SAINT LOUIS – Qu’il soit blessé ou non, Patrice Bergeron a tenu promesse samedi soir : quelques heures après avoir esquivé les questions reliées à son état de santé en lançant simplement qu’il était prêt à disputer le troisième match, Bergeron a marqué un but et ajouté deux passes dans la victoire convaincante de 7-2 qui a propulsé les Bruins en avant 2-1 dans la grande finale les opposant aux Blues.

Bergeron n’était pas seulement prêt. Il était vraiment prêt!

Car en plus d’avoir balayé du revers de la main des performances un brin timides lors des deux premiers matchs avec sa récolte de trois points, Bergeron s’est imposé physiquement avec trois mises en échec assénées et 11 mises en jeu gagnées sur les 19 qu’il a disputées (58 %).

Après la victoire, fidèle à lui-même, Bergeron a fait la sourde oreille aux questions reliées à son état de santé. Et on a dû insister pour obtenir des commentaires sur son niveau de satisfaction en marge d’une soirée de travail à la hauteur de sa réputation. « C’est un résultat d’équipe. Personne ne serait ici sans l’aide de tout le monde. Je ne suis pas différent là-dedans. C’est pourquoi nous sommes ici. On s’est parlé en tant qu’équipe et compagnons de trio et on a fait ce qu’on avait à faire. »

Je demeure convaincu que Bergeron joue en dépit d’une ou de plusieurs blessures.

Le fait qu’une grosse heure se soit écoulée entre la fin du match que les Bruins ont gagné 7-2 pour prendre les devants 2-1 dans la finale les opposant aux Blues et l’arrivée de Bergeron sur le podium pour répondre aux questions des journalistes mousse d’ailleurs ses prétentions. Car je suis convaincu que c’est pour recevoir une série de traitements et non parce qu’il a passé tout ce temps sous la douche que Bergeron a mis plus d’une heure avant de réapparaître après la partie.

Mais bon. Il n’est pas le premier joueur à composer avec les blessures en séries et surtout en finale. Il l’a d’ailleurs déjà fait en 2013 alors qu’il jouait en dépit de côtes fracturées en finale contre les Blackhawks de Chicago.

Bergeron a marqué le premier but du match. Un but inscrit en après qu’il eut remporté une mise en jeu pour ensuite faire dévier un tir-passe de Torey Krug pendant le premier avantage numérique des Bruins.

Il s’est aussi fait complice des buts de David Pastrnak et Krug. Deux autres buts marqués en avantage numérique.

Marcus Johansson a complété la soirée dévastatrice de l’attaque massive des Bruins qui a non seulement marqué quatre fois en quatre supériorités numériques, mais l’a fait sur quatre tirs seulement.

« Je ne me souviens pas d’avoir déjà vu ça », ont convenu Bergeron et son entraîneur-chef Bruce Cassidy lorsqu’ils ont été mis au courant de cette statistique après la partie.

Un but de moins que le Canadien...

Avec leur soirée parfaite de samedi, les Bruins affichent maintenant 23 buts en 64 attaques massives en 20 matchs depuis le début des séries. Ce qui leur donne une excellente moyenne de 35,9 %.

Mieux encore, en neuf matchs disputés sur la route, les Bruins ont déjà marqué 14 buts en 28 occasions pour une moyenne de 50 %.

Histoire de donner plus d’éclat encore à ces résultats sensationnels, il est important ici de préciser que les Bruins sont à un but seulement du total de buts marqués par le Canadien (15) en 41 matchs et 108 occasions obtenues sur la route la saison dernière.

Les Bruins pourraient même s’approcher des 31 buts marqués en attaque massive par le Tricolore en 82 matchs au cours de la dernière saison régulière.

Cinq bonnes minutes et puis plus rien

Les cinq premières minutes du match étaient loin de laisser poindre une victoire aussi convaincante que celle que les Bruins ont signée samedi.

Loin de là.

Le match s’est ouvert sur une très solide mise en échec assénée par Samuel Blais à l’endroit de David Backes. Le gros attaquant des Bruins s’est retrouvé étendu sur la patinoire et il s’est même pris la tête à deux mains. Un signe évident de la force de l’impact et surtout de ses conséquences.

Mais bien que Backes ait un passé étoffé en matière de blessures à la tête et de contrecoups de commotions cérébrales, les observateurs de la LNH n’ont pas jugé bon l’envoyer en salle de repos malgré les signes évidents d’étourdissement que Backes offrait.

En plus de frapper rondement leurs adversaires, les Blues ont obtenu les cinq premiers tirs du match alors qu’ils ont profité d’une attaque massive très tôt en première.

Les Blues étaient partout. Ils contrôlaient le jeu. Ils ont amorcé le match comme toute équipe voudrait le faire. Seul ennui : ils n’ont pas été en mesure de confirmer cet excellent début de match avec un but.

Résultat : les Bruins ont esquivé les coups, retrouvé leurs repères et lorsqu’ils ont su profiter eux de leur première attaque massive, on a senti le match tourner.

Les Blues sont devenus nerveux. Leurs partisans aussi. Les Bruins en ont profité.

Contestation coûteuse

Boston a aussi tiré profit de la mollesse des Blues en fin de première période pour inscrire un troisième but. Sean Kuraly a surpris Jordan Binnington avec un tir décoché avec seulement 10 secondes à faire au premier tiers.

Parce que l’entrée en zone des Blues semblait un brin suspecte, Craig Berube a contesté ce but prétextant un hors-jeu.

Le jeu était très serré, mais comme la reprise a démontré que c’est le défenseur Joel Edmundson qui avait entré la rondelle en zone des Blues et que Kuraly ne pouvait alors être en situation de hors-jeu bien qu’il avait devancé la rondelle, le but a été accordé.

En comme si ce n’était pas assez, les Blues ont donc écopé une pénalité mineure dont les Bruins ont profité en début de période médiane pour prendre les devants 4-0.

Le match était terminé!

« Il y avait une grosse différence entre retraiter au vestiaire avec un recul de 2-0 plutôt que de 3-0. Le jeu était tellement serré à la ligne bleue que je considérais qu’il fallait prendre la chance que la contestation tourne en notre faveur », a justifié Berube lorsqu’on lui a demandé ce qui l’avait incité à contester le but malgré les conséquences négatives que pouvait entraîner cette décision.

Binnington chassé

Les Blues ont tenté de ne pas lâcher. Mais quand Binnington a accordé un très mauvais but sur un tir de loin de Krug pour permettre aux Bruins de reprendre les devants par quatre buts – une minute seulement après qu’Ivan Barbashev eut réduit l’écart à 4-1 – Berube a rappelé son jeune gardien au banc.

Le temps était alors venu de se tourner vers lundi alors que les Bruins tenteront de prendre une avance de 3-1 en grande finale.

« Je n’ai pas été à la hauteur ce soir », a plusieurs fois répété Binnington après le match.

« Il n’a rien à se reprocher. Ce n’est pas de sa faute du tout. En fait, si nous sommes rendus ici c’est en grandes parties à cause de Jordan. Il n’a donc rien à se reprocher », a répliqué David Perron qui s’est retrouvé en tête à tête à quelques reprises avec le gardien Tuukka Rask. Le Québécois a d’ailleurs été chassé pour un geste à l’endroit du gardien des Bruins.

« Je ne comprends cette décision. Je suis allé le voir parce qu’il plonge au moindre impact. Ça fait trois pénalités qu’on écope à cause de lui. Peut-être que la pénalité imposée à Samuel lors du premier match était justifiée même s’il a été poussé sur lui, mais on ne méritait pas les autres », a plaidé Perron.

Lorsqu’on a demandé à Rask s’il se sentait dans la mire des Blues en raison des actes de Perron, le gardien finlandais a assuré que non. « Il est venu me dire que je plongeais. J’ai répondu que je ne le faisais pas. Il n’y a rien de plus à dire. »

Doit-on s’inquiéter de la confiance de Binnington qui pourrait avoir été perturbée dans la défaite de samedi?

« Je suis convaincu qu’il sera en mesure de se reprendre dès le prochain match », a lancé Berube qui a non seulement refusé de blâmer son jeune gardien, mais s’est assuré de faire comprendre à tout le monde qu’il serait de retour devant le filet des Blues lundi.

« Nous avons bien commencé le match, mais les pénalités nous ont ensuite tués. Il faudra être plus disciplinés car nous connaissons la force de leur attaque massive. Mais en même temps, nous devrons être bien meilleurs quand viendra le temps de nous défendre à court d’un homme », a ajouté l’entraîneur-chef des Blues.

En Bref

– Au-delà la performance éclatante de Bergeron, le défenseur Krug a récolté quatre points (un but) dans la victoire des Bruins. Une récolte que même l’illustre Bobby Orr n’a jamais obtenue en match éliminatoire...

– C’est la première fois de la grande finale que l’équipe qui marque le premier but de la rencontre signe aussi la victoire...

– En plus d’être impériaux en attaque massive, les Bruins sont aussi très efficaces en désavantage numérique depuis le début des séries. Colton Parayko a marqué en début de troisième période lors du cinquième avantage numérique des Blues. Avant d’accorder ce but, les Bruins avaient écoulé les 22 désavantages précédents. Victimes d’un but lors de la première attaque à cinq des Hurricanes de la Caroline dans le premier match, les Bruins avaient été parfaits depuis...

– Parce que moments de réjouissance ont été plutôt rares sur la patinoire, la direction des Blues a harangué la foule en présentant à l’écran géant des vedettes de Saint Louis. Du nombre, l’acteur Jon Hamm (Mad Men) et le quart-arrière Pat Mahones, des Chiefs de Kansas City – il a vidé une bière d’un trait à la grande joie des partisans – ont été les plus applaudis...