Les Bruins dérouillés, les Blues déroutés
Coupe Stanley mardi, 28 mai 2019. 07:00 mercredi, 11 déc. 2024. 21:04Quiz : les Québécois en finale de la Coupe Stanley
BOSTON – Un des nombreux clichés du hockey soutient qu’il n’y a pas pire avance qu’une priorité de deux buts.
Je n’ai jamais vraiment compris ce cliché, car dans les faits, je suis convaincu que même le pire coach de l’histoire du hockey préférerait profiter d’une avance de deux buts plutôt que de tirer de l’arrière par deux buts.
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Du moins, il me semble.
Mais lundi, ce cliché a pris tout son sens en changeant du tout au tout le cours du premier match de la finale de la Coupe Stanley
Après avoir disputé une solide première période au cours de laquelle ils ont dominé les Bruins dans toutes les facettes du jeu et pris les devants 1-0, les Blues ont refroidi les ardeurs de leurs adversaires et de leurs partisans en doublant leur avance dès le début de la période médiane.
Comme ils l’avaient fait avec succès en finale de l’Ouest pour surprendre et pousser à l’erreur des défenseurs aussi doués que Brent Burns, Erik Karlsson et Marc-Édouard Vlasic, les Blues ont surpris les Bruins avec un échec avant efficace qui leur a permis de marquer les deux premiers buts du match.
Mieux encore, le premier trio des Blues qui devait être neutralisé par celui de Patrice Bergeron s’est payé les deux buts aux dépens du centre québécois, de ses deux ailiers – David Pastrnak s’est rendu coupable d’un affreux revirement en zone défensive pour ouvrir toute grande la porte sur le deuxième but – et du premier duo de défenseurs composé de Zdeno Chara et Torey Krug.
Aucune trace des doutes soulevés par l’absence d’expérience en finale de la Coupe Stanley dans le camp des Blues. Aucun signe des craintes de voir le gardien recru Jordan Binnington étouffer sous la pression maintenant que lui et son équipe étaient rendus en grande finale.
Une fois le score 2-0 pour Saint Louis, c’est bien plus le manque de synchronisme qu’on redoutait dans le camp des Bruins après une très longue inactivité de 10 jours que le manque d’expérience des Blues qui sautait aux yeux.
Trop beau pour durer
Tout ça était bien beau pour les Blues et leurs partisans. Peut-être même trop beau.
Car l’incertitude, voire le doute qui s’est installé dans le TD Garden après que Vladimir Tarasenko eut doublé l’avance que Brayden Schenn avait donnée aux siens au premier tiers n’a duré que 66 secondes. Soit le temps dont les Bruins ont eu besoin pour s’inscrire au pointage.
Dès que Connor Clifton a profité de la mauvaise couverture défensive de Robert Bortuzo pour faire dévier la passe de Sean Kuraly derrière Binnington, tout s’est écroulé chez les Blues.
Inversement, tout s’est mis à bien aller pour les Bruins.
Dominant les tirs 9-8 après avoir enfilé leur deuxième but, les Blues ont ensuite vu les Bruins tirer 18 fois au cours du reste de la période médiane alors qu’ils se sont contentés eux de deux bien petits tirs.
De fait, dans les 39 dernières minutes du match, les Bruins ont marqué quatre buts sur les 30 tirs qu’ils ont obtenus alors que Tuukka Rask n’a eu qu’à effectuer neuf arrêts pour confirmer la victoire des siens. Et je ne crois pas qu’un seul de ces arrêts puisse être considéré comme un arrêt difficile.
Entre la fin de la deuxième période et le début du dernier tiers, il s’est écoulé près de 13 minutes au cours desquelles les Blues n’ont pas obtenu le moindre tir au but.
Ils étaient complètement déroutés.
Encore l’attaque massive
Oui! Ils étaient encore en avant 2-1. Mais pendant qu’Oscar Sundqvist purgeait la quatrième des cinq pénalités mineures écopées par les Blues lors du premier match, les Bruins ont finalement profité de leur arme redoutable depuis le début des séries pour niveler les chances.
Charlie McAvoy a déjoué Binnington à l’aide d’un tir décoché du haut de l’enclave et qui a dévié sur le bâton d’un des défenseurs des Blues. Le gardien semblait furieux après le but. Après lui? Après ses défenseurs? « Oui la rondelle a dévié, mais elle a dévié suffisamment tôt pour me permettre de réagir », a convenu le jeune gardien qui a donc pris le blâme. Du moins en partie.
C’était alors 2-2 après deux périodes. Mais cette égalité était bien inégale tant les Bruins dominaient. Il semblait clair qu’ils prendraient l’avance un moment donné et qu’ils ne la perdraient pas. Ce qui est arrivé dès le début de la troisième période alors que le quatrième trio – troisième but des séries pour Kuraly – a inscrit le but de la victoire.
Brad Marchand a scellé l’issue du match dans un filet désert, mais ce but semblait loin d’être nécessaire tant les Bruins, après avoir été dominés au premier tiers, ont entièrement dominé les deux derniers engagements.
« Après un début de match difficile, nous avons disputé deux très solides périodes. Honnêtement, je n’ai pas eu grand-chose d’autre à faire que de demeurer concentrer afin d’être prêt à effectuer le prochain arrêt. Mais je me suis plutôt retrouvé dans un rôle de spectateur », a d’ailleurs commenté le gardien des Bruins avec raison.
Quatrième trio à l’honneur
Soudainement, l’inexpérience semblait rattraper les Blues qui se contentaient de se défendre. Alors qu’une fois la rouille associée aux 10 jours de congé disparue comme la rosée disparaît dès que le soleil lui plombe dessus, les Bruins ont redonné raison à ceux qui les ont choisis pour soulever la coupe Stanley.
« Le synchronisme et l’exécution n’étaient pas là en première période. On a retrouvé notre rythme en deuxième et on a joué du hockey bien plus intelligent », a commenté Bergeron qui s’est signalé positivement en remportant 14 des 20 mises en jeu qu’il a disputées (70 % d’efficacité) mais qui s’est signalé d’une manière inhabituelle en raison des quatre revirements inscrits à ses statistiques personnelles.
Le trio de Bergeron en a tellement arraché au cours du premier tiers, que l’entraîneur-chef Bruce Cassidy a ensuite décidé de faire appel à son quatrième trio – Kuraly, Noel Acciari, Joakim Norstrom – pour contenir le meilleur trio des Blues.
Et ce quatrième trio a non seulement réussi à contenir Schenn, Jaden Swartz et Tarasenko, mais il s’est permis d’inscrire deux des quatre buts des Bruins. Kuraly a d’ailleurs obtenu la première étoile du match.
Rien que ça!
Leçons à tirer
Dans le vestiaire des Blues, on ne semblait pas trop abattu par la défaite et par le revirement complet de situation.
« On a bien joué en première, mais on est capable d’être encore meilleurs. Les pénalités nous ont fait mal. On a passé trop de temps à nous défendre et les gars qui ont dû sauter leur tour ont été incapables de retrouver leur rythme ensuite, a indiqué David Perron qui refusait de s’en prendre aux arbitres même si les Blues ont écopé cinq pénalités mineures contre seulement deux pour les Bruins.
« Il y a certaines décisions que nous n’avons pas aimé, mais en fin de compte on en a trop pris. Notre échec avant était absent et notre jeu en défensive n’était pas à point, ce qui a permis à Boston de se rendre plus souvent à notre gardien que les autres clubs l’ont fait au cours des trois premières rondes. Il y a des ajustements à apporter. On leur a donné beaucoup trop de temps et d’espace pour prendre de la vitesse en zone neutre. On devra s’ajuster dès le prochain match », a ensuite analysé le Québécois.
« Nous avons été bien trop brouillons avec la rondelle au cours des deux dernières périodes pour espérer nous en tirer. On affronte une très bonne équipe. On doit trouver une façon de garder le momentum qu’on s’était offert en première période », a commenté le vétéran défenseur Jay Bouwmeester.
En bref
– Les arbitres Steve Kozari et Kelly Sutherland n’ont pas été victime de controverses majeures dans le cadre de la première partie de la grande finale, mais ils ont attiré de vives critiques en laissant passer des infractions flagrantes aux yeux de plusieurs. Des infractions qui seraient allées sur le dos des Bruins : un cinglage qui a fracassé le bâton d’un adversaire, une séance de lutte opposant Perron et le défenseur Krug et une violente mise en échec assénée par le petit défenseur des Bruins qui s’est rué sur Robert Thomas après avoir traversé la patinoire d’un bout à l’autre une fois libéré de l’emprise de Perron...
– Tarasenko a prolongé à sept sa série de matchs consécutifs avec au moins un point. Il revendique quatre buts et neuf points lors des sept dernières rencontres les Blues...
– Parce qu’ils n’ont marqué qu’une fois en cinq attaques massives lundi, les Bruins ont vu leur efficacité « fondre » à 32,7 % (18 en 55) depuis le début des séries...
– Les 18 buts déjà inscrits en attaque massive représentent le troisième plus haut total des Bruins en séries. Leur prochain but en supériorité numérique égalera la deuxième marque (19) et ils pourraient égaler, voire dépasser, le record de 24 buts en attaque à cinq marqués lors des séries du printemps 1991...
– Les Bruins ont tiré de l’arrière pendant 25 minutes 18 secondes lors du premier match de la grande finale. C’est près du double du total obtenu par les Hurricanes en finale de l’Est alors que la Caroline a été en avant aux dépens de Boston pendant seulement 13 minutes 8 secondes au cours des quatre matchs disputés lors de cette série...