DENVER – L’un des mille clichés du hockey assure qu’une équipe n’est pas dans le pétrin, en séries, tant qu’elle n’a pas perdu un match à la maison.

 

Je veux bien.

 

Mais après avoir vu Mike Smith et la défensive se faire poivrer trois buts en 124 petites secondes en début de deuxième période, après avoir vu Connor McDavid, Leon Draisaitl et leurs coéquipiers se faire blanchir par Pavel Francouz et une brigade défensive qui a réussi à museler un monstre à deux têtes venu du nord de l’Alberta, il est clair que les Oilers sont déjà dans le trouble.

 

Peut-être même dans le gros trouble.

 

Plus rapides, plus engagés, plus incisifs et plus simplement bien meilleurs que leurs adversaires, les joueurs de l’Avalanche ont signé une victoire de 4-0 pour prendre une avance de 2-0 dans une finale de l’Ouest qui pourrait être plus expéditive que prévu.

 

Je sais! Les Oilers sont meilleurs à domicile qu’à l’étranger. Ils ont gagné quatre des six parties disputées devant leurs partisans au Rogers Centre. Et ils jouent maintenant pour ,500 – quatre gains et quatre revers – sur les patinoires ennemies.

 

Mais quand même.

 

Ils ont affiché des lacunes majeures jeudi soir à Denver. Des lacunes qui auront besoin de bien plus que l’appui de leurs partisans pour les corriger.

 

De fait, il est permis de croire que les Oilers, malgré tout le talent et les qualités de Connor McDavid et Leon Draisaitl, malgré toute la fougue et la bonne volonté d’Evander Kane, Zach Hyman, Ryan Nugent-Hopkins et des autres joueurs de soutien qui les entourent ne sont simplement pas assez forts pour rivaliser avec l’Avalanche.

 

Non seulement l’Avalanche a mitraillé Mike Smith de 40 tirs, mais cette équipe qui avait promis de resserrer sa défensive après avoir accordé six buts aux Oilers dans une victoire de 8-6 lors du premier match, a limité Edmonton à 24 tirs, dont plus de la moitié (13) sont venus au premier tiers.

 

Après avoir vu l’Avalanche marquer deux fois en 15 secondes – Artturi Lehkonen a fait dévier un tir de Nazem Kadri pour marquer son 5e des séries avant que Josh Manson ne surprenne Mike Smith avec un tir frappé de la pointe dès la reprise du jeu – Jay Woodcroft a réclamé un temps d’arrêt.

 

Ce temps d’arrêt, bien que très nécessaire, n’a rien changé au cours du match. Ou si peu. Non seulement ce temps d’arrêt n’a pas relancé les Oilers, mais il n’a certainement pas ralenti l’Avalanche qui a marqué – 3e but de Mikko Rantanen – 109 secondes plus tard.

 

McDavid et les Oilers sont alors disparus.

 

Au lieu de déployer l’énergie nécessaire pour amorcer une remontée, les Oilers ont tiré six fois seulement au cours de la période médiane. Ils se sont contentés de cinq tirs au dernier tiers.

 

« Il y a de très bons joueurs de l’autre côté, de solides défenseurs. Ils ont disputé un très bon match. Ils ont limité nos chances au minimum. Personnellement, je n’ai probablement pas été au sommet de ma force ici ce soir », a convenu McDavid après le revers de 4-0.

 

Un but et 11 tirs pour MacKinnon

 

La finale de l’Ouest est bien plus qu’un duel, aussi relevé soit-il, opposant Connor McDavid et Nathan MacKinnon.

 

Bien qu’il soit considéré par plusieurs, et même par son grand rival de l’Avalanche, comme le meilleur joueur au monde, Connor McDavid est déclassé par Nathan MacKinnon après deux rencontres.

 

Bon! Le mot déclassé est peut-être un peu fort.

 

Cela dit, Nathan MacKinnon a été beaucoup plus impliqué que son rival lors des deux premières rencontres. Jeudi soir, il n’y avait aucune comparaison possible.

 

En 23 présences, Connor McDavid a décoché quatre tirs. Deux ont atteint la cible. Il a bien tenté quelques incursions en zone ennemie, mais rarement a-t-il été en mesure de contourner les défenseurs et de menacer dangereusement le gardien de l’Avalanche.

 

Dans le cas de MacKinnon, c’est tout le contraire qui s’est produit. Peut-être fouetté par les comparaisons qui le placent derrière son rival, MacKinnon a non seulement confirmé un gain acquis depuis un bon moment en marquant le quatrième but de son équipe, mais il a tout renversé sur son passage. Avec la fougue et la vitesse qui caractérisent son jeu, MacKinnon a décoché 12 tirs. Onze ont atteint la cible et au moins cinq ou six se sont traduits par de très bonnes occasions de marquer.

 

La finale est loin d’être terminée. Nathan MacKinnon et ses coéquipiers ont encore deux grosses victoires à aller chercher pour accéder à la finale de la coupe Stanley. Mais après deux matchs, on peut avancer sans risque de se tromper que la vedette de l’Avalanche éclipse la grande vedette des Oilers.

 

McDavid n’est pas le seul Oiler à blâmer. Que non! Leon Draisaitl qui avait été muté au sein d’un trio piloté par Ryan Nugent-Hopkins et complété par Kailer Yamamoto a lui aussi connu un match difficile.

 

Après des séquences de neuf matchs consécutifs avec au moins une passe et de six rencontres consécutives avec au moins deux mentions d’aide, rien n’allait pour l’Allemand jeudi soir.

 

On l’a même vu se rendre coupable d’un affreux changement en période médiane. Même si le banc des joueurs était à l’opposé de sa zone défensive, Draisaitl a retraité au banc alors que ses adversaires fonçaient vers son gardien.

 

Une bien vilaine idée, on en conviendra. Un signe évident que les Oilers, après avoir encaissé les trois buts rapides de l’Avalanche au deuxième tiers, ne croyaient plus en leurs chances de gagner.

 

Francouz toujours invaincu

 

Venu en relève à Darcy Kuemper qui a déclaré forfait lors du premier match en raison d’une blessure indéterminée au haut du corps, Pavel Francouz a réalisé 24 arrêts. Bien qu’il se soit distingué à quelques reprises, « Frankie » l’a eu assez facile, on va se le dire.

 

Ça n’a pas empêché les partisans de l’Avalanche de l’ovationner en scandant son surnom après chacun des arrêts qu’il a réalisés, mais le principal intéressé a été le premier à reconnaître que c’était un brin exagéré : « C’était certainement plaisant à entendre, mais je préférais de beaucoup les Go Avs Go! et les Let’s Go Avalanche, car c’est vraiment un gros effort collectif qui nous a permis de gagner ce soir ».

 

Francouz est devenu, jeudi, le quatrième gardien de l’histoire des Nordiques et de l’Avalanche à signer la victoire à ses quatre premiers matchs de séries éliminatoires. Il a égalé Patrick Roy – quatre gains en 2001 – et Daniel Bouchard – quatre gains en 1984 – alors que Philipp Grubauer a gagné ses six premiers matchs de séries en 2021.

 

Bien qu’il ne soit pas à blâmer dans la défaite, Mike Smith a été incapable de pallier les lacunes de ses coéquipiers.

 

Wild, Wild, West!

 

Déclassés lors des 40 dernières minutes de jeu, les Oilers ont malgré tout bien entrepris le match. De fait, les deux équipes ont offert du hockey sensationnel en première période.

 

Dès les premiers instants du match, Cale Makar a démontré son grand talent aux deux bouts de la patinoire. Il a d’abord utilisé sa vitesse pour s’offrir une belle incursion en zone ennemie au terme de laquelle il a forcé Mike Smith à réaliser un arrêt solide de la jambière droite pour le priver d’un but.

 

Loin de se laisser abattre par cette occasion ratée, Makar est revenu rapidement en zone défensive pour rejoindre Connor McDavid et lui soutirer la rondelle alors que la vedette des Oilers tentait de couper vers le filet.

 

Du grand art!

 

Artturi Lehkonen, Mikko Rantanen et Nathan MacKinnon ont ensuite obtenu de très bons tirs pour mettre Mike Smith à l’épreuve.

 

Au fil des 20 premières minutes, les deux équipes se sont échangé de belles poussées et c’est en première que les Oilers ont obtenu leurs meilleures bonnes occasions de marquer.

 

Ce jeu ouvert laissait croire que les deux équipes pourraient égaler, voire dépasser, les 14 buts échangés lors du premier match. Mais non! Cette première période, aussi endiablée fût-elle, s’est terminée sur une égalité de 0-0.

 

Les Oilers ont même été en mesure d’écouler une longue séquence de 92 secondes à trois contre cinq sans accorder de but.

 

Une séquence qui aurait pu faire basculer le match de leur côté. C’est toutefois tout le contraire qui est arrivé.

 

L’Avalanche et les Oilers mettront le cap vers Edmonton vendredi matin. Le prochain match sera disputé samedi et les Oilers devront impérativement le gagner.

 

Car si leurs plus ardents partisans considèrent qu’il est prématuré de lancer haut et fort qu’ils sont déjà dans le gros pétrin avec un recul de 0-2 à combler, ils n’auront pas d’autre choix que de l’admettre si l’Avalanche signe une troisième victoire consécutive.

 

Entre les lignes

 

  • Dans l’ombre de Nathan MacKinnon, le trio de Nazem Kadri (3 passes), Mikko Rantanen (1 but, 1 passe) et Artturi Lehkonen (1 but, une passe) a récolté sept points dans la victoire de jeudi...

 

  • Nathan MacKinnon a atteint le plateau des 10 buts (16 points) en 12 rencontres depuis le début des séries...

 

  • Fort d’une 13e passe récoltée depuis le début des séries, Cale Makar occupe toujours le premier rang des marqueurs de l’Avalanche avec 17 points (4 buts)...

 

  • Après un premier match difficile, mardi, en lever de rideau de la finale de l’Ouest, Josh Manson a été beaucoup plus solide. En plus de marquer le troisième but de son équipe, il a terminé la rencontre avec un différentiel de +1. Un gros contraste avec le -4 qu’il affichait au terme du match numéro un...

 

  • Nicolas Aubé-Kubel était de retour au sein de la formation de l’Avalanche jeudi soir. Il a offert du jeu efficace à la droite de J.T. Compher au sein du troisième trio. Il a distribué cinq des 35 mises en échec assénées par l’Avalanche et s’est distingué en bloquant un solide tir frappé en première période. Un bloc qui l’a clairement fait souffrir, mais qui ne l’a pas empêché de compléter la rencontre...