d’une troisième de suite.
« Peut-être qu’avec un peu de recul, nous pourrons éventuellement nous consoler en saisissant l’ampleur de ce que nous venons d’accomplir en nous rendant si près d’une troisième coupe, mais pour le moment c’est impossible. Je suis tellement fier de notre équipe. Vous n’avez pas idée à quel point nous avons multiplié les sacrifices pour nous rendre jusqu’ici. Mais en dépit de toute cette fierté, cette défaite en finale fait aussi mal que la première que j’ai subie en 2015 », que Stamkos a poursuivi en défilant lentement, très lentement, ses réponses.
Bilan médical renversant
Patrick Maroon était plus atterré que son capitaine lorsqu’il est apparu devant les journalistes. Le gros attaquant n’avait pourtant pas seulement deux, mais bien trois conquêtes consécutives, pour éponger la peine d’en voir une quatrième lui filer entre les doigts.
« Ça n’apaise pas la douleur pour autant », que Maroon a lancé en laissant couler des larmes de ses yeux sans même tenter de les essuyer ou de baisser la tête pour les cacher ne serait qu’un peu.
« Nous avons tout donné. Vraiment tout. Et nous devons être très fiers de ce que nous avons accompli. Vous en aurez une meilleure idée lorsque le bilan médical de l’équipe sera dévoilé. Ça fait mal juste d’y penser. Vous tomberez sur le dos lorsque vous apprendrez la nature des blessures qui minaient plusieurs de nos joueurs. Et malgré ces blessures, tous ces gars tenaient à demeurer au sein de l’alignement », a poursuivi Maroon.
Une dette à l’endroit de Perry et Bellemare
Maroon est un grand ami de Corey Perry dans leur vie de tous les jours en non seulement dans leur vie de hockeyeurs. Habituellement loquace et enjoué, Maroon est devenu plus émotif encore lorsqu’on lui a demandé quels sentiments l’habitaient de voir que son copain, après avoir perdu contre le Lightning en finale de la Coupe Stanley dans les uniformes du Canadien l’an dernier et des Stars de Dallas il y a deux ans, se retrouvait à nouveau dans le camp des perdants pour une troisième année de suite.
« Je me sens très mal », que Maroon a lancé.
Il ne se sentait pas seulement mal pour Perry, mais pour tous ses autres coéquipiers qui n’ont pas encore eu la chance de soulever la coupe en carrière et qui croyaient bien obtenir l’occasion de réaliser ce rêve en se joignant au Lightning.
« Je me sens mal pour Bellemare – Pierre-Édouard Bellemare son joueur de centre au sein du quatrième trio – pour Riley Nash et Brandon Hagel – tous deux acquis des Coyotes et des Hawks à la date limite des transactions – pour Brian Elliott – l’adjoint à Andreï Vasilevskiy – et bien sûr pour « Pears ». Nous leur devons un championnat et je ne peux qu’espérer que nous serons de retour en grande finale encore l’an prochain et que les sentiments seront bien meilleurs qu’ils ne le sont ce soir», a finalement conclu le gros attaquant.
En descendant de la plate-forme sur laquelle il venait de passer une dizaine de minutes à répondre aux questions des journalistes, Maroon a trouvé du réconfort en serrant très fort sans ses bras son fils qui l’attendait depuis le début de la période d’entrevue.
Il a gardé fiston bien collé contre lui pendant de longues secondes avant de finalement quitter la salle d’entrevues.
Un club et un parcours mémorables
Les défenseurs Victor Hedman et Ryan McDonagh sont eux aussi venus répondre aux questions après la défaite. Ils ont également témoigné à quel point la douleur de la défaite était difficile à endurer, mais les quatre joueurs du Lightning ont aussi offert beaucoup de crédit aux nouveaux champions.
« Ils forment une très bonne équipe », a indiqué Hedman.
« Quand tu regardes notre parcours, tu réalises à quel point nous avons dû nous battre pour nous rendre jusqu’ici. Nous venons de perdre contre un club qui comptait le gagnant du trophée Norris (Cale Makar). En finale d’association, nous avons battu le gagnant du trophée Vézina (Igor Shesterkin). En première ronde, nous avons battu une très bonne équipe qui comptait dans ses rangs le gagnant des trophées Hart et Ted Lindsay (Auston Matthews) », que Stamkos a ajouté.
Au-delà la déception et la douleur reliées à l’élimination subie en six matchs, Stamkos n’avait rien à se reprocher : ni pour la défaite de 2-1 qui a empêché son équipe de forcer la tenue d’une septième partie. Pas plus que dans l’ensemble des séries.
Dimanche, à Tampa, Stamkos a marqué le premier – et seul – but de son équipe. C’était la quatrième fois des séries que le capitaine enfilait le premier but d’une rencontre. Personne n’en a fait autant cette année.
En plus d’une production offensive intéressante (11 buts, 19 points), Stamkos a été surutilisé et très solide aux cercles des mises en jeu. Il a aussi bloqué des tirs à la manière d’un joueur de soutien dont c’est un mandat à remplir et non comme un franc-tireur.
À bien des égards, Stamkos a été meilleur ou certainement plus utile dans la défaite qu’il ne l’a été lors des deux conquêtes consécutives de 2020 et 2021. McDonagh a d’ailleurs été très émotif quand il a parlé du leadership assumé par son capitaine.
Jon Cooper, qui s’est présenté en salle d’entrevue entouré de tous ses adjoints, a offert un plaidoyer qui en dit long sur l’importance qu’il accorde au fait que son équipe s’est rendue à deux victoires d’une troisième coupe Stanley.
« Pour des raisons évidentes, on se souvient toujours des équipes championnes. Mais jamais je n’oublierai cette équipe, les joueurs qui la composent et l’équipe d’entraîneurs qui m’entourent. Si nous étions en saison régulière, la moitié du club-école aurait été en uniforme tant nous avons des joueurs qui étaient minés par les blessures. Nous nous sommes battus contre une extraordinaire équipe. Nous avons été dans le coup. Nous avons malheureusement perdu deux matchs en prolongation pour finalement manquer d’énergie avant de nous rendre jusqu’au bout », a mentionné Cooper qui trouve du réconfort dans la fierté qui soude son équipe.
« Je n’arrive pas devant vous avec un discours préparé, car j’étais convaincu que nous allions gagner ce soir. Perdre, c’est moche. Perdre, ça fait mal. Mais nous l’avons fait en équipe. En famille. Il n’y a pas un gars qui est parti du vestiaire pour rentrer à la maison. Ils seront tous ici longtemps pour encaisser le choc ensemble. Le fait de m’être rendu jusqu’ici avec cette équipe, je ne pourrai jamais oublier ça », a conclu Cooper.
Il sera intéressant de voir comme Cooper, son patron Julien BriseBois et le reste de l’état-major du Lightning arriveront à renvoyer sur la patinoire, en octobre prochain, une équipe qui pourra non seulement viser une place en série, mais peut-être lorgner une fois encore les grands honneurs.