La ville d’Ornskoldsvik, en Suède, vous connaissez? Sans doute que non. En revanche, les noms de Peter Forsberg, Markus Naslund, Henrik Sedin, Daniel Sedin et Victor Hedman vous sont assurément familiers. Sachez que ces cinq excellents joueurs sont nés dans cette municipalité suédoise d’à peine 29 000 habitants. Comment expliquer pareil phénomène?

On mentionne Forsberg, Naslund, Sedin (les jumeaux) et Hedman, mais on pourrait également parler d’Anders Hedberg, qui a récolté 397 points en 465 matchs dans la LNH, ou de Niklas Sundstrom, auteur de 349 points en 750 rencontres dans le circuit Bettman. En tout, ce sont 12 joueurs natifs d’Ornskoldsvik qui ont déjà joué ou qui jouent encore dans la meilleure ligue de hockey qui soit.

Peter ForsbergMais que diable y a-t-il dans l’eau d’Ovik, comme on la surnomme, pour produire autant de joueurs de haut niveau? Rendu à ce stade, il ne peut s’agir que d’une simple coïncidence. Pour tenter d’en apprendre davantage, Hockey Le Magazine a joint Lennart Hermansson, coordonnateur des sports du club de hockey MODO.

Pourquoi MODO? Quel est le lien avec Ornskoldsvik? Laissons à Hermansson le soin de vous expliquer. « MODO, ce n’est pas une ville, mais bien un nom d’équipe, explique le Suédois de 49 ans. Celle-ci est basée à Ornskoldsvik et joue en Ligue élite. Dans les années 60, le club nommé Alfredshems IK a été rebaptisé MODO en l’honneur du commanditaire principal de l’équipe, la papeterie Mo Och Domsjo ab, qui avait comme surnom MODO… »

Bon, voilà pour la précision. Maintenant, comment expliquer qu’autant de joueurs élites soient issus d’Ornskoldsvik, une ville dont la population est semblable à celle de Boisbriand, Ste-Julie ou Sept-Îles, au Québec?

« Oui, Anders Hedberg, qui est né en 1951, a été le premier, mais c’est réellement avec la génération des joueurs nés en 1973 qu’on a fait parler de nous, avec Peter Forsberg, Markus Naslund, Andreas Salomonsson et Hans Jonsson, précise Hermansson. Par la suite, il y a eu Niklas Sundstrom, qui est né en 1975.

« Le New York Times a déjà écrit dans un article qu’en fonction du nombre de joueurs de la LNH issus d’Ornskoldsvik, on devrait être une ville d’environ 20 ou 25 millions d’habitants! Or on n’est même pas 30 000, même pas 60 000 en incluant les banlieues… »

Les Forsberg, Naslund et compagnie font en sorte qu’Ornskoldsvik pourrait être surnommée la « Ville du hockey » en Suède, surnom attribué à Detroit (Hockeytown), en Amérique du Nord. Plusieurs préféraient que ce sobriquet soit octroyé à Montréal plutôt qu’à Detroit, mais ça, c’est une autre histoire. « Ornskoldsvik est reconnue pour deux choses en particulier : le club de hockey MODO et aussi la côte, où on a de magnifiques vues de la mer », souligne Hermansson, en faisant référence au golfe de Botnie, où se déverse la mer Baltique.

Le hockey en gymnase

Hermansson a joint le programme de hockey de MODO il y a dix ans. Il y a notamment dirigé l’équipe des moins de 18 ans pendant quatre ans, avant d’être nommé coordonnateur des sports l’an dernier. Il est, en quelque sorte, l’adjoint au directeur général Per Svartvadet, un ancien ailier gauche qui a joué 237 matchs dans la LNH avec les Thrashers d’Atlanta, entre 1999 et 2003.

La ville d’Ornskoldsvik et le club de MODO, il les connaît par cœur. Et, selon lui, l’éclosion du hockey dans cette région située à environ 500 km au nord de Stockholm, la capitale, s’est faite grâce au programme hockey gymnasium.  

« Ce concept a été mis de l’avant sous les recommandations de l’entraîneur Anders Nylander et il permet aux jeunes de jouer chaque jour, précise Hermansson. Le matin, en entraînement individuel, et le soir, avec leur équipe respective. Quand on remarque, par exemple, qu’un Peter Forsberg est un bon patineur, et bien on essaie de faire de lui le meilleur patineur… au monde! »

À la douzaine de joueurs nés à Ornskoldsvik, on pourrait ajouter les noms de Tobias Enstrom, des Jets, et Alexander Edler, des Canucks. Ces deux défenseurs ont eux aussi passé par le programme de développement de MODO, bien qu’ils soient nés dans des villes voisines, respectivement à Nordingra et à Ostersund.

Selon Hermansson, aucune autre petite ville de Suède ne peut se vanter d’avoir produit autant de joyaux qu’Ornskoldsvik. « Leksand (15 000 habitants, NDLR) a donné quelques joueurs, tout comme Skelleftea (32 800), mais ça ne se compare pas vraiment à ici », note le père de cinq enfants, en pensant notamment à Victor Rask (Hurricanes), de Leksand, ainsi qu’à Adam Larsson (Devils) et Joakim Lindstrom (Blues), de Skelleftea.

Hermansson a raison de se bomber le torse : Rask, Larsson et Lindstrom ne sont pas exactement des futurs Forsberg, Naslund ou Sedin.

Si vous espérez faire de votre enfant un futur joueur de la LNH, vous devriez peut-être songer à déménager à Ornskoldsvik…

PRÉSENTS ET ANCIENS JOUEURS DE LA LNH NATIFS D’ORNSKOLDSVIK

RG

NOM

POS

MJ

B

A

PTS

1

Peter Forsberg

C

708

249

636

885

2

Markus Naslund

AG

1117

395

474

869

3

Henrik Sedin*

C

1018

197

655

852

4

Daniel Sedin*

AG

987

309

507

816

5

Anders Hedberg

AD

465

172

225

397

6

Niklas Sundstrom

AD

750

117

232

349

7

Victor Hedman*

D

338

32

119

151

8

Lars Molin

AG

172

33

65

98

9

Hans Jonsson

D

242

10

38

48

10

Andreas Salomonsson

AD

71

5

9

14

11

Niklas Nordgren

AG

58

4

2

6

12

Pierre Hedin

D

3

0

1

1

 En date du 28 octobre 2014
*Joueurs actifs

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